Mona Mohamed Salem, réalisatrice sahraouie: « Le monde ferme les yeux sur l’injustice que nous subissons»

La pièce « Khat Raml » (la Ligne du Sable) mise en scène par Mona Mohamed Salem a été présentée avant-hier, dans le cadre de la compétition aux premières Journées du théâtre arabes à Sétif.
Abrité par la Maison de la culture Houari Boumediene, cette nouvelle production de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), traite de la cause sahraouie, oubliée par le monde. Basée sur l’imagination et le rêve, cette œuvre qui s’appuie sur le texte non exprimé présente la tombe comme une métaphore sur les tentatives d’enterrement de la culture et des traditions d’un peuple vivant qui veut libérer ses terres.
Bien que la pièce repose sur le mime et sur l’expression musicale, elle raconte avec beaucoup de symboles l’humiliation et la violence subie par les Sahraouis qui réclament leur indépendance.
Les hommes d’Al-Ghaith (combattants sahraouis), symbolisés par deux comédiens portant un fusil, interviennent pour sauver le peuple sahraoui du sort que lui réserve l’ennemi, et pour lui donner la place qui lui revient de droit.

Les hommes d’Al-Ghaith (combattants sahraouis),
La metteuse en scène livre, à travers cet entretien au Jeune Indépendant, les conditions infernales du peuple Sahraoui et leur combat pour reconquérir leur pays. Elle évoque aussi de comment l’art peut contribuer à sensibiliser le monde pour la cause sahraouie.
Le monodrame Khet Rmel (la Ligne de Sable), traite la cause Sahraoui, quel est le déclic qui vous a poussé à monter ce spectacle ?
La pièce traite le calvaire que vit le peuple sahraoui, écrasé par l’occupation marocaine. Le monde et les médias ferment les yeux malgré l’injustice que nous vivons. Ils ne font rien pour nous aider. Notre cause se retrouve enterrée. Nous ne pouvons même pas exposer notre culture à laquelle nous tenons et que nous défendrons malgré tout.
Mon but par ce spectacle, est de dénoncer l’oreille sourde du monde qui contemple cette injustice et qui ne bouge pas le doigt pour nous venir en aide.
J’ai utilisé plusieurs symboles, tel que l’assiette que tenait la comédienne au début de la pièce. Elle évoque l’occupation marocaine qui veut à tout prix effacer nos traditions et coutumes. Puis, la petite fille qui tenait la bougie qui symbolise l’espoir, de reconquérir un jour nos terres.
Les deux comédiens qui entrent ensuite en scène, représentent deux sauveurs. ils sont en quelque sorte, les combattants sahraouis. Ils interviennent dans la pièce, comme des sauveurs du peuple. C’est eux qui nous redonneront la place qui nous revient de droit. Ils délivreront le pays des ennemies.

Scène de ligne de sable
La pièce parle aussi de l’humiliation de l’occupation, qui nous a poussé hors de nos terres. Le peuple demande pacifiquement la justice de la cause.
Pourquoi le choix du théâtre mué pour traiter la cause Sahraoui ?
J’ai choisi le théâtre mué pour atteindre tout le monde. Nous avons essayé de faire passer notre message de toutes les manières. Nous avons tenté la politique et cela n’a pas marché. Alors aujourd’hui, nous utilisons l’art. Nous espérons qu’un jour, le monde nous voit et nous aide à reconquérir nos terres et nos maisons. Nous sommes dispersés, certains vivent dans des camps de réfugiés à Tindouf et d’autres restent sur le terrain pour délivrer notre pays de l’ennemi.
Autant qu’artistes nous devons aussi faire bouger les choses car la politique ne suffit plus. En montant des pièces et en réalisant des films peut être que nous arrivons à sensibiliser l’international pour notre cause.
Pourquoi avoir choisi le titre « Khat Rmel » ?
La pièce est construite sur l’imagination et le rêve. Chez nous, la ligne du sable porte plusieurs significations. C’est l’espoir ou la prévision qu’un jour tout rentrera dans l’ordre.
J’ai aussi utilisé la couleur rouge, qui signifie le théâtre, mais aussi le sang de nos héros, qui ont sacrifié leurs vies pour la cause.
La femme en rouge, porte à l’intérieur une tenue traditionnelle. Ce qui prouve que malgré tout cela nous restons fidèles à nos traditions.
Comment se porte la culture dans les camps de réfugiés ?
La culture et l’art souffrent. Nous ne disposons d’aucun moyen. Et cela nous rend la tâche plus difficile. Certes, nous avons une école de cinéma mais pas de théâtre. Personnellement, j’ai étudié le théâtre via les réseaux sociaux. Après cela, j’ai fait une formation chez le metteur en scène algérien Bella Boumediene, il nous a ouvert la porte et il nous a beaucoup aidé.
Nous essayons de faire de notre mieux pour monter des pièces. Nous espérons qu’à travers le théâtre nous ferons entendre notre message. Et le monde sache que nous sommes toujours là et nous n’abonneront pas.
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