Normand Landry, professeur à l’université TELUQ (Québec) : «Face au désordre informationnel, il faut s’appuyer sur des critères de crédibilité reconnus» – Le Jeune Indépendant
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Normand Landry, professeur à l’université TELUQ (Québec) : «Face au désordre informationnel, il faut s’appuyer sur des critères de crédibilité reconnus»

Normand Landry, professeur à l’université TELUQ (Québec) : «Face au désordre informationnel, il faut s’appuyer sur des critères de crédibilité reconnus»
Normand Landry. 

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains, Normand Landry est professeur à l’université TELUQ (Québec). Dans cet entretien au JI, il revient sur l’importance de l’éducation aux médias et l’esprit critique pour lutter contre la propagation de l’infox et de l’infobésité. Ainsi que l’importance des politiques publique pour faire de l’EMIEMI L’éducation aux médias et à l’information vise à développer les connaissances et les compétences des individus pour leur permettre d’utiliser avec discernement les médias de manière critique et créative tant dans la vie quotidienne que professionnelle. un intérêt sociétal primordial.

Le Jeune Indépednnt : L’EMI est une culture citoyenne qui permet aux individus de s’émanciper de la manipulation, de l’infox, autrement dit, de ne plus être un sitting duck (cible facile). Quel est selon vous le rôle des politiques publiques dans la promotion de l’EMI ?

Normand Landry : Le rôle des politiques publiques est triple. Elles doivent d’avoir définir des objectifs clairs en matière d’EMI. Elles doivent ensuite distribuer les responsabilités auprès des acteurs concernés – acteurs scolaires, communautaires, journalistiques, scientifiques notamment. Pour cela, il est courant de modifier les programmes éducatifs afin d’insérer formellement l’EMI dans le cadre de cursus scolaires. Enfin, et cela est crucial, les politiques publiques doivent donner aux acteurs de l’EMI les moyens réels, concrets, pour atteindre les objectifs établis. Cela signifie un accès à des ressources humaines et techniques, à des formations, à une considération et à une valorisation de l’expertise. 

Cela diffère-t-il d’un régime politique à un autre ?

Absolument. L’EMI se déploie différemment selon les époques, les milieux, les pays, les sensibilités culturelles et politiques. 

Dans votre ouvrage « L’éducation aux médias à l’ère numérique » paru en 2016, vous affirmez que « l’école, par ses missions, doit amener les élèves d’aujourd’hui, adultes de demain, à poser un regard critique sur des contenus véhiculés par ces supports numériques multimédias, qui associent textes, images fixes et vidéos ». Avec l’émergence de l’infobésité pensez-vous que l’école peut assurer ce rôle, au moment où l’enjeu dépasse largement « la capacité de l’école » ?

Je crois que vous citez un programme scolaire du Québec. Je peux toutefois affirmer que l’école peut parfaitement jouer ce rôle, mais en conjonction avec les parents, les bibliothèques, et le milieu journalistique. 

Doit-on s’armer par le fact checking notamment ?

Oui, mais cela ne suffit pas. Il ne suffit pas de disposer de critères de validation de l’information ; il faut aussi chercher à valider et à réviser ses propres critères. Il faut, pour cela, chercher moins à se conforter dans nos analyses que de tenter de trouver comment celles-ci pourraient être révisées et améliorées.

Dans la même conférence, vous avez définit l’EMI comme suit : « savoir se questionner sur les messages qu’on reçoit sur les intentions notamment économiques et politiques de ceux qui les diffusent ».  Dans un contexte de « désordre informationnel » que nous vivons aujourd’hui, un contexte de conflit et de guerres, à l’instar de la guerre contre la la bande de Gaza, un contexte où règne l’émotion et la post vérité, comment, selon vous, pouvons-nous garantir ce questionnement et éviter de ne pas imposer un autre conflit du genre doute contre doute ?

Il faut trouver ce que j’appelle des piliers épistémiques. Il existe dans le monde des acteurs que nous savons être fiables ; des experts universitaires, des scientifiques, des journalistes embauchés par des médias crédibles et reconnus. Plus que jamais, dans un contexte de désordre informationnel et de multiplication des sources d’information, il faut s’appuyer sur des critères de crédibilité reconnus et éviter le recours aux sources obscures, peu balisées. 

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