Plus d’autonomie pour les femmes
Le président Bouteflika annonce l’amendement du code de la famille, dans un message lu en son nom par la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, en présence du Premier ministre et d’autres membres du gouvernement.
Le code de la famille va être amendé, notamment dans ses articles relatifs au divorce et au khol’â. Pour ce faire, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de mettre en place un comité ad hoc pour la révision des articles qui prêtent à interprétation. Il a également demandé à l’Exécutif de multiplier la création de crèches, de garderies et de centres périscolaires pour permettre à la femme travailleuse d’avoir plus de temps libre.
Ainsi, quelques jours après l’adoption par l’Assemblée nationale des nouveaux amendements introduits au code pénal, notamment ceux inhérents à la violence à l’égard des femmes destinés à protéger encore plus la femme, le président Bouteflika vient de saisir la Journée mondiale de la femme pour revenir sur le sulfureux débat sur la place de la femme dans la société et annoncer la révision prochaine du code de la famille.
« J’ai donné des instructions au gouvernement pour la révision du code de la famille », dit-il. Selon le président Bouteflika, cette procédure « va renforcer l’autonomie de la femme, en assurant une bonne prise en charge de ses enfants.
J’appelle le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour sensibiliser les femmes sur leurs droits civiques et politiques. Cela se fera à travers la diffusion et l’explication des lois relatives aux droits des femmes à travers les différents médias », a-t-il dit.
En Algérie, où la population est très majoritairement musulmane, l’Etat a ratifié de nombreuses conventions internationales reconnaissant l’égalité hommes-femmes. Avec ce code de la famille, l’Algérie se trouve en porte-à-faux avec ses engagements internationaux.
Le code de la famille de 1984 a été partiellement amendé. Après plus de trois ans de controverses et de polémiques, le président Bouteflika a fini par trancher en promulguant une ordonnance qui intègre des changements sans bouleverser fondamentalement la donne. Les quelques progrès accomplis protègent la femme et les enfants. Pour le reste, c’est le statu quo.
La nouvelle mouture du code de la famille maintient l’obligation du tuteur légal pour le mariage de la femme. La commission nationale qui a planché, en 2003, sur la révision de ce texte avait proposé sa suppression, endossée ensuite par le Conseil du gouvernement.
Cela avait provoqué la réprobation des courants islamistes et conservateurs. En Conseil des ministres, le président Bouteflika a tenu compte de leurs critiques et a rectifié le tir. Sachant que le tuteur légal, le wali, qui intervient dans le mariage de la femme est très enraciné socialement, il a arbitré en faveur de son maintien.
Au sein de l’opinion, le projet initial de suppression du wali avait été mal perçu, car ne comprenant pas pourquoi le gouvernement tenait à ce que le père, le frère ou un proche parent soit écarté lors de la conclusion du mariage. La nouvelle mouture du code de la famille retient également la polygamie.
Mais celle-ci est assortie d’une double condition. Désormais, le consentement de la première épouse est requis. Le juge vérifie la réalité de ce consentement et effectue une enquête sur les capacités matérielles du mari à « assurer l’équité et les conditions nécessaires à la vie conjugale ».
En réalité, le seul progrès notable à attendre des amendements adoptés concerne les femmes divorcées et leurs enfants qui, jusqu’à présent, se retrouvaient souvent à la rue. Le nouveau code de la famille met l’époux dans l’obligation d’assurer, en cas de divorce, le logement à ses enfants mineurs dont la garde est confiée à la mère. En cas de divorce, la priorité est maintenant accordée à la mère, alors qu’auparavant elle revenait automatiquement au père.