Michel Kafando prête serment en tant que président intérimaire

Au terme d’une transition militaire de moins de trois semaines et sans violence, le nouveau chef de l’Etat intérimaire du Burkina Faso, Michel Kafando, a prêté serment mardi, tournant la page, au nom du « peuple », de 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré.
« Je reçois cette charge avec beaucoup d’honneur mais aussi avec beaucoup d’humilité, l’humilité de quelqu’un qui n’est là que pour une période transitoire », a déclaré Michel Kafando dans un bref discours lors de sa cérémonie d’investiture. L’exercice du pouvoir « ne doit souffrir d’aucun abus, aucun excès », a-t-il rappelé, le ton grave, en claire référence aux 27 années de règne du président Blaise Compaoré.
Le président Compaoré a été chassé par la rue le 31 octobre après avoir tenté de réviser la Constitution afin de se maintenir au pouvoir. « Notre pays ne saurait être une république bananière », a lancé Michel Kafando, 72 ans, devant plusieurs centaines de personnes, réunies dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, un quartier aisé de la capitale où se situe la présidence.
Il s’est adressé au neuf « sages » du Conseil constitutionnel, présents à ses côtés, et qui ont validé publiquement sa nomination décidée lundi par un collège de désignation auquel participaient civils et militaires.
Michel Kafando a nommé hier le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui avait pris le pouvoir peu après la fuite de Blaise Compaoré vers la Côte d’Ivoire, comme nouveau Premier ministre conformément à un accord conclu entre l’armée et les civils, a affirmé mardi un officier qui lui est proche.
« On a négocié le poste de Premier ministre. Tout le monde est d’accord. On a convenu qu’on laisse le législatif pour entrer dans l’exécutif à travers le Premier ministre », a affirmé cet officier proche de l’actuel homme fort du pays.
Isaac Zida était présent au premier rang mardi, vêtu de son uniforme et portant le béret rouge de la garde présidentielle, dont il est le numéro deux.Les deux hommes se sont donné l’accolade après le discours de Michel Kafando. Le lt-colonel Zida transmettra symboliquement le pouvoir à son successeur demain lors d’une cérémonie de passation, à laquelle assisteront au moins six chefs d’Etat (Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo), selon le chef du protocole de l’armée.
Selon un décret publié mardi soir, Issac Zida a dissous plutôt dans la journée les conseils municipaux et régionaux burkinabè, une mesure qui intervient après le limogeage de deux grands patrons proches de François Compaoré.
Michel Kafando et les nouvelles autorités auront la charge d’organiser des élections générales d’ici novembre 2015. Selon la charte de transition, il ne pourra pas lui-même se présenter au scrutin présidentiel.
Figure de la diplomatie nationale, Michel Kafando, 72 ans, a été ambassadeur de Haute-Volta (l’ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011. Il a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements entre 1982 et 1983.
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