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Nationale

Pedro Sanchez : L’heure est à la realpolitik

Pedro Sanchez : L’heure est à la realpolitik

Le président du gouvernement espagnol fait-il preuve de lucidité ? La petite phrase lâchée en Allemagne en présence du chancelier Olaf Schultz, mardi, sur son souhait de se rendre en Algérie est-elle l’amorce d’un dégel entre Alger et Madrid ? Pour les observateurs des relations entre l’Espagne et les pays du Maghreb, c’est un petit pas espagnol en direction de l’Algérie, au grand dam du Maroc qui, semble-t-il, a très vite crié victoire à l’occasion du dernier discours de son monarque.

Les signes ne trompent pas. D’abord, la déclaration du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, lui-même ancien ministre espagnol, à propos de la concordance des positions espagnoles et européennes sur le bien-fondé du principe de l’autodétermination du peuple sahraoui. Vient ensuite la déclaration du chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares à propos des relations algéro-espagnoles basées selon lui sur «les principes du bénéfice mutuel et de respect mutuel», ajoutant que l’Algérie est un pays fiable avec l’Espagne et tous les pays du monde».

C’est comme si l’Espagne officielle est allé à Canossa pour chercher l’absolution algérienne en ces temps de disette énergétique. En effet, sur fond de crise de l’énergie en Europe, la brouille hispano-algérienne fait office de contrecoup gratuit dont l’Europe aurait aimé faire l’économie.

D’ailleurs, le gel par Alger du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération de 2002, a plombé des pans entiers de l’économie espagnole. Ce manque à gagner espagnol a été vite comblé par les Italiens. Le président du conseil italien Mario Draghi a fait le déplacement vers Alger, deux fois en quelques semaines, signant des accords économiques et énergétiques salutaires pour l’Italie.

La dernière visite du président français Emmanuel Macron, aussi symbolique soit-elle, car intervenant après une longue brouille algéro-française, a permis à la France de rattraper le retard et rejoindre l’Italie dans ce nouveau partenariat Nord-Sud bénéfique aux deux parties.

A Madrid, où le revirement pro-marocain de Sanchez n’est pas passé, eu égard à la responsabilité historique de l’Espagne dans le dossier sahraoui, l’analyse de la situation est sans appel. Sanchez a entrainé Madrid dans un imbroglio politique interne et une crise diplomatique externe et pour rattraper le coup, tous les chemins mènent à Alger.

«J’aimerai être celui qui ira en Algérie», a dit Pedro Sanchez en réponse à une question de journalistes. Reste que la volonté du président du gouvernement espagnol se heurte aux manœuvres du Maroc. Depuis quelques semaines déjà, Madrid qui voulait normaliser avec Alger subit des pressions de la part de son voisin méridional.

Très au fait de la relation du trinôme Espagne-Algérie-Maroc, le journaliste Ignacio Cembrero a écrit : «les pressions marocaines font avorter les tentatives de rapprochement de l’Espagne avec l’Algérie pour surmonter la crise».

D’ailleurs, l’hystérie marocaine après les propos de Borrell et la montée au créneau de Nacer Bourita et sa machine de propagande ont quelque peu désarçonné les Espagnols. A Alger, un diplomate proche du dossier a réagi aux gesticulations marocaines en direction de l’Espagne. «Les comportements erratiques, puérils et compulsifs qui alternent mouvement de menton de l’enfant gâté et pleurnicheries sont suscités par le naufrage d’une diplomatie agressive dont les ressorts sont l’intimidation, le chantage et la corruption et dont le seul résultat tangible est l’aggravation de l’isolement du Maroc au sein de son environnement régional», a-t-il dit.

Conscient du tort qu’il a causé à son pays, dans un contexte géopolitique des plus délicats, Pedro Sanchez semble revenir à la raison. L’hiver approche et le gaz algérien devient le sésame précieux pour de nombreux chefs d’Etat européens. Draghi et Macron ont fait le déplacement d’Alger, Sanchez veut leur emboiter le pas. Il y va de la stabilité sociopolitique de son pays, de son avenir politique et de la sécurité énergétique de son peuple. Il y va surtout de rectifier une erreur historique commise à l’encontre du peuple sahraoui.



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