Plainte de prisonniers sahraouis à l’ONU contre le Maroc
Les prisonniers de Gdeim Izik et leurs familles sahraouies ne veulent pas se taire contre l’oppression, malgré toutes les pressions, les menaces et les intimidations du régime policier du Makhzen. Ils sont 18 prisonniers de Gdeim Izik et leurs familles qui ont décidé de franchir ce pas pour défendre leurs droits et dénoncer la répression féroce des autorités marocaines contre des civils pacifiques.
Ces détenus ont déposé au début de ce mois de juillet une plainte collective contre le régime du Maroc auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire. Ces détenus sahraouis allèguent des actes de torture et de répression politique, ainsi que des dépassements outranciers dans le respect des droits humains.
La plainte a été déposée par leurs représentants légaux, Mads Andenas, professeur et ancien président-rapporteur du Groupe de travail de l’ONU, et Gianfranco Fattorini, coordinateur du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental.
Il faut souligner que le groupe de Gdeim Izik fait référence à un groupe d’environ 25 activistes, journalistes, défenseurs des droits de l’homme, activistes politiques, juristes et manifestants sahraouis qui ont été arrêtés avant et après le démantèlement violent du camp de protestation de Gdeim Izik en novembre 2010.
Avec des aveux signés sous la torture servant de principale pièce à conviction contre eux, 23 des prisonniers de Gdeim Izik ont été condamnés à des peines de prison allant de 20 ans à la perpétuité par un tribunal militaire en 2013, puis le 19 juillet 2017 par une cour d’appel civile pour 19 de ses membres.
Dénonçant la torture et l’utilisation d’aveux signés sous la torture, Human Rights Watch, Amnesty International et les procédures spéciales de l’ONU ont fustigé les violations de la procédure régulière lors de leur procès en 2017, dénonçant la façon dont les prisonniers avaient été arrêtés en réponse à leur militantisme pour les droits de l’homme et leur participation au camp de Gdeim Izik où quinze mille Sahraouis se sont réunis pour protester pacifiquement contre l’occupation et la discrimination économique et sociale.
La plainte collective déposée devant l’organe de l’ONU a été rendue possible grâce à la coopération de la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines (LPPS) et des familles des prisonniers de Gdeim Izik.
» Le Maroc est connu pour être excellent dans la signature et la ratification des traités de l’ONU et pour ses efforts inlassables pour obtenir des sièges à diverses tables de l’ONU », a déclaré Mads Andenas, conseiller juridique des prisonniers de Gdeim Izik et ancien président-rapporteur du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. « Cependant, le Maroc est également connu pour sa non-conformité et son non-respect notoires des instruments internationaux, sa non-application des décisions de l’ONU et sa punition des victimes qui coopèrent avec l’ONU ».
La détention arbitraire de défenseurs des droits de l’homme sahraouis par le Maroc a été largement documentée par le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui a constaté que les Sahraouis qui militent en faveur de l’autodétermination sont soumis à des pratiques discriminatoires en violation de l’égalité des droits de l’homme et condamnés à de longues peines d’emprisonnement sur la base d’aveux entachés de torture en guise de punition pour leur activisme en faveur des droits de l’homme.
. »Pour nous, le dépôt de cette plainte est un élément clé de la campagne lancée en septembre 2021par le Groupe de soutien de Genève pour la protection des prisonniers politiques, des journalistes et des défenseurs des droits humains sahraouis. Le droit international ne peut souffrir d’un double standard, il doit être appliqué de manière égale dans tous les pays, au-delà des intérêts géostratégiques des différentes puissances », a souligné Gianfranco Fattorini, Co-coordinateur du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental.