Mahfoud Kaoubi : «Il faut passer à des réformes de deuxième génération»

C’est une nouvelle étape que doit franchir le pays pour continuer le chantier des réformes économiques. Après les réformes menées sur le plan institutionnel et juridique, place à un nouveau chantier de réformes, et pas des moindres, celui touchant à la sphère réelle de l’économie.
C’est du moins l’avis de l’expert en questions économiques et financières, Mahfoud Kaoubi, selon lequel il est nécessaire de passer à « des réformes de deuxième génération ». Dans sa déclaration, hier à la radio nationale, il a souligné la nécessité de consolider les acquis de la première étape de réformes institutionnelles et juridiques. Signalant le fait que l’Algérie ait pu enregistrer, durant les trois dernières années, des taux de croissance positifs (une moyenne de 3 %), il a appelé à entamer des réformes concrètes pour hisser ce taux de croissance à 7 et 8 %.
Quelles réformes faut-il alors mener ? Pour M. Kaoubi, les réformes de deuxième génération doivent toucher la sphère réelle de l’économie nationale. Il s’agit, en premier lieu, d’accélérer la réforme financière en réhabilitant l’environnement bancaire avec la logique du marché. « L’économie de marché a besoin d’un secteur financier beaucoup plus dynamique, offensif en matière de prise de décision et moins bureaucratisé », a-t-il précisé, affirmant que l’ouverture du capital du CPA doit encourager les responsables à engager davantage de réformes.
La réforme du système de taux de change s’impose également, selon l’expert qui dit que « le système actuel est déconnecté avec la réalité des prix et celle des valeurs ». Il est aussi question de mettre en œuvre le chantier de la réforme industrielle. Bien que les lignes directrices aient été tracées dans la réglementation relative à l’investissement, il est nécessaire de décider ce qu’on veut développer comme industrie, selon M. Kaoubi, qui rappelle que la mise en place du plan national d’investissement tarde à voir le jour.
Il est aussi nécessaire, dans le cadre des réformes de seconde génération, de résoudre les problèmes importants de l’économie nationale, et le secteur marchand de l’Etat doit avoir une réponse claire à ce sujet afin d’amorcer un retour à la croissance. « Le secteur marchand de l’Etat consomme quelque chose comme 5 000 milliards de financements bancaires, mais aussi des assainissements à répétition qui ne donnent pas les résultats escomptés en termes de retour sur investissement. Cette décision attend les décideurs pour cette nouvelle étape en vue d’amorcer la croissance », a estimé l’expert en questions économiques et financières, lequel a indiqué que la performance en matière de décision et de gouvernance doit prendre en considération la question du temps, car on perd de l’argent lorsqu’on tarde à prendre la décision.
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