Pétrole : Le marché attend un coup de fouet

Les prix du pétrole ont reculé légèrement ce mardi, le rebond de la veille provoqué par la perspective d’une demande chinoise robuste s’essoufflant face aux inquiétudes sur l’économie américaine.
Vers 09H30 GMT (11H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin cédait 0,44%, à 82,37 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison le même mois abandonnait 0,48%, à 78,41 dollars.
Lundi, « les prix ont reçu une bouée de sauvetage avec des informations de presse sur les niveaux de réservations des compagnies aériennes pour la (semaine de congés de la) Golden Week début mai, qui atteignent un sommet depuis 2019 », commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.
La perspective d’une demande plus ample venue de Chine, premier importateur mondial de brut mais dont la consommation a été modérée par les mesures anti-Covid-19 ces dernières années, a redonné un coup de fouet au pétrole.
Mais « les prix tanguent à nouveau car les attentes d’une demande en berne refont surface, particulièrement aux États-Unis, première économie mondiale », souligne Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
« Il y a plusieurs risques de récession américaine au large desquels les investisseurs doivent naviguer: la possibilité que la Réserve fédérale continue de remonter ses taux, un conflit sur le plafond de la dette au Congrès, ou une montée en puissance des tensions entre les États-Unis et la Chine », énumère Stephen Innes.
Dans ce contexte, les cours ont quasiment effacé leurs gains du début du mois, quand certains membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+) ont annoncé des baisses volontaires de production.
Même si ces limitations devraient créer un déficit de l’offre au second semestre, « il est peu probable que des spéculateurs se risquent à faire des réserves de brut en anticipation de ce resserrement du marché », juge Joel Hancock, analyste chez Natixis. « Ils ont été trop souvent piégés » en ayant acheté à des prix trop élevés avant un plongeon des prix, « surtout quand les risques macroéconomiques sont aussi élevés », relève-t-il.
Pour Robert Yawger, de Mizuho, les cours ont profité d’une série de facteurs favorables, à défaut de catalyseur. Parmi eux, des informations de l’agence Bloomberg selon lesquelles plusieurs tankers qui stationnaient dans la baie abritant le terminal pétrolier de Ceyhan (sud de la Turquie) ont quitté la zone.
Après une impasse politique, Bagdad et les autorités locales du Kurdistan Irakien ont signé début avril un accord « temporaire » permettant la reprise des exportations de brut vers la Turquie et cet important port de chargement d’or noir. Mais les livraisons n’ont pas encore repris à Ceyhan, où certains navires en attente depuis plusieurs semaines ont fini par lever l’ancre.
« Il semble que le pétrole ne va pas se remettre à circuler de sitôt », a commenté Robert Yawger. « Ce n’est jamais bon signe quand les tankers s’en vont. »
La semaine dernière, le Premier ministre Irakien Mohamed Chia al-Soudani avait assuré à la chaîne kurde Irakienne Rudaw que seulement des questions techniques restaient à régler et que les exportations allaient reprendre dans les jours à venir.
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