Plaidant pour un partenariat stratégique durable : L’Algérie et l’Inde visent loin
L’Algérie et l’Inde affichent leur détermination à intensifier leurs relations économiques et commerciales, avec des investissements mutuellement bénéfiques et des échanges dépassant le seuil actuel de 2 milliards de dollars. Cette ambition a été dévoilée lors du Forum économique algéro-indien tenu lundi soir à Alger, co-présidé par la présidente de la République de l’Inde, Droupadi Murmu, et le ministre algérien du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni.
Dans son allocution, le ministre a souligné que « l’Algérie souhaite que les rencontres et les interactions entre les opérateurs des deux pays aboutissent à des résultats fructueux, capables de donner davantage de dynamisme aux relations économiques et commerciales ». Il a souligné que ce forum reflète « la grande ambition partagée par le président Abdelmadjid Tebboune et la présidente Murmu, visant à jeter les bases d’un partenariat économique et stratégique durable ». Il s’est, aussi, félicité de l’adhésion de l’Union africaine (UA) au G20 sous la présidence de l’Inde.
Les relations commerciales entre l’Algérie et l’Inde ont connu une progression significative. Selon Tayeb Zitouni, ces échanges ont atteint près de 1,9 milliard de dollars après la crise sanitaire. Sur les sept premiers mois de l’année 2024, les exportations algériennes vers l’Inde se sont élevées à 780 millions de dollars, tandis que les importations ont atteint 610 millions de dollars.
Cependant, le ministre a reconnu que ces chiffres « restent en deçà des potentialités des deux pays » et affirmé que « les accords de coopération en cours constitueront une base solide pour des partenariats stratégiques dans des secteurs prometteurs ». Ces partenariats permettront aux deux pays « de devenir un modèle à suivre en matière de partenariat et de commerce bilatéral, sur une base équitable et équilibrée au service de l’intérêt commun pour promouvoir les liens de coopération sur l’axe Asie-Afrique », a affirmé le ministre.
Le ministre du Commerce a également évoqué les indicateurs économiques positifs de l’Algérie, notamment une croissance de 4,2% et un PIB de plus de 260 milliards USD, en sus des réserves de change de plus de 70 milliards USD. M. Zitouni a mis en avant « la hausse des exportations hors hydrocarbures ces derniers temps, rappelant que l’Algérie a été classée par le Fonds monétaire international (FMI) au troisième rang des économies africaines pour l’année 2024 après l’Afrique du Sud et l’Egypte ».
Il s’agit là d’indicateurs positifs « devant être renforcés par la poursuite de la concrétisation du programme ambitieux du président de la République, visant à atteindre un PIB de plus de 400 milliards de dollars dans les prochaines années avec un taux de croissance de plus de 4% », a ajouté M. Zitouni.
Les opportunités d’investissement restent ouvertes
Lors de son intervention, Mme Murmu a salué la croissance économique de l’Algérie, qu’elle considère comme « une opportunité pour développer des partenariats dans des domaines comme l’industrie pharmaceutique, les TIC, les startups, l’agriculture et l’aérospatiale ». Elle a insisté sur l’importance d’« amorcer une nouvelle ère de coopération » et de « partager l’expertise indienne avec les sociétés algériennes ».
Mme Murmu a indiqué que « l’Inde est un partenaire de développement solide pour l’Algérie », soulignant que la partie indienne aspire à lancer des initiatives commerciales et d’investissement à l’avenir. Et d’ajouter que les opportunités de coopération restent ouvertes dans plusieurs secteurs tels que l’énergie, les engrais, l’industrie pharmaceutique et les énergies renouvelables, en plus du renforcement des échanges commerciaux à l’avenir.
Le forum a réuni plus de 300 opérateurs économiques algériens et indiens activant dans des secteurs variés, notamment l’énergie, la pétrochimie, les infrastructures, le textile, l’industrie mécanique, les chemins de fer, et l’agriculture. Des rencontres bilatérales B2B ont permis aux participants d’« explorer les opportunités de partenariat et d’intensifier les échanges de visites et de contacts ».
Le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, a mis en avant les réformes entreprises par l’Algérie pour améliorer le climat des affaires. « L’Algérie a levé les restrictions qui entravaient l’investissement et adopté une nouvelle loi sur l’investissement », a-t-il rappelé. Il a également souligné que l’Algérie a enregistré 9 000 projets d’investissement auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI).
Moula a conclu en affirmant que « l’Algérie et l’Inde peuvent devenir un modèle à suivre en matière de partenariat bilatéral, en développant une alliance industrielle visant à produire des biens pour leurs marchés respectifs et à exporter vers d’autres régions ». Il a encouragé les opérateurs des deux pays à exploiter pleinement les opportunités disponibles dans les secteurs de la pharmacie, du tourisme, de la pétrochimie et des énergies renouvelables.
A noter que la présidente de l’Inde a visité, hier, le pôle scientifique et technologique Chahid Abdelhafid-Ihaddaden à Sidi Abdellah à Alger. A cette occasion, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a remis à la présidente le titre de Docteur Honoris causa que lui a décerné Abdelmadjid Tebboune pour ses efforts au service de la science et du savoir, et ce, en présence de conseillers du Président, de membres du gouvernement et de la famille universitaire.
La présidente indienne a, à cette occasion, rappelé les relations historiques liant l’Algérie et l’Inde, affirmant que les deux pays accordent « un grand intérêt » au domaine de la science et de la technologie. Mme Murmu s’est rendue, par la suite, à la station de dessalement d’eau de mer de Fouka à Tipasa, où elle a été accueillie par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal.