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Nationale

Manifestations du 11 décembre 1960 :Un tournant historique évoqué par le diplomate Belaïd

Manifestations du 11 décembre 1960  :Un tournant historique évoqué  par le diplomate Belaïd
Un événement qui a balaye les tenants de l'Algérie française

L’historien et ancien diplomate Abd-El-Naceur Belaïd a fait le récit de la portée politique et universelle des manifestations du 11 décembre 1960, un moment décisif qui a propulsé la cause algérienne sur la scène internationale, lors d’une rencontre organisée au siège de DK News à Alger.

Insistant sur la nécessité de dépasser les lectures réductrices, il a souligné comment la mobilisation populaire, la stratégie du Front de libération nationale (FLN) et le travail diplomatique du GPRA ont permis de faire reconnaître, trois jours plus tard à l’ONU, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

En s’adressant aux étudiants, l’ancien diplomate a indiqué que « cette belle rencontre est une opportunité pour parler de l’histoire de l’Algérie, surtout face à la presse et à la participation des étudiants qui reste essentielle, car ils doivent comprendre, pour l’avenir, le sens noble de la liberté qui doit être transmis au peuple algérien ».

La rencontre a porté sur les manifestations de décembre 1960 et leurs répercussions. Des événements qui ont constitué un tournant majeur : ils n’ont pas seulement influencé la révolution algérienne, mais aussi l’histoire de l’Algérie et, plus largement, l’histoire de l’humanité au XXᵉ siècle, a-t-il souligné. « Ces manifestations ont particulièrement marqué les peuples africains et d’autres nations qui luttaient encore pour leur liberté. C’est pourquoi il est essentiel de rappeler leur portée et leur signification », a affirmé le diplomate en s’adressant aux étudiants. Il a précisé qu’« à cette occasion, nous essayons de corriger certaines interprétations réductrices. Cela me peine d’entendre parfois les manifestations présentées uniquement comme une affaire de ‘’courage du peuple algérien qui est sorti dans la rue’’. Bien sûr, le courage était immense, mais ce mouvement allait bien au-delà : il portait un message politique, historique et universel ».

Le génie de la révolution de cette date fatidique réside d’abord dans le fait qu’elle ait défendu la cause algérienne. « Le FLN a accompli un très grand travail depuis Novembre 1954 jusqu’à Juillet 1962. Tout était stratégique. C’est pourquoi revenir sur ces questions est nécessaire lorsqu’on observe l’histoire de l’Algérie », a-t-il indiqué

Il est important de rappeler que la voix de l’Algérie a pris bien plus de considération de la part de plusieurs pays en ce 11 décembre 1960. Elle a été portée sur la scène internationale et a réussi à faire entendre sa cause. Le pays colonisateur, la France, a tenté de résister à cette reconnaissance, au point que le ministre français des Affaires étrangères a menacé de quitter les réunions à l’ONU. Mais la mobilisation algérienne, portée par une jeunesse engagée et par le FLN, a fait avancer la question algérienne malgré les obstacles.

Tous les acteurs de l’époque étaient très jeunes, ils avaient une stratégie claire : gagner le soutien international pour la révolution algérienne. Cette stratégie ne visait pas seulement l’Algérie, mais inspirait également d’autres peuples en lutte pour leur liberté, directement ou à travers le droit international.

Le FLN a mené son action de novembre 1954 à juillet 1962 avec une précision stratégique : chaque initiative visait à renforcer la légitimité de la cause algérienne sur la scène mondiale. Dans ce contexte, la France insistait pour considérer l’Algérie comme une affaire intérieure française, rappelant son administration coloniale et son contrôle politique. Les Algériens ont rejeté cette approche, réclamant la liberté de discuter de leur avenir et de leur indépendance.

Il convient de rappeler qu’en 1960, le président français Charles de Gaulle avait mobilisé tous les moyens militaires et diplomatiques pour défendre la position française. L’Armée de libération nationale (ALN) a énormément souffert de ces opérations, et De Gaulle avait compris qu’il serait obligé de négocier avec le GPRA. Avant de s’engager dans ces négociations, il a tenté de briser l’ALN, mais le courage et l’organisation des Algériens ont rendu sa stratégie inefficace.

Pour Abd-El-Naceur Belaïd, « cette époque a été un véritable tournant historique. Les manifestations populaires, le travail diplomatique du GPRA et la mobilisation de la jeunesse ont montré que l’Algérie n’était pas seulement une colonie en révolte, mais un acteur stratégique sur la scène internationale, capable d’influencer l’opinion publique et de défendre sa légitimité politique ».

Selon l’historien, après la manifestation du 11 décembre 1960, la France a longtemps tenté de prétendre qu’il n’y avait pas de résistance en Algérie, affirmant qu’elle avait mobilisé tous les moyens pour briser toute opposition. Mais si l’on compare les statistiques, on constate que les Algériens exécutés étaient nombreux : c’était une stratégie de terreur, destinée à traumatiser et à faire peur. Les moudjahidine souffraient.

L’armement était difficile à acheminer. Quand une campagne était organisée pour l’approvisionnement en armes, les effectifs étaient réduits et les conditions extrêmement rigoureuses. Il était important de relancer la flamme de la résistance dans les villes. C’est un peu la théorie de Larbi Ben M’hidi : maintenir la lutte malgré les obstacles, malgré la volonté française de tout contrôler.

Les manifestations de 1960 ont été décisives. Juste après, l’ONU adoptait la résolution 1514, affirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et reconnaissant la légitimité de la lutte anticoloniale. Cela signifie qu’un lien direct s’établissait depuis les rues de Belouizdad jusqu’au siège de l’ONU à New York. Cette résolution constituait une défaite politique de la France, qui avait pourtant tout essayé pour éviter celle-ci.

Ces événements ont montré que la résistance algérienne ne pouvait être ignorée. La pression sur la France et la reconnaissance internationale de l’autodétermination devenaient ainsi irréversibles. La portée de cette mobilisation dépassait les simples affrontements. Elle inscrivait l’Algérie au cœur du débat international et ouvrait la voie à la décolonisation.



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