Economie informelle : SOLIFEM, le remède de l’OIT

Le nombre des actifs gagnant leur vie dans l’économie informelle a pris des proportions importantes dans plusieurs pays arabes, dont l’Algérie. La migration des travailleurs vers l’économie formelle devrait se faire. C’est d’ailleurs l’objectif du projet SOLIFEM, qui soutient la transition de l’économie informelle à l’économie formelle, dont la première réunion régionale a été tenue hier à Alger.
C’est en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, de l’ambassadeur de la délégation de l’Union européenne en Algérie, de la directrice du bureau de l’Organisation internationale du travail pour la région et des représentants des partenaires sociaux que la première réunion du projet SOLIFEM a été tenue hier.
La problématique du phénomène de l’économie informelle a été soulignée par le ministre du Travail, Youcef Cherfa, lequel a surtout évoqué son impact sur l’économie nationale. « L’économie informelle ne concerne pas uniquement l’entreprise et les travailleurs qui ne bénéficient pas d’une couverture sociale, mais elle est considérée comme étant un phénomène social et économique compliqué », a-t-il indiqué, affirmant que le lancement de ce projet de l’OIT, financé par l’Union européenne, saura limiter l’impact du phénomène sur l’économie nationale.
Il a ainsi affirmé que ce projet, qui s’étalera sur trois années, vise à mettre en place une stratégie nationale qui facilitera la transition des unités économiques et celle des travailleurs dans le secteur informel vers le formel, et ce à travers le dialogue social. Un programme sera ainsi réalisé avec la participation des départements gouvernementaux concernés (Travail, Formation professionnelle, Start-up et Commerce), en sus de la participation des organisations patronales, des syndicats ainsi que des centres de recherche et statistiques.
Le projet sera aussi une occasion pour les femmes et les jeunes, notamment ceux qui activent dans le domaine informel, d’acquérir des compétences qui faciliteront leur insertion dans le monde professionnel. Selon le ministre du Travail, ce projet aura un impact direct sur le gouvernement et les employeurs mais surtout sur les employés, qui bénéficieront de tous leurs droits. La nécessité pour les travailleurs de disposer d’une couverture sociale a aussi été mise en avant par Mohamed Cherif Boudiaf, secrétaire général du ministère du Travail, lors d’un point de presse au cours duquel il a souligné la grande importance de ce projet.
Il a aussi signalé l’engagement de tous les secteurs concernés pour l’élaboration d’une feuille de route à même de trouver une solution à cette problématique. La première étape consiste, selon lui, à diagnostiquer le phénomène en recourant à l’expertise du CREADE et à mettre ensuite une feuille de route qui regroupera tous les secteurs concernés.
La nécessité de disposer d’une couverture sociale pour tous les travailleurs a également été appuyée par le SG de l’UGTA, lequel a fait savoir que les grands gains issus de l’informel ne sauront offrir les avantages que garantit la sécurité sociale.
De son côté, l’ambassadeur de la délégation de l’UE en Algérie, Thomas Eckert, qui a souligné l’importance du dialogue social, a indiqué que la transition vers une économie formelle est importante. « L’économie informelle non seulement prive les travailleurs concernés de l’accès à leurs droits mais a un impact négatif sur le développement de l’entreprise, sur les recettes publiques et complique aussi l’intervention de l’Etat lorsqu’il met en œuvre les politiques économiques et sociales », a-t-il précisé.
Le nombre des actifs gagnant leur vie dans l’économie informelle a pris des proportions importantes. Selon l’OIT, 42 à 67 % des travailleurs dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient gagnent leur vie dans l’économie informelle. En Algérie, certains secteurs sont plus exposés à l’informalité. Il s’agit du secteur de l’agriculture, du commerce, du bâtiment et de l’artisanat. Ces derniers sont d’ailleurs choisis comme étant des secteurs pilotes sur lesquels seront axés ce projet, selon le directeur du projet.
SOLIFEM est un projet régional de l’OIT, financé par la DG-NEAR de la Commission européenne, qui soutient la transition de l’économie informelle à l’économie formelle par le biais d’un dialogue social tripartite dans les pays du monde arabe, notamment l’Algérie, l’Egypte, le Liban et les territoires palestiniens occupés. La mise en œuvre de ce projet a commencé le 1er mars 2021. Il soutiendra le renforcement des systèmes nationaux de formation et de reconnaissance des compétences afin de permettre aux jeunes et aux femmes de l’économie informelle de devenir plus aptes à l’emploi et d’accéder à un emploi formel et un travail décent.
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