Mawlid Ennabaoui: Lorsque la pandémie bouleverse les coutumes – Le Jeune Indépendant
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Mawlid Ennabaoui: Lorsque la pandémie bouleverse les coutumes

Mawlid Ennabaoui: Lorsque la pandémie bouleverse les coutumes

Contrairement aux années précédentes, la crise sanitaire impose aux Algériens une commémoration du Mawlid ennabaoui dans la sobriété et le strict respect des mesures d’hygiène. Entre célébration spirituelle et aspect festif, l’anniversaire de la naissance du prophète Mohammed (QSSSL) est malgré tout fêté dans toutes les régions du pays comme « l’exige » la tradition.

Les familles doivent s’organiser pour célébrer  le Mawlid  dans une grande quiétude, conscientes de la nouvelle cohabitation avec le virus (covid-19).

Dans les marchés de la capitale, des hommes et des femmes font leurs emplettes en vue des préparatifs de la veillée du Mawlid appelé communément « aâchat el mouloude ». Comme le rappelle Zoulikha, une sexagénaire rencontrée dans une boucherie dans le mythique quartier révolutionnaire de Belouizdad (ex-Belcourt).
« Tous les ans je prépare, aâchat el mouloud, moi-même. Contrairement à l’année dernière, ce soir je vais surprendre ma famille par ma spécialité, la « Racheta » faite maison, dont tout le monde en raffole ! » poursuit notre interlocutrice qui ne laisse rien au hasard. A propos de la situation sanitaire, la grand-mère explique qu’une organisation s’impose : « J’ai prévenu mes enfants et petit enfants qu’il n’y aura pas de bisou et pas de câlin ! » et ajoute « La célébration de la naissance de notre prophète (QSSSL) est un évènement à transmettre à notre descendance dans une ambiance spirituelle. » Afin d’éviter la contamination hadja zoulikha ajoute : « j’ai réaménagé le salon et la salle à manger en mettant à la disposition de mes deux fils et leurs épouses ainsi qu’à leur quatre enfants deux grandes tables pour que les distanciations soient respectées et … la racheta dégustée. »

Ce rendez-vous traditionnel est dans la majeure partie des cas, une occasion de regroupements familiaux. Les proches sont appelés à se réunir pour un partage de souvenirs, échange de discussions autour d’un repas préparé souvent par la grande « mama ». Quant aux plus jeunes, c’est plutôt le côté explosif » du mawlid qui les amusent. Manipulation de pétards, « bombes », fusées, feux d’artifices et autres jeux pyrotechniques jusqu’à une heure tardive de la nuit.

En outre, cette belle tradition tant attendue par les plus petits, n’est certainement pas vécue pareillement par tous, comme nous l’explique Karima de Hussein-Dey et mère de deux enfants. « Le manque d’espace dans l’appartement de nos parents, ainsi que le danger de la contamination, freinent les rassemblements, contrairement aux années précédentes », a-t-elle dit.

Quant à Hanifa, native de la Casbah, la vielle ville d’Alger, rencontrée au marché couvert « Nelson » de Bab El Oued affirme : « il y a plus de 50 ans, la fête du Mawlid Ennabaoui était beaucoup plus une affaire d’enfants.  Après le repas, en général une rechta au poulet, on réunissait tous les petits de la « douira » pour enduire leurs mains de henné. »Et ajouter : « pendant la nuit, dans chaque pièce on allumait une petite bougie, colorée et fine, dont la flamme vacillante éclairait, nos chambres ». Conclut la septuagénaire avec le sourire en coin, comme pour nous dire que cette époque est révolue à jamais.

Pour Lila, habitant à Oued Romane, cette célébration est un véritable retour aux sources.

Cette quadragénaire, ex-enseignante de lycée, mère de 3 enfants témoigne sous bavette : « Pendant les fêtes, notamment « El Mouloud », je me dirige « tout de go » à la cuisine ! En général, je prépare pour le premier jour l’incontournable « rechta », un plat traditionnel algérois par excellence et qui est savouré par tous. En revanche, pour le deuxième jour, je choisis la succulente « chakhchoukha besskria », ou feuilles de m’semen en sauce rouge avec des légumes ».
La jeune maman explique en outre qu’elle vient juste de déménager dans sa nouvelle maison, mais malheureusement, dit-elle, « en cette période de coronavirus il est impossible de fêter ce mouloud en famille, alors j’ai décidé de faire un grand dîner que je ferai livrer à mes proches, il faut éviter les réunions familiales ! ».

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