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Madagascar: Après la fuite du président Rajoelina, les militaires contrôlent le pays

Madagascar: Après la fuite du président Rajoelina, les militaires contrôlent le pays

A la veille de son investiture à la tête de Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a assuré jeudi que le renversement du président Andry Rajoelina, intervenu après sa fuite confirmée à l’étranger et le ralliement de l’armée aux manifestants, n’était « pas un coup d’État ».

Le nouveau homme fort du pays a nommé ce lundi 20 octobre un nouveau Premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo, un civil au profil d’expert économique. Après avoir consulté l’Assemblée nationale, il a nommé Rajaonarivelo, personnalité du secteur privé et ancien président d’une banque malgache, la Banque nationale de l’industrie (BNI).Une nomination qui fait débat au sein de la Gen Z qui a pris d’assaut les rues pendant plusieurs jours contre le président déchu.

Le nouveau président a promis un gouvernement civil et une collaboration avec « toutes les forces vives de la nation ».

Dans les rues d’Antananarivo, capitale de cette île pauvre et touristique de l’océan Indien, l’heure est la fête depuis mercredi, l’armée invisible, et la vie quotidienne a repris son cours, sans les barrages qui bloquaient la ville depuis le début des manifestations le 25 septembre.

« Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu’ils tirent, qu’il y a du sang… Ce n’est pas un coup d’État », a affirmé à la presse le colonel Michaël Randrianirina, 51 ans, qui doit prêter serment vendredi en tant que « président de la refondation de la République de Madagascar », selon un décret.

Sa désignation à la présidence par la plus haute juridiction du pays prouve d’après lui qu’il n’a « pas pris le pouvoir ». « On m’a donné le pouvoir, on m’a transféré le pouvoir, c’est différent. », a insisté le militaire lors d’un deuxième point presse jeudi depuis son bureau au siège de son unité militaire, le Capsat.

Le secrétaire général de l’ONU pourtant « condamne le changement inconstitutionnel de gouvernement à Madagascar » dans un communiqué jeudi de son porte-parole qui « appelle au rétablissement de l’ordre constitutionnel et de l’état de droit ».

L’Union africaine, après avoir déjà suspendu le pays de ses instances, a annoncé jeudi l’envoi d’une délégation pour « soutenir le lancement d’un dialogue » qui soit « mené par les Malgaches et dirigé par des civils ».

La veille, la France, ex-puissance coloniale, a jugé « essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit soient scrupuleusement préservés ».

Lors du point presse, le colonel Randrianirina a précisé qu’il ne dissoudrait plus la quasi-totalité des institutions comme il l’avait déclaré mardi, après avoir annoncé: « on a pris le pouvoir ».

Le nouveau Premier ministre a un profil d’expert économique, consultant international pour la Banque mondiale, l’Union européenne ou encore le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), rapporte le site 24H Mada. Herintsalama Rajaonarivelo est donc un interlocuteur connu des institutions internationales et des bailleurs. Il est également impliqué dans les questions de commerce international.

Herintsalama Rajaonarivelo est un homme du sérail dans le monde des affaires à Madagascar. Il a été à la tête du patronat malgache pendant plusieurs années. Il a occupé les fonctions de président du Conseil d’administration de la banque malgache BNI autrefois affilié au Crédit Lyonnais/Crédit Agricole.