Plusieurs interrogations sur cet acte terroriste

Que se passe-t-il réellement à Sidney ? Qui est derrière cette prise d’otage ? Un extrémiste djihadiste ou un groupe se faisant passer pour tel ? Autant de questions qui reviennent à l’occasion de cette spectaculaire prise d’otage dont est toujours le théâtre la grande métropole australienne. Mais c’est la revendication en rapport avec le drapeau de DEASH qui laisse les observateurs perplexes. L’Australie est-elle en train de vivre une sorte de « 11 septembre » ?
Toujours est-il, hier à la mi-journée (lundi soir, heure australienne, ndlr), un homme armé retenait toujours un nombre indéterminé de clients et d’employés dans un café de Sydney où un drapeau islamique noir a été déployé mais cinq otages ont pu fuir l’établissement situé dans le centre-ville verrouillé par les forces de l’ordre. Martin Place, vaste esplanade piétonne située dans le centre des affaires de Sydney, la plus grande ville du pays, a été évacuée par les autorités tandis que des centaines de policiers armés, dont des commandos d’élite, encerclaient le Lindt Chocolat Cafe.
Les autorités ont déclaré que les mobiles de l’homme n’étaient pas clairement établis mais des otages tenaient plaqué contre une fenêtre de l’établissement un drapeau noir avec une inscription partiellement visible en caractères arabes.
Il semblerait qu’il s’agisse d’un drapeau souvent repris à leur compte par les groupes djihadistes et mentionnant la shahada, ou profession de foi musulmane. Réaction instantanée de la communauté musulmane du pays : condamnation unanime et mise en garde contre tout amalgame. Ainsi, plus de 40 organisations musulmanes australiennes ont condamné la prise d’otages et le « détournement » de cette profession de foi par des « individus qui ne représentent qu’eux-mêmes ».
L’Australie, engagée aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), a relevé en septembre son niveau d’alerte face à la menace terroriste représentée notamment par les combattants djihadistes australiens de retour d’Irak et de Syrie. Six heures après le début du drame, trois hommes, bientôt suivis par deux femmes, sont sortis du café en courant. On ignorait s’ils s’étaient échappés ou si le preneur d’otage les avait laissés partir. La police a indiqué que personne ne semblait avoir été blessé.
Il n’y a qu’un seul preneur d’otages, et les négociateurs de la police sont en contact avec lui, a souligné la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud.
Chris Reason, journaliste pour la chaîne Channel Seven dont la salle de rédaction fait face au café, a déclaré par tweet : « Nous avons compté environ 15 otages, pas 50, un mélange de femmes, d’hommes, de jeunes, de vieux, mais pas d’enfants ». « Nous voyons que le preneur d’otages les fait tourner, il les force à se mettre debout près des fenêtres, parfois jusqu’à deux heures », a ajouté le journaliste.
Le preneur d’otage, qui serait armé d’une carabine, a émis une série d’exigences via la presse australienne mais celle-ci les a censurées à la demande de la police.
Le chef de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Scipione, s’est refusé à confirmer qu’il s’agissait d’un « événement lié au terrorisme » mais le Premier ministre australien Tony Abbott a convoqué le Comité de sécurité nationale, réunissant les membres de son gouvernement et des conseillers chargés des questions de sécurité.
« Nous ne connaissons pas les motivations de l’auteur, nous ne savons pas s’il agit pour des motifs politiques mais de toute évidence, il existe des éléments allant dans ce sens », a-t-il déclaré. Il a appelé les Australiens à « vaquer à leurs occupations habituelles ».
Patrick Byrne, un producteur de Channel Seven a indiqué que le personnel de la chaîne avait vu la prise d’otages se dérouler sous ses yeux.
« Nous nous sommes précipités à la fenêtre et nous avons eu la vision choquante et glaçante de personnes plaçant leurs mains levées contre les vitres du café », a-t-il dit à l’Australian Broadcasting Corporation.
Peu avant l’annonce de la prise d’otages, la police avait fait état de l’arrestation d’un homme de 25 ans à Sydney dans le cadre d’une enquête sur la préparation d’attentats en Australie. Le chef de la police de l’Etat a dit qu’il ne pensait pas que les deux affaires soient liées.
La police est intervenue au même moment à l’Opéra de Sydney, à la suite apparemment d’une alerte au colis suspect.
D’après les estimations, plus de 70 Australiens combattent actuellement dans les rangs djihadistes en Irak et en Syrie. Au moins 20 Australiens y ont été tués et les autorités craignent que de plus en plus de jeunes Australiens ne se radicalisent et commettent des attentats sur le territoire australien.
Fin octobre, l’Australie a durci sa législation anti-terroriste en interdisant en particulier tout voyage sans raison valable vers des pays considérés comme des foyers du terrorisme international.
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