Malaises cardiaques : Recueil de données pour perfectionner la chaîne de soins

Dans le cadre de l’amélioration de la prise en charge des complications des malaises cardiaques, l’Institut national de santé publique (INSP) a lancé un registre régional des syndromes coronariens aigusSyndromes coronariens aigus Les syndromes coronariens aigus résultent de l'obstruction soudaine d'une artère coronaire. Cette obstruction provoque un angor instable ou une crise cardiaque (infarctus du myocarde) (SCA) pour Alger.
La mise en place de ce registre a pour principal objectif d’identifier, dans les meilleurs délais, les malades nécessitant une prise en charge urgente. C’est ce qu’a affirmé le directeur général de l’INSP, le Pr Abderrezak Bouamra, lors de la journée d’information organisée à l’occasion du lancement de ce registre.
Le président de la Société algérienne de cardiologie, le Pr Brahim Kichou, a indiqué que ce registre va dévoiler les nouvelles tendances sur l’incidence des maladies cardiovasculaires et contribuera ainsi à avoir un compte rendu précis de ce qui se passe réellement sur le terrain. Cela va permettre de se concentrer sur le diagnostic des maillons faibles dans la chaîne de la prise en charge des malades et d’éviter des complications graves qui peuvent mener au décès.
Pour sa part, le Dr Soraya Belamri, responsable du service des causes médicales de décès à l’INSP, a affirmé que les maladies cardiovasculaires constituent entre 18 et 20 % des causes médicales des décès, d’où la nécessité de la mise en place de ce registre.
Pour sa part, le Pr Mohamed Chettibi, chef du service cardiologie au CHU de Beni Messous, a expliqué que le SCA constitue un problème majeur de santé publique et que c’est une maladie aiguë causant une obstruction brutale et rapide de l’artère du cœur. Il a souligné que, dans ce cas, il serait vital de déboucher l’artère dans les six heures qui suivent sinon le patient décédera. Il a tenu à préciser que « la prise en charge rapide de ces syndromes est essentielle pour limiter les dommages au muscle cardiaque et améliorer le pronostic des patients ».
Il a rappelé, dans le même cadre, que la Société algérienne de cardiologie a déjà mis en place un registre national en 2015 dédié à la même pathologie, basé sur un maillage des différents secteurs sanitaires et différents hôpitaux à l’échelle nationale. Ceci a permis d’avoir une réelle cartographie de ce qui se passait sur le terrain.
Réduire les délais de prise en charge
Le constat est que même si le système de santé dispose d’un réseau de soins assez développé, avec des médecins généralistes facilement accessibles et des centres d’urgence présents dans la plupart des villes et villages, ce réseau souffre d’un manque de continuité entre les différents services, notamment entre les urgences et les services de cardiologie.
Ainsi, le délai de prise en charge des patients victimes de SCA est supérieur à 5 heures, alors qu’il devrait être inférieur à 2 heures. Selon les données recueillies, ce délai est dû à plusieurs facteurs, dont des retards liés aux patients eux-mêmes, qui peuvent ne pas consulter immédiatement, mais également des retards liés au système de soins. Il s’agit notamment des problèmes de diagnostic dans les centres d’urgence, un manque de prise en charge thérapeutique par les urgentistes et des transferts longs et inefficaces vers les centres de cardiologie.
Le Pr Chettibi a assuré que le retard de prise en charge des SCA a des conséquences graves sur le pronostic des patients, précisant que « plus le temps de traitement est long, plus les cellules myocardiques sont endommagées, ce qui peut entraîner une insuffisance cardiaque, voire la mort ». Selon lui, le lancement de ce nouveau registre à Alger contribuera à évaluer l’incidence des SCA et la qualité de leur prise en charge.
Il a indiqué que l’utilisation de fichiers informatisés selon des standards internationaux va permettre d’avoir des données beaucoup plus fiables et d’auditer les services concernés. Il s’agit de tous les services de cardiologie dans l’Algérois mais également les principaux centres d’urgence. « Nous sommes certains que ce registre va permettre d’avoir des données fiables qui vont nous permettre d’améliorer davantage la prise en charge des patients » a-t-il affirmé, annonçant que l’expérience acquise à Alger sera ensuite diffusée dans l’ensemble du territoire national.
De son côté, le Pr Djamel-Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie à l’hôpital Nafissa-Hamoud (ex-Parnet), a mis en exergue l’importance de la mise en place de ce registre dans les perspectives d’établir une véritable stratégie nationale pour une prise en charge efficace des maladies cardiovasculaires. Il a insisté sur le fait que les maladies cardiovasculaires représentent une véritable menace pour la santé publique.
Face à cette réalité, les données récoltées grâce à la mise en place du registre sont cruciales. Il a expliqué que « l’on ne peut pas soigner une maladie sans savoir quel est son incidence, ses causes, sa gravité, et sans savoir comment elle a évolué », enchainant que « c’est seulement avec la mise en place de ce type de registre que l’on peut évidemment donner des réponses qui sont importantes ».
Le Pr Nibouche a tenu à souligner que pour la réussite de la mise en place de ce registre, toutes les parties concernées devraient travailler en synergie et faire preuve d’une « volonté farouche ». Il a affirmé que c’est grâce à la conjugaison des efforts de tous que l’INSP pourra, pour la première fois, publier des chiffres concordants et fiables qui puissent donner l’évolution de cette maladie, un véritable enjeu de santé publique à court, moyen et long terme.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.