Normalisation maroco-israélienne: Le chantage de Rabat

Nouvel échec du régime marocain dans sa propension à asseoir une reconnaissance internationale de son occupation des territoires sahraouis. Alors que Rabat a tout misé avec sa normalisation avec l’entité sioniste, dans l’espoir d’arracher une décision de Tel Aviv sur cette question, il semblerait que, deux ans après, c’est la désillusion.
L’entité sioniste n’a jamais reconnu la souveraineté supposée du Maroc sur le Sahara occidental, en dépit des pressions du Makhzen. Ce dernier mise sur l’exécutif récemment constitué avec l’apport de l’extrême droite pour faire pencher la balance.
Rabat est allé encore plus loin en pariant sur le lobbying des élites politiques et religieuses de la diaspora juive d’origine marocaine qui vit en Israël pour tenter de changer la donne.
Mais que s’est-il passé depuis la signature des accords d’Abraham, alors que les deux pays ont ouvert des bureaux de liaison dans les capitales respectives ? Pourquoi le palais royal s’est-il rétracté dans l’ouverture de son ambassade à Tel Aviv ou à El-Qods occupé alors que son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, ne ratait aucune occasion pour confirmer sa volonté d’aller jusqu’au bout de la normalisation ?
Selon le site d’information américain Axios, la diplomatie du Makhzen aurait posé une condition, à savoir que l’entité sioniste reconnaisse officiellement la « marocanité » du Sahara occidental. Autrement dit, pas d’ouverture d’ambassade à Tel Aviv jusqu’à ce que la demande marocaine soit satisfaite.
Citant quatre responsables israéliens actuels et anciens, le média américain rapporte que Rabat a soulevé la question, à plusieurs reprises, lors de réunions tenues ces derniers mois. « Des responsables marocains ont exigé la reconnaissance officielle du Sahara par Israël, chaque fois que les Israéliens ont soulevé la question de l’élévation du niveau de la représentation diplomatique », indique-t-on.
Aujourd’hui, les responsables israéliens cités estiment que leur nouveau gouvernement de droite « n’aura aucun problème à reconnaître le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc », tout en évoquant « la volonté de Netanyahu de visiter le Royaume dans les mois à venir ».
Un think tank pro-israélien, Abraham Accord Peace Institute, créé au lendemain de la conclusion des accords éponymes normalisant les relations entre Israël et quatre Etats arabes, dont le Maroc, estime explicitement qu’« Israël doit reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur son Sahara».
Pour l’institut, il s’agit d’« une étape nécessaire » dans le partenariat entre Rabat et Tel Aviv. Or, la position au sein des décideurs sionistes est ambiguë. Selon certains observateurs, cette position met la question au point mort et menacerait même l’avenir des accords de normalisation.
Autre exemple de ces contradictions, en juin dernier, lors de sa visite au Maroc, la ministre israélienne de l’Intérieur a déclaré qu’Israël reconnaissait bien la souveraineté marocaine sur le Sahara. Mais Yair Lapid, son homologue des Affaires étrangères de l’époque, est rapidement revenu sur cette déclaration, affirmant que « la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental est une évolution positive ».
Quelques semaines plus tard, c’est au ministre israélien de la Justice de l’époque de déclarer aussi que le Sahara faisait partie intégrante du territoire marocain. Le ministère israélien des Affaires étrangères s’est à nouveau exprimé en prenant ses distances avec ces déclarations.
En agitant ce chantage pour reconnaître son occupation militaire du Sahara occidental, le Maroc veut pousser l’entité sioniste à s’impliquer directement dans la région, alors que d’autres puissances, européennes notamment, n’ont jamais voulu franchir le pas alors qu’elles possédaient de gros intérêts économiques et sont liées par une forte coopération.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.