Médiation internationale d’Oulémas entre l’Algérie et le Maroc

L’union internationale des oulémas musulmans (UIOM) va entamer, dans les prochains jours, une mission de médiation et de réconciliation entre l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc afin de dissiper la crise provoquée par les propos tenus par son ex-président, le marocain Ahmed Raissouni ayant conduit à sa démission. C’est ce qu’a révélé ce lundi 12 septembre le secrétaire général de l’union, le kurde Ali Mahieddine Al-Qaradaghi.
” Nous avons mis en place une commission d’oulémas qui aura deux missions à sa charge; d’abord reconcilier les oulémas algériens et mauritaniens d’un côté et ceux du Maroc de l’autre suite aux fâcheux propos de Raissouni qui ont donné lieu à des frictions au sein de la grande famille des oulemas”, a affirmé le Dr. Al-Qaradaghi dans une déclaration à la chaine de télévision “Al-Hiwar”, basée à Londres.
“La seconde mission qui est en fait un projet visant à parvenir au moins à un apaisement entre l’Algérie et le Maroc”, a précisé le savant kurde qui a souligné que “l’union accumule des expériences réussies, grâce à Dieu, dans les règlement des différends entre les pays notamment entre la Kirghizie et l’Ouzbékistan en 2010, entre la Tchétchénie et le Daghestan ainsi que dans d’autres pays”.
La commission de médiation sera présidée par l’ancien président du conseil des affaires de culte en Turquie le Dr. Mahmoud Gurmaz.
Le S.G de l’UIOM a fait part de son souhait que cette initiative de réconciliation entre Algériens et Marocains aboutisse afin d’évacuer les dissensions au sein de l’organisation qui regroupe 99 savants issus de 94 pays.
Le Dr. Al-Qaradaghi a indiqué par ailleurs qu’il a été le premier à rejeter les propos de Raissouini car ” nous sommes censés être des rassembleurs et non pas des tenants de la division au sein de la communauté musulmane dans le monde”, rappelant, au demeurant, le rôle de l’Union de ne pas prendre partie dans la question du Sahara Occidental ou de s’immiscer dans des affaires qui provoquent une fitna entre les peuples.
Il a aussi relevé le mea-culpa de Raissoini qui a “assumé son erreur et a déposé sa démission devant l’assemblée générale de l’Union”.
Les membres de l’UIOM ont condamné les propos de Raissouni qui a appelé sur le plateau de la chaîne marocaine, Blanca TV fin juillet 2022,avait les Marocains à « marcher sur Tindouf », en territoire algérien, mais également sur Laayoune, ville située au Sahara occidental.
Le prédicateur marocain s’est aussi attaqué à la Mauritanie soutenant que l’existence de cet autre pays limitrophe est une “erreur”.
“Le Maroc doit retrouver la forme qu’il avait avant l’invasion européenne, quand la Mauritanie en faisait partie” a-t-il en effet déclaré lors de l’émission.
En réaction, l’Association des Oulémas musulmans algériens a dénoncé une forfaiture du prédicateur marocain et a gelé ses activités au sein de l’UIOM. Elle a par ailleurs réclamé son départ. En Algérie tout comme en Mauritanie, des savants, des partis politiques, des associations et des organismes ont dénoncé le «dérapage» et «les appels à la fitna», du prédicateur exigeant sa démission.
Suite à ce tollé, Raissouni a déposé sa démission le 28 août dernier de l’UIOM qui a désigné lors d’une assemblée générale l’indonésien le savant Habib Ben Salem Saqaf Aljafri qui était vice-président de l’organisation.