Mokri divise déjà les rangs de la CLTND
Le communiqué du président du MSP Mokri à propos de l’enterrement de Roger Hanin à Alger, où il est né, et où il a passé une partie de sa jeunesse ne semble pas cadrer avec la philosophie de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique qui rejette la haine, respecte les religions et milite pour un vivre ensemble avec toutes les races et les religions.
Or, un membre influent de cette toute nouvelle organisation, le MSP de Mokri en l’occurrence, a déjà commis, en l’espace de quelques jours, deux impairs aux conséquences graves sur l’harmonie du groupe.
Une première fois en voulant initier une démarche politique associant le pouvoir et tous les partis politiques qui ne semblent pas plaire au reste de la coordination, et la seconde, la sortie hasardeuse sur l’enterrement de Navarro. Dans les deux cas, il est en opposition complète avec les engagements de la CLTND qui prône plus de libertés, moins d’intégrisme, et plus d’ouverture sur le monde. D’ailleurs, le silence assourdissant de ses compères à la CLTND inquiète plus qu’il ne pose d’interrogations.
Sont-ils trop conciliants avec un membre qui ne cesse de faire des gaffes préjudiciables à leur unité ? D’ailleurs, l’annonce surprise de son initiative politique a immédiatement suscité un sentiment d’irritation dans les rangs de la coordination, qui a vite fait d’étouffer les dissensions selon un membre de cette structure. Elle est en effet apparue à beaucoup comme un coup de poignard porté par le MSP dans le dos de la CLTND à laquelle aspirent tous les partis confondus.
L’absence de Benflis intrigue
Les sorties maladroites de Mokri mettent à mal la Coordination nationale qui trouve d’énormes problèmes à rassembler ses partenaires et à colmater les brèches. La nouvelle coordination nationale ne pourra finalement pas survivre aux égoïsmes des uns et aux archaïsmes des autres.
D’ailleurs elle ne doit son existence qu’aux deux leaders du RCD et du MSP qui demeurent les chefs de file de cet aréopage de partis sans consistance ni poids réel sur la vie politique. Lors de la dernière rencontre- annulée par l’administration- un membre très influent a brillé par son absence.
Il s’agit de l’ancien candidat à la présidentielle, Ali Benflis, qui n’a pourtant raté aucune réunion ces derniers mois. Son absence n’a pas été trop commentée. Mais selon certaines sources, il aurait pris ses distances avec la CLTND, se consacrant exclusivement à son nouveau parti. La raison de sa défection est liée dit-on au thème de la conférence que devait animer à l’hôtel Essafir la CLTND autour du gaz de schiste.
Ali Benflis, lui, a choisi une autre voie pour porter sa contradiction au pouvoir. Benflis préfère rebondir sur les sujets d’actualité comme la corruption, le chômage, la mauvaise gouvernance, les dépenses superflues et les autres questions qui dérangent le pouvoir. S’il s’est complètement dilué au début dans une coordination chapeautée par deux partis, Benflis a vite compris que son enfermement dans cette structure serait dangereux pour lui. Hier il a critiqué dans un communiqué « les violations des droits les plus légitimes de l’opposition nationale » commises par « le régime politique en place ».
Le chef du Pôle des forces du changement a dénoncé les deux interdictions qu’a subies la CNLTD lorsqu’elle a tenté d’organiser des conférences, pour des motifs qui « défient le simple bon sens. » Selon Benflis, le « régime viole impunément la Constitution et les lois de la République qui garantissent et protègent les libertés et les droits des citoyens.
Il transgresse tout aussi impunément ses engagements internationaux souscrits au titre de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international sur les droits civiques et politiques ». Ces transgressions vont, selon l’ex-chef de gouvernement, « de pair avec la fin qui se rapproche d’un régime politique ».
« Ce régime et avec lui toutes ses clientèles politiques intéressées savent cela, tout comme ils savent que l’alternative démocratique est en marche et que les combats d’arrière-garde n’en arrêteront pas le cours » conclut-il. Parce que la CLTND n’arrive plus à capitaliser l’élan de sympathie apparu aux premiers jours.
Après s’être enfermée dans une revendication majeure à savoir le départ du président Bouteflika, la CLTND a aujourd’hui du mal à revoir à la baisse ses objectifs de peur de perdre la face. Sa survie dépend de sa capacité à rebondir sur d’autres questions plus essentielles et ne plus convoquer à chaque fois les dispositions de la Constitution sur la maladie du président Bouteflika ou de sa légitimité à gouverner.