Opéra d’Alger: Lounis Aït Menguellet, une flamme toujours intacte
L’Opéra d’Alger Boualem Bessaih a vibré, mardi soir, au son de la voix légendaire de Lounis Aït Menguellet. Malgré une grippe qui a légèrement affecté sa voix, le grand chanteur et poète kabyle a offert à ses fans une soirée ramadanesque exceptionnelle, ponctuée de ses chansons les plus emblématiques.
Un nombreux public venu de tous horizons, formant une mosaïque de familles et de personnes de tous âges, ont témoigné de l’aura intemporelle de Lounis Aït Menguellet. Sa passion pour la musique et son talent inégalé transcendent le temps, insufflant à sa voix, malgré ses 74 ans, une force et une fraîcheur qui ne laissent aucune ride sur son timbre unique.
La salle de l’opéra, d’une capacité de 1200 places, n’a pas suffi à accueillir tous les spectateurs. Des chaises supplémentaires ont été installées sur les côtés de la salle, et certains n’ont pas hésité à s’asseoir par terre, ne se souciant que du spectacle et s’enivrant de l’instant présent.
Dès son apparition sur scène, accueilli par une ovation debout d’un public enthousiaste, Lounis Aït Menguellet a su transporter les âmes dans un voyage nostalgique dès les premières notes. Son répertoire riche et varié a ravivé les cœurs, avec des chansons phares comme «A widh yeqqaren» (ceux qui disent), titre de son dernier album «Snitra» sorti en 2024, puis «Sani thevgham anroh» (où voulez-vous qu’on aille).
Malgré son état de santé, Aït Menguellet a offert au public une prestation grandiose et vibrante qui a duré plus de deux heures. Sa voix puissante et expressive donne vie à ses chansons, chargées d’histoire, d’amour et de sagesse. Les thèmes universels abordés, tels que l’identité, la liberté et la résistance, ont trouvé un écho profond chez les spectateurs.
Le maître de la musique kabyle, Lounis Aït Menguellet, a une nouvelle fois envoûté ses fans, bien qu’une grippe tenace ait légèrement altéré sa voix. Sa guitare à la main, il a enchaîné ses titres phares, comme « Urgigh» (J’ai attendu), s’excusant auprès du public pour sa voix légèrement voilée par la maladie.
Il enchaînera avec « Ur I Tadja » (ne me laisse pas), « Thelt ayem » (trois jours), « Iwar Leḥsav » (les comptes sont difficiles), « JSK » en hommage au club de football, la Jeunesse Sportive de Kabylie, repris en chœur par une assistance conquise, qui ne s’est pas privée de danser et de pousser des youyous.
Trois générations sur scène
Accompagné de talentueux musiciens, dont Saïd Ghezli au bendir, Chabane Benameur à la derbouka, Amine Amirat à la percussion, Saïd Guerbas au violon, et son fils Djaffar à la flûte et chef d’orchestre, ainsi que son petit-fils Yanis à la guitare, qui, malgré son jeune âge, rejoint le groupe, Lounis Aït Menguellet a réuni trois générations sur scène.
Le doyen de la chanson Kabyle, a ensuite entonné des chansons comme « Aylam » (Ta propriété), « Ayihvivniw » (Mes amis), « Anfyi » (Laisse-moi), « D nnuva k fṛeḥ » (c’est ton tour, sois fière), « Amenugh » (les disputes), « Taqbaylit » (Le Kabyle), avant de déchaîner les foules qui ont rejoint le devant de la salle pour danser sur les titres « Aya Varwak » et « Ruh nekki adeqimagh » (Pars et moi je reste).
La soirée s’est achevée sous les applaudissements nourris du public, reconnaissant envers leur idole pour ce moment de partage et d’évasion. La recette de ce concert sera reversée à des associations de soutien aux malades. Un geste de solidarité qui souligne l’engagement humaniste de l’artiste.
Cinquante-sept ans après ses débuts, Lounis Aït Menguellet, armé de sa seule guitare, continue de séduire plusieurs générations de fans. Son verbe poétique, authentique et poignant, tisse une toile d’émotions qui traverse les âges. Avec plus de 200 chansons à son actif, il s’est imposé comme une figure incontournable de la musique kabyle. Ses mélodies et ses paroles profondes, chargées d’amour, de liberté et d’identité, résonnent profondément dans l’âme de son audience.
Lounis Aït Menguellet n’est pas un simple chanteur, il est un poète, un conteur, un griot des temps modernes. Sa voix puissante et vibrante donne vie à ses histoires, transportant son public dans un voyage à travers les paysages et les traditions de la Kabylie.
Sa première apparition sur scène remonte à la fin des années 1967 avec « ma trud ula d nek kter » (Si tu pleures, moi je pleure encore plus), titre de sa première chanson dévoilée lors de l’émission « Ighanayen uzekka » (Les chanteurs de demain) sur la Chaîne II de la Radio algérienne. Après avoir subi une intervention chirurgicale à cœur ouvert en janvier 2015, Lounis Aït Menguellet a marqué son retour six mois après par une tournée nationale pour promouvoir son album « Isefra », sorti une année plus tôt.
Après un long silence qui aura duré plus sept ans, il sortira son dernier album « Snitra-w» (Ma guitare), une rétrospective de son long parcours artistique, sorti le 12 janvier dernier.