Maître Ali Yahia Abdenour tire sa révérence à l’âge de 100 ans
Le célèbre cofondateur de la Ligue des droits de l’homme d’Algérie et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdenour, est décédé, ce dimanche à son domicile d’Alger, à l’âge de 100 ans.
Et si tout le monde savait que sa fin, vu son âge avancé, n’était qu’une question de temps, il n’en demeure pas moins que l’annonce de sa mort a suscité dans les milieux tizi-ouziens une profonde tristesse. Le défunt était aimé et apprécié des milieux militants pour la démocratie et ses adversaires le respectaient pour ses positions et ses opinions politiques inflexibles.
Me Ali Yahia Abdenour, que beaucoup, par respect, appelaient tout simplement «Da Ali», est né le 18 janvier 1921 au village de Taqa, dans la commune d’Aït Yahia, daïra de Aïn El-Hammam. Après de solides études, il opta d’abord pour le métier d’instituteur.
Métier qu’il n’exerça pas longtemps. En 1943, alors âgé de 22 ans, il fut mobilisé par l’autorité coloniale qui l’a envoyé en Europe pour guerroyer contre les forces allemandes. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il fit son entrée au PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).
Cependant, il quitta cette force politique en 1949 après l’éclatement de la crise dite «crise berbériste». Au déclenchement de la guerre de libération nationale, Me Ali Yahia Abdenour n’hésita pas à rejoindre le FLN (Front de libération nationale). A la libération du pays, il fut appelé par ses pairs à faire partie de l’Assemblée nationale constituante. Il fut alors député. Il fut également et, respectivement, ministre des Travaux publics et des Transports puis de l’Agriculture et de la Réforme agraire.
Après s’être retiré du gouvernement en 1968, il devint avocat. Et c’est en tant que tel qu’il s’opposa farouchement au pouvoir politique d’alors. Et cette opposition lui coûta très cher. En effet, il fut arrêté en 1983. Il ne fut libéré qu’un an plus tard.
Cependant, l’incarcération ne lui fit pas abandonner son combat pour le respect de la dignité humaine. Bien au contraire, il fit davantage parler de lui en créant, avec d’autres militants, à l’instar du Dr Saïd Sadi, des instruments pour assurer la défense des droits de l’homme. En effet, il fut le cofondateur de la Ligue des droits de l’homme d’Algérie d’abord, ensuite de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme.
Ce fut en 1985. Pour contrecarrer le combat de Me Ali Yahia Abdenour et ses camarades, l’Etat algérien créa, deux ans plus tard, soit en 1987, la ligue algérienne des droits de l’homme. Toutefois, cette organisation ne fit pas de l’ombre à la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, cofondée par Me Ali Yahia Abdenour et ses camarades.
Lors de la décennie noire, l’avocat, toujours fougueux, défendit des militants de l’ex-FIS. Dans ce cadre précis, il dit tout haut que la mission d’un avocat est de défendre un accusé, et ce quelle que soit l’accusation portée contre lui.
Après le long feuilleton de l’ex-FIS, Me Ali Yahia Abdenour défendit encore de multiples causes. Des causes qu’il croyait profondément justes. A plus de 90 ans, on le trouvait toujours sur le terrain. En somme, feu Me Ali Yahia Abdenour eut une vie bien remplie. L’enterrement du défunt est prévu pour ce lundi, au cimetière de Ben Aknoun (Alger).