Nabni nous propulse dans l’Algérie de 2030
Le collectif Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) a présenté son plan pour l’Algérie de 2030. Un mois après avoir présenté son plan d’urgence 2016-2018 « Abda », Nabni lance un nouveau projet participatif baptisé « L’Algérie rêvée » qui souhaite montrer qu’il est possible « d’imaginer des futurs à la fois désirables et crédibles ».
« Notre récit national est aujourd’hui en panne. Nous devons le régénérer, en donnant à nouveau envie de rêver ensemble d’avenir », souligne le communiqué repris par le site d’information The Huffington Post.
« L’Algérie rêvée » se déploiera autour d’un sondage, de rencontres-débats, de projets créatifs, etc., et sera clôturé par la publication d’un texte résumant l’essentiel des idées débattues, annonce Nabni.
La première rencontre a lieu hier, à Alger, et s’est penché sur la question : « Comment renouveler le récit national ? » avec les conférenciers : Nour-Eddine Boukrouh, acteur de la vie intellectuelle et politique algérienne, Nacer Djabi, enseignant-chercheur et Abderrahmane Hadj-Nacer, ex-gouverneur de la Banque centrale d’Algérie. Il est prévu aussi le témoignage de trois jeunes acteurs de la société civile sur leurs expériences et leurs visions.
La seconde rencontre-débat sera organisée dans la soirée du 12 juillet, autour de « la question des langues en Algérie », selon toujours le collectif. Pour rappel, Nabni a tiré la sonnette d’alarme récemment sur la chute des prix du pétrole. « Le temps presse, le déclin de la rente est peut-être engagé ».
« Il est inutile de nous donner l’illusion que cette conjoncture est passagère en espérant un retournement des marchés » internationaux du baril, prévient le think-tank dans un communiqué.
« La rente n’est pas protectrice, et notre modèle économique est insoutenable », a martelé aujourd’hui Zoubir Benhamouche, économiste et membre du think-tank, lors d’une rencontre animée à la salle Frantz-Fanon du complexe Ryad El-Feth, intitulée « L’urgence n’est pas de freiner, mais d’engager de longs virages », dans un compte-rendu de The Huffington Post. « Nous consommons à un prix bas une part de plus en plus grande de l’énergie que l’on produit, et les maigres découvertes ne permettent pas de renouveler nos réserves d’hydrocarbures », a-t-il attesté.
Nabni est catégorique : « la mauvaise gouvernance » perpétue les vulnérabilités de l’économie algérienne. « Arrêtons de bâtir l’avenir du pays sur l’issue d’un « jeu de dés » qui nous serait favorable, et d’espérer de bonnes surprises de notre sous-sol ou des marchés internationaux toujours volatiles », appelle-t-il. « Le moment est venu de tenir un discours de vérité à nos concitoyens, notamment sur la nécessité de réformes profondes, certaines pénibles à court terme mais indispensables (…)
Il ne s’agit plus de la réduction des dépenses et des importations », a rajouté Zoubir Benhamouche. « Les réformes à engager et le temps qu’elles mettront à engendrer des effets significatifs font que les calculs de court-terme ne changeront rien » à la vulnérabilité de la rente pétrolière, reprend par ailleurs le communiqué.
Le plan d’urgence 2015 de Nabni a justement été élaboré pour « identifier les réformes nécessaires et fondamentales, de court terme, qui permettront de créer les conditions d’une sortie de l’économie de rente », explique M. Benhamouche.
Lors de cette rencontre, il y avait également Mourad Preure, spécialiste de l’énergie, Mouloud Hedir et Zoubir Benhamouche, économistes, Mabrouk Aib, expert en énergies et Liés Kerrar, expert financier. Le collectif Nabni a souligné les vulnérabilités de l’économie algérienne et pour y remédier : constitutionnalisation de la gestion de la rente pétrolière, promotion de l’investissement étranger au détriment des importations, rénovation de la micro-économie, établissement d’une fiscalité foncière.