Mostaganem nouveau pôle des harraga: Entre racket, agression et banditisme – Le Jeune Indépendant
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Nationale

Mostaganem nouveau pôle des harraga: Entre racket, agression et banditisme

Mostaganem nouveau pôle des harraga: Entre racket, agression et banditisme

Le flux migratoire clandestin reprend à l’est du pays. Lundi dernier, six embarcations, à bord desquelles se trouvaient plus d’une centaine de passagers clandestins, ont été interceptées par les garde-côtes de la façade est maritime.

Dans le lot des arrestations figuraient plusieurs femmes enceintes , quelques unes accompagnées de leurs enfants en bas âge. Le moins âgé de ces enfants est un bébé de huit mois. Les embarcations de passagers clandestins avaient démarré des côtes maritimes d’Annaba, d’El-Tarf, de Skikda et de Collo.
Plusieurs harraga interceptés par les garde-côtes, notamment des filles, ont été hospitalisés à l’hôpital Ibn-Rochd d’Annaba, et ce après que les médecins de la Protection civile eurent constaté des troubles mentaux lors de leurs arrestations.

Parmi eux deux filles adolescentes, dont l’une était accompagnée de son petit ami, se sont évanouies après leur arrestation. Elles auraient avoué avoir volé les bijoux de leur mère pour payer la traversée. En vain. Il convient de signaler que la harga avait pourtant diminué sur les côtes maritimes de l’est du pays en raison du renforcement des contrôles maritimes opérés par les gardes-côtes nationaux et secondés par leurs homologues italiens, opérant à travers les eaux méditerranéennes séparant les deux pays.

Durant plusieurs mois, malgré la pandémie de Covid-19, la harga vers l’Europe a changé de point de départ. Ce ne sont plus Annaba, devenue depuis longtemps la capitale de la harga, ou ses régions limitrophes, El-Tarf, Skikda, Collo ou Jijel, mais bel et bien Oran et Mostaganem qui sont  devenues les deux villes de la harga vers l’Espagne pour, ensuite, rejoindre n’importe quelle capitale de l’Europe

La cité Radar à Mostaganem : une véritable administration de la harga

Le témoignage d’un couple universitaire de la région d’Annaba, Zineb et Nassim, la trentaine est édifiant:
«Nous nous sommes déplacés à Mostaganem pour tenter de rejoindre n’importe quelle ville espagnole. On nous a dit que nous serions vite déplacés en Espagne en toute sécurité, à moindre frais et rapidement. Une fois à Mostaganem, à la cité Radar, nous avons pris contact avec le numéro de téléphone qui nous avait été donné à Annaba.

Deux jeunes hommes sont venus à notre rencontre. Ils étaient souriants et gentils. Nous avons discuté le prix de la harga et nous sommes tombés d’accord sur le montant de la traversée qui devait s’effectuer le lendemain. Nous avons remis la somme de 600 000 DA, soit chacun 300 000 DA. A Annaba, cela ne dépasserait pas les 200 000 DA par personne. Il faut attendre plusieurs jours jusqu’au moment où on vous appelle mais, ensuite, c’est à vos risques et périls. A Mostaganem, le lendemain, on nous a appelés et nous avons trouvé cela correct. L’un de nos deux contacts nous a amenés en voiture, vers la fin de l’après-midi, sur la côte maritime de Mostaganem.

Nous avons descendu une pente rocheuse, avant de nous retrouver en face d’un petit bateau avec plusieurs passagers à son bord. Tout allait pour le mieux et tout le monde semblait content. En moins d’une heure, l’embarcation s’est détachée du rocher et nous avons pris le chemin maritime. Nous étions sûrs d’arriver vers Almeria en moins de quatre heures, mais cela ne fut pas le cas. En moins de vingt minutes, deux bateaux, apparemment ressemblant à des chalutiers, ont sommé notre embarcation de s’arrêter. Nous avons cru qu’il s’agissait de policiers ou d’agents spéciaux, mais ce n’était pas le cas. Nos agresseurs ont frappé nos deux passeurs, nous ont pris notre argent et nos bijoux avant de nous signaler que pour traverser, il fallait passer par untel de la cité Radar. Nous avons eu trop peur. C’était un véritable piratage des anciens temps».

Ainsi, la harga prend une tout autre dimension et de nombreux criminels en profitent comme ils peuvent, surtout en cette période de crise économique nationale. A la cité Radar, plusieurs bandes s’affrontent  pour toucher le prix de la traversée d’un passager clandestin tentant de se rendre vers l’autre rive méditerranéenne à la recherche d’un travail, mais surtout d’une meilleure vie. Selon certaines sources, il existe un réseau à Mostaganem capable de faire traverser à qui le souhaiterait pour 800 000 à 900 000 DA, et ce en l’espace de trois heures seulement. C’est justement pour ce business que les bandes criminelles de la cité Radar de Mostaganem s’affrontent nuit et jour.

D’ailleurs, des centaines de harraga qui ont visité cette cité jurent que personne ne dort : «On capte tout, de jour comme de nuit». En attendant, selon l’activiste Francisco Jose Clemente Martin, «c’est un véritable débordement humain que l’Espagne est en train d’enregistrer au quotidien».  Le membre de l’ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales a aussi signalé un nombre élevé de femmes et d’enfants parmi les migrants clandestins algériens. Il a également révélé que depuis le début de l’année 2021, 900 embarcations sont arrivées à Almeria. Selon un rapport de la Commission européenne, publié en 2020, les harraga algériens n’empruntent plus la route marocaine pour atteindre l’Espagne. Toutes les traversées sont effectuées à partir des côtes algériennes.

La majorité des migrants interceptés sont interrogés avant d’être soignés et placés dans des centres de rétention pour étrangers. Après 48 h ou 72 h, ils sont relâchés avec décision d’expulsion. Selon des médias espagnols, 90% des  décisions d’expulsion ne sont jamais appliquées. En 2020, l’Espagne a été la première destination des harraga algériens avec 11 200 migrants algériens sur les 41 000 personnes enregistrées. Les autorités espagnoles craignent un flux massif de migrants algériens pour 2021.

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