Médiation du FFS pour un consensus national

La plupart des analystes politiques restent sceptiques sur l’idée de « reconstruction d’un consensus national » que le FFS veut lancer prochainement. Bien qu’il ne soit qu’un simple « facilitateur » et non un négociateur en chef, ce parti semble vouloir lancer un chantier aussi vaste que compliqué.
Comment arriver, par on ne sait quelles méthodes, à bâtir une entente entre le pouvoir, qui suit depuis des lustres sa propre logique de domination et de gestion du pays, et une opposition qui reste marquée par les années de plomb et de répression ? Comment le FFS réussira-t-il à faire la convergence entre deux pôles qui se contredisent sur tout ?
Pour les politiques du plus vieux parti d’opposition, il s’agit de fructifier les expériences passées dans d’autres contrées et surtout d’adopter des modes opératoires de transparence et de participation de toutes les forces politiques sans exclusion. Selon le document du FFS, inscrit dans la résolution de son conseil national, il faudra chercher juste un accord minima, en puisant également dans les ressources de la société civile, et ne pas confiner les efforts uniquement dans les partis politiques et leurs contradictions.
Mais les incertitudes sont nombreuses dans cette tâche aussi gigantesque que complexe. D’abord, le pouvoir tout comme l’opposition ont mis sur les rails leurs propres « solutions », engageant des logiques de négociations et mettant en route de nouvelles idées.
Selon leurs assertions, c’est leurs propres démarches, basées sur leurs propres constats ou diagnostics qui doivent être concrétisées. Les deux pôles politiques ont déjà élaboré des documents ou textes de base et de référence, acceptant dans certaines limites quelques rectifications ou correctifs, soit dans la formulation des concepts, soit dans la réalisation des idées.
En effet, il serait bien hasardeux de croire que le pouvoir renoncera facilement à sa quête de la révision de la Constitution, alors qu’il y a mis tous ses moyens et ses capacités, lui qui croit dur comme fer que seule une révision consensuelle de la Constitution serait la solution à nos maux ou le passage obligé de toute « transition » institutionnelle ou politique.
Pour l’opposition, notamment la Coordination des libertés et de la transition démocratique, ce n’est plus la révision des textes qui est la priorité, mais bien une autre démarche, celle de la construction ou de la réhabilitation de certaines institutions républicaines. Pour cette opposition, il faudra rejouer « zéro à zéro », avec un autre arbitrage et d’autres règlements et que ce « match de la dernière chance » soit défini dans le temps, c’est-à-dire une période de transition de deux ou trois ans. Ainsi, on propose la création d’une instance autonome chargée de superviser les élections, toutes les élections, de nommer un gouvernement d’union nationale et de lancer une feuille de route de négociations sur la base de recherche d’une entente ou d’un consensus.
Dans cette optique, on donne la part belle à l’ANP, selon des propositions qui s’inspirent de la thèse de Hamrouche.
Dans la même veine, Benflis, et son bloc politique, tente de réajuster sa position en fixant des limites et en proposant des clefs, bien qu’il garde un discours plus tranchant sur le pouvoir.
C’est dans cette tourmente et ce « chaos » qui empêchent tout consensus préalable que le FFS tente de créer quelque chose de vivant. En a-t-il les moyens et les instruments ? Possède-t-il les chances de son œuvre ? Pourra-t-il dépasser les clivages et les radicalisations de tous ordres, séquelles de décennies sédimentées par les répressions, les entêtements et les accès de violences ? Fera-t-il de la réconciliation nationale son seul crédo pour mettre autour d’une même table et le pouvoir, et ses sphères, et l’opposition, et ses différents segments ?
Dans l’entourage du parti créée par Aït Ahmed, on sait que cette entreprise de reconstruction d’un consensus national est une œuvre difficile, compliquée, et qui exige des mois et des mois d’efforts de rapprochements et de synthèse. C’est sans doute cette tâche qui fait dire à des analystes que seul l’espoir d’une démocratisation fait guider le FFS. Reste à savoir qui va aider ce parti du centre-gauche à concrétiser son chantier. Est-ce le FLN, qui a déjà fait des signes positifs ? Est-ce le RND ou le MSP ?
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