Plus de 1,5 million d’Algériens ont visité la Tunisie
Les touristes algériens ont renoué avec la destination Tunisie au vu de la hausse du taux d’affluence cet été, comparativement à celui de l’année dernière.
Contacté par le Jeune Indépendant, Mohamed Chaïb, secrétaire général du Forum national des agences de voyages, a affirmé, à propos de cette tendance haussière qu’« il y a effectivement une importante reprise par rapport à l’été passé, où la tendance allait plus vers le tourisme local, principalement pour des raisons financières ».
Ainsi, le nombre d’Algériens qui ont visité la Tunisie, depuis le début de l’année jusqu’au 10 août dernier, a atteint 1,5 million de touristes selon le ministre du Tourisme et de l’Artisanat tunisien. Ce dernier a aussi précisé qu’environ 136 000 Algériens ont visité la Tunisie durant la période allant du 1er au 10 août 2023, soit une augmentation d’environ 74 % par rapport à la même période de l’année 2019.
Mohamed Chaïb a expliqué que la principale raison de cet engouement des Algériens pour la Tunisie, cette année, est financière. Il a souligné à ce sujet que les agences de voyages, qu’elles soient algériennes ou tunisiennes, ont proposé cette année énormément de formules promotionnelles pour attirer la clientèle algérienne. « Les Algériens ont tendance à opter pour ce type de formule promotionnelle qui a l’avantage d’offrir le meilleur rapport qualité/prix pour tous les types de budget », a-t-il indiqué.
Chaïb a également expliqué qu’en plus de l’atout majeur de la proximité géographique et de la dispense des tracas pour obtenir un visa d’entrée, l’un des grands atouts du tourisme en Tunisie est le fait d’offrir une large gamme de choix d’hébergement pour toutes les catégories sociales.
L’éventail de ces offres promotionnelles comprend des résidences de particuliers à des prix très attractifs mais aussi différentes catégories d’hôtels étoilés, ainsi que des complexes touristiques de haut standing. De plus, la qualité des services offerts par les professionnels du secteur est également un grand atout pour le tourisme tunisien.
Il convient de noter que face à cette importante affluence de touristes algériens, les autorités tunisiennes ont pris des mesures pour garantir la qualité des services offerts et assurer la sécurité des visiteurs. Ainsi, des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour encourager les professionnels du secteur à adopter de meilleures pratiques et à améliorer l’accueil des touristes.
Mohamed Chaïb a également souligné l’importance de la formation des ressources humaines du secteur touristique en Tunisie en confiant que « chaque ville touristique en Tunisie a plusieurs centres de formation privés, en plus des écoles de tourisme publiques ». Il a ajouté que « même les artisans et les commerçants des artères touristiques sont formés pour bien recevoir les touristes étrangers et sont astreints à pratiquer plusieurs langues pour faciliter la communication avec les touristes ». Il a ainsi regretté le fait qu’« en Algérie, même si les infrastructures existent et affichent complet durant la haute saison, beaucoup reste à faire. Il faudrait redoubler d’efforts tant pour la formation des ressources humaines qu’en ce qui concerne l’élaboration d’une véritable stratégie pour le secteur ».
Il convient de noter qu’avant la pandémie du Covid-19, le nombre d’Algériens qui séjournaient en Tunisie avait atteint, en 2019, les 3 millions d’estivants, selon l’Office national du tourisme tunisien (ONTT). Avec la réouverture des frontières entre les deux pays, après deux années de fermeture en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, l’Office tunisien du tourisme s’attendait à un retour massif des touristes algériens. Mais finalement, le nombre d’estivants algériens en Tunisie a été divisé par deux, en comparaison avec l’année 2019. Selon les échos des agences de voyages et de tourisme algériennes, l’une des raisons de la baisse de l’affluence des touristes algériens, lors de la réouverture des frontières, a été l’augmentation surprenante des tarifs pratiqués dans les hôtels et complexes touristiques en Tunisie.
