Des syndicats contre les « médicaments cabas »

La lutte contre les « médicaments cabas » et la vente des produits pharmaceutiques en ligne est devenue impérative, afin de diminuer ce phénomène qui prend des proportions alarmantes. C’est une pratique nocive pour la santé publique. C’est ce qu’a déclaré ce lundi le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, lors d’une rencontre, organisée à Alger, portant sur l’approvisionnement en médicaments des établissements hospitaliers.
Lors d’une rencontre organisée, ce lundi à Alger, le ministre Ali Aoun a appelé à mener une lutte ferme contre les médicaments cabas et la vente des produits pharmaceutiques en ligne. Par ce terme, on désigne surtout un marché informel des médicaments, qui échappe à tout contrôle et commence à susciter de profondes inquiétudes auprès des pouvoirs publics et des citoyens.
« Les médicaments cabas » envahissent le marché, notamment une certaine variété de médicaments sous tension ou dont la disponibilité est aléatoire. Les produits se commercialisent dans les officines et notamment via les réseaux sociaux et les sites spécialisés du commerce en ligne. Ce phénomène, qui prend de l’ampleur d’année en année et nuit à la santé publique, a suscité l’appréhension des professionnels de la santé, représentés notamment par le Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO).
Le président du SNAPO, Messaoud Belambri, a fait savoir que son syndicat a toujours dénoncé la présence des « produits cabas » sur le marché algérien. Un phénomène qui, selon lui, a pris de l’ampleur au cours de ces dernières années sous prétexte de la pénurie de médicaments ou leur rareté.
« Les gens qui s’adonnent à cette pratique illégale sont en dehors de la profession. Si on veut vraiment lutter contre les produits cabas et l’introduction illégale des produits pharmaceutiques sur le marché national, il faut améliorer la disponibilité, c’est-à-dire lutter, d’une manière forte, contre la pénurie des médicaments », a-t-il précisé.
Il a estimé que les « produits cabas » représentent un véritable danger pour la santé des citoyens, indiquant que « c’est une question de sécurité sanitaire étant donné que les produits, introduits de différentes manières et de différents pays, notamment de l’Orient, de l’Extrême Asie et de l’Europe, à travers les frontières, sont non-conformes. « Il peut y avoir des médicaments périmés », a expliqué encore le responsable.
Le SNAPO a dénoncé la vente en ligne, sur les pages web et les réseaux sociaux, des médicaments, introduits notamment de manière frauduleuse sur le territoire national. « Ce qui constitue un danger réel pour la santé de nos concitoyens car ce type de vente encourage l’introduction de produits prohibés, non autorisés ou contrefaits », a-t-il prévenu.
Il a ajouté que ces médicaments et autres produits pharmaceutiques vendus en ligne ou ramenés dans des cabas ne sont pas sûrs. Il peut s’agir de médicaments contrefaits où des substances toxiques sont utilisées.
Il a appelé à travailler en étroite collaboration avec les services de sécurité, notamment la police, la gendarmerie et les Douanes algériennes pour mettre fin à cette pratique illégale et dangereuse pour la santé du citoyen.
Le SNAPO dénonce toutes les pages et les points de vente détectés par les adhérents du SNAPO aux services de sécurité.
Belambri a salué l’initiative du ministère de l’Industrie pharmaceutique de faire preuve d’une volonté sincère pour éradiquer ce phénomène récurrent.
Selon le vice-président national du SNAPO, le Dr Karim Merghemi, la déclaration du ministre de l’Industrie pharmaceutique reflète la réalité amère du marché du médicament en Algérie. « En tant que syndicat, nous avons toujours dénoncé l’introduction des produits pharmaceutiques dans des cabas », a-t-il déclaré.
Il s’est étalé sur les causes qui sont à l’origine de cette pratique illégale, à savoir la pénurie des médicaments et l’absence de contrôle des autorités compétentes, ajoutant que ces facteurs ont favorisé l’importation illégale des produits pharmaceutiques qui ne sont pas enregistrés en Algérie et ne sont pas contrôlés par l’Agence nationale des produits pharmaceutiques.
Abondant dans le même sens, le Dr Merghemi a précisé que la nocivité de ces produits est énorme ; elle touche directement la santé publique.
Saluant les déclarations du ministre, Karim Merghemi a réitéré l’engagement du SNAPO à lutter contre ce fléau. Il a également fait savoir qu’un arsenal juridique est mis en place pour lutter contre l’importation illégale des produits pharmaceutiques, notamment la loi sur la santé dont les articles 241-242-422 évoquent les produits introduits contrefaits.
Le président de l’APOCE, M. Zebdi, a indiqué que la lutte à laquelle le ministre de l’Industrie pharmaceutique a appelé est bonne, efficace et inévitable, à condition de mettre à la disposition des malades algériens les médicaments dont ils ont besoin.
Zebdi a affirmé qu’actuellement, le marché des médicaments connaît des pénuries qui touchent même des produits de première nécessité, comme les anticancéreux. « Je suis en train de chercher pour un malade un produit utilisé dans la chimiothérapie et je n’arrive même pas à le trouver », a avoué M. Zebdi pour appuyer ses arguments.
Il a ajouté que cette lutte pourra s’installer dès lors qu’il y aura les médicaments dont les Algériens ont besoin. « Comment peut-on mener une lutte maintenant alors qu’il y a un manque flagrant de médicaments sur le marché ? C’est là une manière de condamner le malade », a-t-il conclu.
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