Mille Toufik
C’est officiel, le chef mystérieux – et néanmoins charismatique- des services secrets algériens a été mis à la retraite selon un communiqué de la présidence de la République. Mohamed Mediene dit Toufik, dont on ne connaît que deux ou trois photos anciennes, aura su rester dans la discrétion la plus absolue pendant de très longues années de responsabilités à la tête du renseignement.
Il a pourtant plusieurs fois été interpellé publiquement par des hommes politiques ou des commis de l’Etat, lui attribuant parfois des pouvoirs au-dessus de la réalité. En effet, la mythique toute-puissance du DRS en a fait une cible facile parce que tenue au silence ou au devoir de réserve en tant que patron des services qui ont forcé le respect dans la sphère du renseignement mondial, notamment dans le domaine très sensible de l’antiterrorisme.
C’est pourquoi, s’il est normal que les responsables laissent leur place, et qu’aucun commentaire politicien ne saurait percer le secret des nominations et des remplacements dans les rangs des hauts gradés, le commun des mortels est en droit de souhaiter qu’aucune motivation parasite ne porte atteinte à l’institution.
En effet, au moment où l’Algérie doit faire face à mille périls à ses frontières, en ces lendemains de Printemps arabes subversifs et de menaces permanentes sur la stabilité du pays, le contre-espionnage et tous les autres segments des renseignements ont besoin d’un commandement protégé de toute subjectivité pour accomplir ses missions au service de la Nation.
Il est à souhaiter que « Toufik » prenne une retraite d’agent secret, c’est-à-dire en demeurant disponible et attentif pour apporter son éclairage lorsque ses collègues encore en poste le solliciteront.
L’Algérie n’a pas à craindre l’alternance au pouvoir ou aux postes clés, il lui faut seulement renforcer sa conscience nationale de l’intérêt supérieur du pays. Que les ennemis excités du peuple algérien se détrompent : la mise à la retraite du général Mohamed Mediene n’affaiblira pas les capacités de défense du pays.
Gare à ceux qui croient encore aux hommes providentiels ; l’Algérie regorge de compétences dans tous les secteurs. Les défis à venir en apporteront la preuve.