Messali Hadj : «Cette terre a ses propriétaires»
Nous sommes au mois d’août 2017. 81 années ont passé depuis le jour béni où Messali Hadj a lancé un vibrant et téméraire appel pour l’indépendance de l’Algérie.
C’était le 2 août 1936, au stade de Belouizdad, qui était bondé d’Algériens enthousiastes. C’était un discours d’une grande audace et d’une grande témérité car l’Algérie coloniale venait de célébrer, avec faste, cent ans d’occupation, attestant avec force que le colonialisme était définitivement implanté avec un signe puissant de non-retour.
Il faut, pour les nouvelles générations, évoquer en permanence les termes percutants de Messali Hadj, prononcés alors qu’il se baissait pour ramasser une poignée de terre.
Des paroles rappelées par Ali Agouni, ancien compagnon de Messali Hadj et membre responsable du Parti du peuple algérien : « Cette terre n’est ni à vendre ni à hypothéquer, elle a ses héritiers qui la défendront et l’Etoile nord-africaine est là, présente, pour la libérer du joug colonial. » La sanction ne s’est pas attendre.
L’Etoile nord-africaine fut dissoute, et pour continuer son combat, Messali Hadj a dû créer le Parti du peuple algérien.
Ce parti est toujours vivant, demeurant le symbole de la résistance du peuple algérien face au colonialisme, laquelle a abouti à l’objectif suprême, à savoir l’indépendance de l’Algérie.
Messali Hadj s’était préparé à la lutte armée en fondant les structures de l’OS, du MTLD, puis du Mouvement national algérien. Pour éviter les divisions, il s’est volontairement retiré des négociations menées par le FLN à Evian.
Messali Hadj reste le père spirituel de l’histoire contemporaine de l’Algérie et de la résistance qui a mené le pays à l’indépendance. Ses anciens partisans, moudjahidine de la première heure, lesquels lui sont restés inconditionnellement fidèles, ont participé, en ce début de semaine, à la célébration du 2 août 1936.
Bravant les fortes chaleurs, ils sont venus nombreux de tout le territoire national (Djelfa, Chlef, Béjaïa, Msila, etc.). Ils ont raconté, certains avec les larmes aux yeux, les dures souffrances et les sacrifices endurés dans les opérations menées contre les forces coloniales.
« J’ai participé à des dizaines de combats infligeant de sévères pertes à l’armée coloniale et j’ai vu tomber en chahid des centaines de moudjahidine », a témoigné l’un des intervenants. En moudjahid exemplaire et en patriote sincère, tous demandent une reconnaissance pour la légitimité de leur combat au service de la nation. A ce sujet, Ali Agouni, membre responsable du Parti du peuple algérien, prône une réconciliation nationale.
Professeur d’histoire à l’université d’Alger, Mostapha Nouicer a déclaré que les témoignages des participants à la rencontre commémorant le 2 août 1936 sont des archives vivantes illustrant l’histoire authentique de la lutte armée contre le colonialisme.
Selon lui, Messali Hadj a milité pour la reconnaissance en tant que moudjahid de tous les fils d’Algérie qui ont tenu tête avec les armes aux forces coloniales.
Dans ce sens, Ali Agouni a lancé un appel à la sagesse et à la clairvoyance de nos dirigeants pour œuvrer, dans un esprit fraternel, à la réconciliation et à l’unité nationale de tous les Algériens. Au cours de cette rencontre, une jeune collégienne, Ikram Ghoumiri, a lu un poème qu’elle a écrit à la gloire de Messali Hadj.
« Cette intervention fait partie de l’esprit de notre institution qui se donne pour mission d’inculquer aux jeunes d’aujourd’hui les vérités de notre histoire », souligne Djilali Belghilem, président et secrétaire général de l’Organisation nationale de la continuité des générations, dont le siège à Hussein Dey a abrité cette commémoration du 2 août 1936.