Suite à ce constat, le secteur du tourisme tunisien a revu, cette année, ses ambitions mercantilistes à la baisse. De facto, le taux de touristes algériens en Tunisie a tendance à augmenter suite aux offres promotionnelles attractives puisque de nombreux hôteliers tunisiens ont revu les prix à la baisse après avoir constaté que l’affluence algérienne avait nettement diminué, principalement suite à la hausse des prix. Selon l’ONTT, la Tunisie s’attend à recevoir 2,5 millions de touristes algériens en 2023.
Revaloriser le tourisme national
Par ailleurs, le secrétaire général du Forum national des agences de voyages, a tenu à rappeler que la fermeture des frontières durant la crise sanitaire du Covid-19 avait insufflé une nouvelle dynamique au tourisme local dès la levée des restrictions du confinement au niveau national.
Il a confié à ce sujet que « normalement, avec la crise du Covid qui a démontré qu’il y avait un important réservoir de touristes locaux, on aurait dû prendre des enseignements pour revaloriser et déterminer les stratégies du tourisme national. Il s’agit notamment de déployer les investissements à l’intérieur du pays ».
Il a cité en exemple la région de l’Atlas saharien et l’intérêt d’investir dans des régions à fort potentiel touristique tels que les régions d’El-Ménéa, de Djelfa, d’Aflou et d’El-Bayadh, qui sont déjà très prisées par les habitants du Sud durant la saison estivale. Il a estimé à ce propos qu’« il s’agit de sortir des circuits classiques afin de créer une nouvelle dynamique à destination de ces régions durant la saison estivale, et ce d’autant plus que ces investissements seraient très rentables car la demande dans la région existe ».
Mohamed Chaïb a également suggéré d’apporter une attention particulière à chaque région. Il a souligné qu’« il faudrait développer le cachet architectural de chaque région », affirmant que la plus-value d’un investissement dans ces régions, c’est le fait que « les infrastructures touristiques créées peuvent être exploités durant le reste de l’année, contrairement aux stations balnéaires qui ne travaillent à plein régime que durant quelques mois ».
Afin d’étoffer l’offre touristique durant la saison estivale en Algérie, Mohamed Chaïb a insisté sur l’importance d’explorer d’autres terrains d’investissement qui peuvent concilier dépaysement et détente pour les touristes. Il a cité, à titre d’exemple, la région de Tazrouk, dans la wilaya de Tamanrasset, expliquant que « c’est une région qui est toujours fraîche et la température y est toujours clémente, avec des paysages féeriques. Il serait donc intéressant de développer une zone touristique qui pourrait attirer des touristes locaux qui préféreraient ce type de destination que d’aller en bord de mer, même durant la saison estivale ».
Enfin, le représentant du Forum national des agences de voyages a estimé que pour reconquérir les touristes algériens et même les touristes étrangers, il serait intéressant d’innover et de développer d’autres formes de tourisme spécialisé. Il a estimé que ce sont des niches intéressantes pour impulser un véritable essor au secteur touristique algérien. M. Chaïb a illustré ses propos en donnant l’exemple du tourisme culturel avec des circuits pour les sites archéologiques, le tourisme thermal et le trekking (randonnée), qui est très en vogue en ce moment.
Il a affirmé à propos du trekking ou du tourisme de circuit de randonnée que « nous sommes le pays le plus adapté pour cette forme de tourisme. Durant les quatre saisons, on peut capter des centaines de milliers de touristes à la fois, dans plusieurs régions d’Algérie, pour peu que l’on y mette un minimum de moyens ». En conclusion, il a relancé son appel pour la mise en place d’une véritable stratégie pour le secteur du tourisme en Algérie. D’autant plus qu’avec ses paysages, la variété de ces régions, les multiples sites architecturaux et archéologiques, l’Algérie possède tous les atouts pour devenir un véritable pôle touristique.