Makri appelle l’armée à faire des concessions
Le maintien de la présidentielle pour le 4 juillet prochain constitue un grand danger pour l’avenir du pays sur les plans politique et économique, et risque même de diviser les Algériens.
C’est ce qu’a affirmé ce lundi le président du parti du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri au forum d’El Moudjahid, appelant l’institution militaire à « faire des concessions » en reportant l’élection, et faire le premier pas dans la mise sur pied de la transition démocratique. Makri estime que l’armée, de par son poids, a une grande responsabilité à assumer pour aider le pays à surmonter sa crise et en venir à bout, considérant la lutte contre « la bande mafieuse » et la transition démocratique « indissociables ». Selon sa vision, c’est le manque de volonté qui envenime la situation politique, estimant que la solution est simple et sans avoir à inventer le fil à couper le beurre. Makri déclare : « Nous comprenons que l’armée ne veuille pas s’impliquer dans le jeu politique et privilégie la solution constitutionnelle pour faire barrage à toute ingérence étrangère. » Mettant l’accent sur la désignation d’une personnalité consensuelle et intègre avec laquelle le dialogue sera possible en tant que partie civile, Makri suggère l’application de l’article 102 de la Constitution dans le cadre d’une lecture large de ce texte fondamental. Cela, à ses yeux, permettra d’aller vers une période de transition de six à neuf mois pour bien asseoir les soubassements d’un long processus démocratique qui se concrétisera au fil du temps, tient-il à expliquer.
A la question d’être éventuellement convoqué par le tribunal militaire, le chef du MSP défie toute personne prétendant détenir des charges contre lui et affirme qu’il n’a rien à craindre par rapport aux arrestations ayant ciblé plusieurs hauts responsables de l’Etat et des personnalités politiques. Il se défend : « Je ne suis pas impliqué dans des trahisons, ni d’ordre économique ni d’ordre sécuritaire. Notre histoire et honorable et nous pourrons affronter n’importe qui se donnant le droit de remettre en cause notre bonne foi à servir le pays. »
Sur l’incarcération de la secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune, le patron du parti dit islamiste considère que le fait de criminaliser l’acte politique est inadmissible et qu’il relève de son devoir de dénoncer sa détention. « Malgré la divergence politique et idéologique entre le parti de Hanoune et le nôtre, il est de mon devoir en tant que démocrate et libre, de défendre la liberté de mes antagonistes quand il s’agit de criminaliser l’acte politique », martèle-t-il. Il a, toutefois, nuancé que si l’implication de Hanoune dans cette affaire de « complot contre l’autorité de l’état » est confirmée, il faut informer l’opinion publique sur la nature de ces charges.
Pour ce qui est du trio (Athmane Tartag, Mohamed Mediene, Said Bouteflika), l’invité du forum voit en leur convocation par le juge d’instruction du tribunal militaire une procédure « naturelle », compte tenu des graves accusations portées contre eux (complot contre l’Etat et atteinte à l’autorité de l’armée).
Par ailleurs, le président du MSP réitère son opposition quant à la structuration du mouvement populaire, et appelle à une mobilisation massive du mouvement et à davantage de patience pour pouvoir imposer la « solution pacifique ».