Moralité et humour
Lors de la seconde soirée de la sixième édition du Festival international du conte et du récit, ce dimanche 23 octobre au Théâtre régional de Constantine, les deux comédiens Nesrine Belhadj et Salah Ougrout ont offert un spectacle humoristique sur le kidnapping d’enfants.
La comédienne Nesrine Belhadj, connue pour son one woman showTayoucha el kiassa, et son homologue Salah Ougrout, l’invité d’honneur de cette présente édition du Festival international du conte de Constantine initié par l’association culturelle Kan ya makan, ont respectivement incarné le rôle d’un gangster et d’un petit enfant en abordant le trafic d’organes et le phénomène du kidnapping d’enfants.
Tout au long de leur spectacle, non dénué d’humour, ils ont donné libre cours à leur talent en faisant rire l’assistance en dépit de la sensibilité du sujet, rapporte l’Agence presse service d’Algérie.
Le show s’ouvre avec le personnage El patronna joué par Nesrine Belhadj. Elle reçoit ses deux sbires à l’apparence pas très « fute-fute ». Ces derniers, tous fiers d’avoir kidnappé un enfant, viennent négocier une augmentation de salaire, spéculant sur le prix de vente des organes de l’enfant. Dans une ambiance d’hilarité générale, l’enfant campé par Salah Ougrout entre en scène et commence à interroger ses ravisseurs sur sa présence parmi eux.
Le minot, de manière toute aussi naïve que drôle, s’est lancé alors dans un captivant lynchage des valeurs actuelles du monde des adultes, arrachant des flots d’ovations d’un public ému. Puis, Nesrine Belhadj présentera Tayoucha el kiassa, un spectacle qu’elle a elle-même écrit et mis en scène.
Elle ne s’encombre d’aucun tabou en racontant les mésaventures de Tayoucha, une SDF (sans domicile fixe) devenue kiassa (masseuse) dans un bain maure durant les heures dévolues aux femmes.
Tayoucha raconte également ses déboires de femme de ménage et de garde malade dans une grande maison, explosant l’applaudimètre du Théâtre régional de Constantine (TRC) et offrant au public un show qui a tenu en haleine tous ceux qui l’ont suivi.
Ce festival se poursuit jusqu’à demain, mercredi 26 octobre. Il aura proposé des spectacles de conteurs venus de six pays comme Shirine Al Ansary d’Egypte, Hala Jalloul de Syrie, Sabah Maache du Maroc, Sytchkov Marianne de Russie, Amine Hamlili d’Algérie, Amel Boutebba de Tunisie. Cette dernière se produira lors de la première soirée, racontant l’histoire du Guignard dont la vie bascule le jour où il fait la connaissance d’un homme qui se dit être la chance du malchanceux.
Cette conteuse tunisienne délivre un message bien connu : le désir de l’homme de toujours vouloir posséder davantage, ce qui finit inéluctablement par le détruire. De son côté, Halima Hamdane, habituée du festival placé cette année sous le thème « Femmes de contes », a donné le « la » de cette sixième édition, en prêtant sa voix à « la cafétéria des intellos », un récit imaginé par Fayçal Ahmed Rais, président de l’association organisatrice.
Le conte se veut un hommage à une page dans un réseau social où un groupe d’amis, assoiffés de culture, se retrouve chaque jour pour faire et défaire le monde. Quant à l’Algérienne Sihem Kennouche, elle aura l’honneur de clôturer cette première soirée du festival avec son histoire Le prince de Timbouctou. Soutenue par des instruments de percussion, la conteuse alterne le récit et la musique gnawi.
Elle parle de la vie du prince Brahim, qui après avoir connu le faste et l’opulence des palais de Tombouctou se retrouve victime de la traite négrière et envoyé vers le nouveau monde, avant d’être une vingtaine d’années plus tard affranchi. C’est dire que dans la vie rien n’est jamais acquis, que le souverain d’aujourd’hui sera peut être le miséreux de demain.