Marché du pétrole : De la flambée à la récession

Après l’embellie des cours, c’est la chute. De nombreux investisseurs, poussés par la crainte d’une nouvelle récession mondiale, ont décidés de se retirer du marché pétrolier.
Réflexe normal ou logique pour les analystes, car ce scénario était prévu depuis belle lurette. Une hausse importante des prix du pétrole ne peut qu’impacter la consommation mondiale, notamment chez les pays industrialisés, qui viennent de connaitre un ralentissement dans leur croissance économique et une baisse de la demande.
Le déclin s’est poursuivi donc et les deux références mondiales du brut ont tombé sous les 100 dollars le baril. Hier vers 15H00 GMT, le baril du Brent perdait 3,00% à 99,69 dollars, glissant sous la barre symbolique des 100 dollars le baril pour la première fois depuis avril. Le baril de West Texas Intermediate chutait quant à lui de 3,18% à 96,34 dollars, également un plus bas depuis avril.
Mardi dernier, les deux références du brut avaient connu leur plus forte baisse quotidienne depuis mars, lorsque les cours s’étaient envolés avec l’annonce d’un embargo américain sur le pétrole russe, avant de plonger quelques jours plus tard.
« Les craintes de récession ont probablement poussé certains investisseurs à se retirer du marché du pétrole », qui était vu comme un moyen de profiter de l’inflation, selon les analystes d’UBS.
« Outre le pessimisme croissant concernant l’avenir de l’économie, les prix du pétrole ont également été affectés par la résurgence du dollar », affirme Stephen Brennock, de PVM Energy.
Le Dollar index, qui compare la devise américaine à d’autres grandes monnaies, a atteint ce mercredi 107,26 points, un plus haut depuis deux décennies.
Or, une appréciation marquée du billet vert pèse sur l’or noir, puisqu’il affaiblit le pouvoir d’achat des investisseurs utilisant d’autres devises.
Pour Fawad Razaqzada, analyste chez City Index interrogé par l’AFP, les prix du brut ont désormais franchi un niveau psychologique important.
Dans un scénario de récession, les analystes de Citi évoquaient même des prix du pétrole qui tomberaient à 65 dollars le baril d’ici à la fin de l’année, puis à 45 dollars en l’absence d’intervention de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+).
Les analystes insistent cependant sur le fait qu’aucun changement fondamental n’a bouleversé le marché du pétrole depuis ce fameux mardi. L’approvisionnement en or noir reste scruté, des perturbations de la production ayant lieu dans certains pays producteurs.
Pour Stephen Brennock, après le « bain de sang » de la veille, les prix du pétrole devraient même rebondir, les fondamentaux du marché n’ayant pas changé.
L’incertitude se cristallise autour de la capacité de l’OPEP+ à produire plus de brut. L’alliance a réitéré ses « préoccupations concernant les problèmes de capacité dus à des années de sous-investissement et l’impact des interdictions d’importation de la Russie », souligne Susannah Streeter de Hargreaves Lansdown. « La capacité de réserve de l’OPEP (…) s’est amincie pour atteindre son niveau le plus bas depuis des années », avance Stephen Brennock.
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