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Nationale Algérie-France

La visite de Macron en Algérie : un séjour qui fera date

La visite de Macron en Algérie : un séjour qui fera date

C’est une image tout à fait inattendue et c’est sans doute celle qui résumera pour longtemps le contenu de la visite que vient d’effectuer le président français Emmanuel Macron en Algérie. Dans la profusion des images diffusées et mises à la connaissance du public, il y a celle qui représente la réunion entre les plus hauts responsables de l’armée et des services de renseignement des deux pays.

C’est une première dans la relation bilatérale et sans doute un précédent dans le cas de l’Algérie avec ses autres partenaires. Et ce n’est pas peu que ce rendez-vous réunisse deux pays entre lesquels la méfiance l’a plutôt emporté quand il s’agit d’affaires militaires et de sécurité. Et ce n’est pas peu encore qu’il ait été porté à la connaissance du public, permettant aussi aux Algériens de découvrir, réunis, le visage des principes chefs des services de renseignement.

Depuis l’éviction du général Toufik qui avait bâti une légende autour de sa personne, le tabou a été certes brisé et on a pu découvrir le visage de son successeur Bachir Tartag dit « le bombardier ». Pour autant, cet acte de démystification fera date.

Les deux chefs d’Etat, chefs suprêmes des forces armées et en même temps ministre de la Défense dans le cas de Tebboune, ont insisté sur la l’importance de la réunion qui annonce un travail commun dans un cadre dépassant la relation bilatérale pour s’ancrer dans l’environnement géopolitique à un moment où les blocs se renforcent : la France est la première puissance militaire de l’Union européenne et l’Algérie l’une des premières en Afrique. Les deux pays ont des préoccupations communes au Sahel et en Libye et veulent agir conjointement dans le continent.

« Nous nous sommes retrouvés avec nos ministres des armées, chefs d’état-major des armées et grands directeurs [du renseignement] avec une volonté d’avancer sur les questions existentielles, stratégiques et sécuritaires qui étaient comme un angle mort jusqu’alors dans notre relation » , a commenté Emmanuel Macron.

« Notre volonté est de renforcer le partenariat avec l’Algérie, de pouvoir œuvrer ensemble, à la fois sur le plan politique et diplomatique, a-t-il poursuivi, mais aussi pour passer les bons messages et éviter que des mercenaires puissent fleurir dans la région », a-t-il ajouté en citant le groupe russe Wagner désormais implanté au Mali d’où la la force militaire française a été chassée.

Pour l’Algérie, il y aura un équilibre difficile à trouver la Russie étant un partenaire militaire important. Les deux pays prévoient d’ailleurs des manœuvres conjointes dans le sud algérien à l’automne prochain.

Si la coopération militaire devait se confirmer, cela va sans doute réaliser cette “dynamique irréversible” que les deux chefs d’Etat ont lancée ce week-end à Alger où elle a été traduite par une Déclaration conjointe. Tebboune et Macron ont affiché des élans de sympathie réciproque qui ont démenti les sombres pronostics faits avant le déplacement. Ils se sont salués, la main sur le cœur.

Pour M. Tebboune, les trois jours de visite d’Emmanuel Macron ont “permis un rapprochement qui n’aurait pas été possible sans la personnalité même du président”.

Désormais, les deux pays vont pouvoir “agir ensemble dans beaucoup de domaines en dehors de l’Algérie et la France”. “Ce rapprochement va nous permettre d’aller très très loin”, a-t-il ajouté.

Après avoir parlé de « refondation » de la relation bilatérale du temps de Chirac puis de « partenariat stratégique » avec Hollande, l’heure est au “nouveau partenariat privilégié”. Il “devenu une exigence dictée par la montée des incertitudes et l’exacerbation des tensions régionales et internationales”.

Pour “rehausser” le niveau de “leurs concertations”, Paris et Alger vont instaurer un “Haut conseil de coopération” au niveau des chefs d’Etat, qui se réunira “tous les deux ans”, alternativement à Alger et Paris, pour examiner les “questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun”. Des visites ministérielles dans tous les domaines de coopération sont également prévues.

Pour M. Macron, la Déclaration d’Alger va permettre que “l’intimité se renforce en ayant un dialogue permanent sur tous les sujets, y compris les sujets qui nous empêchaient d’aller de l’avant, car ils revenaient sans cesse, la mémoire par exemple”.

La question mémorielle autour de la colonisation française (1830-1962) et la sanglante guerre de libération avait provoqué une grave brouille entre les deux pays à l’automne dernier, après des propos de M. Macron sur lesquels il a fait amende honorable.

La commission mixte d’historiens décidée pendant la visite de M. Macron pour aplanir les dissensions et affronter “avec courage” le passé, selon les mots du président français, “pourrait être installée dans les 15 à 20 jours qui suivent”, a annoncé M. Tebboune.

La Déclaration d’Alger évoque aussi en filigrane la question des visas qui a également empoisonné la relation bilatérale ces derniers mois après une division par deux de leur nombre par la France pour les Algériens, au motif d’un manque de collaboration pour l’expulsion des indésirables.

Paris et Alger ont décidé de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine tout en “encourageant la mobilité pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, artistes, responsables d’association, sportifs” et les familles de binationaux.

Il est difficile de dire que la visite coïncidant avec les 60 ans de l’indépendance aura été un simple voyage. Elle fera date.

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