Paris cible le 5 juillet pour honorer «ses» Harkis
Décidément le pouvoir français ne se lasse guère de faire dans la provocation envers son voisin du Sud. A la veille de la célébration en Algérie du 54e anniversaire de l’indépendance arrachée grâce aux sacrifices consentis par l’écrasante majorité des Algériens, à Paris des préparatifs sont en cours pour honorer ceux ayant manifesté leur attachement à la France coloniale.
Une annonce faite jeudi par le ministère français de la Défense, étale l’agenda de la semaine prochaine du secrétaire d’État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean Marc Todeschini.
Dans cet agenda au cours duquel il est prévu d’honorer les anciens combattants de la France coloniale, un clin d’œil sera au passage lancé le 4 juillet aux harkis. Libre à la France d’honorer qui elle veut, mais ce qui est intrigant dans la cérémonie prévue lundi est le choix de la date.
Simple coïncidence ou provocation soigneusement arrangée ? D’aucuns s’interrogent sur les visées réelles du pouvoir français, dans la mesure où il n’avait nul besoin d’honorer deux fois l’année les harkis sachant, qu’une journée nationale d’hommage aux harkis célébrée le 25 septembre leur est annuellement consacrée, sauf si, bien entendu et de l’avis d’observateurs, l’on tente à l’Elysée à chaque fois que l’occasion se présente de remuer le couteau dans la plaie.
Tiraillé par une opposition qui profite de la moindre « maladresse » du locataire de l’Elysée, notamment lorsqu’il s’agit des anciens « amis » de la France coloniale, et les critiques au sein de son propre parti, aux yeux des observateurs le président français tente depuis quelques semaines de se racheter. Sa sortie le 24 mai allait justement dans ce sens.
Dans une démonstration visant à étaler son regard sur les événements et personnages ayant façonné son « imaginaire historique », François Hollande avait, rappelons-le, « parlé » de « massacres dont les pieds-noirs ou les harkis avaient été victimes » au lendemain de la signature des accords d’Évian le 19 mars 1962, des propos rapporté alors par le quotidien français le Figaro.
Une montée que d’aucuns avaient qualifié de tentative de rachat et de mea culpa envers les deux communautés ignorées des années durant et même au cours du mandat présidentiel actuel
Evoquant d’abord ce qu’il s’est passé « à travers la répression, la torture, et ce qu’a été une somme de violences à l’égard du peuple algérien qui était colonisé », il a évoqué le cas de ceux ayant pris le parti du colonialisme.
« Mais il y a aussi des massacres qui ont eu lieu. Quand on parle du 19 mars, on sait que c’est la fin de la guerre d’Algérie, mais c’est aussi le début d’un certain nombre de massacres, dont les pieds-noirs ou les harkis ont été victimes », a-t-il laissé entendre. Omettant au passage la misère et le mal vie ayant accompagné le quotidien, à l’intérieur de ce qui s’apparentait à des camps de concentration, de ceux qui avaient « suivi » le bourreau.
Et, justement, c’est au camp de Saint-Maurice-l’Ardoise à Saint-Laurent-des-Arbres (Gard, dans le sud de la France) que la cérémonie hommage « aux harkis » est prévue lundi. Ce lieu a servi de 1962 à 1976 de camp de transit et de reclassement pour les harkis, avant d’être rasé. Ce même camp de triste mémoire avait aussi servi de 1957 à juillet 1962 de centre d’internement et d’assignation à résidence des militants du FLN.
Un double jeu que le pouvoir de Paris continue d’entretenir pour des raisons que nul n’ignore. Mais ce qui semble en tout cas énigmatique, c’est qu’à Alger on continue de faire contre mauvaise fortune bon cœur face à une pseudo comédie franco-française où la moindre occasion est bonne pour faire du cinéma et s’imaginer que l’on peut faire table rase sur le passé douloureux des Algériens dont les sacrifices restent uniques dans l’histoire des libérations des peuples.