L’UGTA invitée à investir la sphère privée
Le patron du FCE, la puissante organisation patronale, Ali Haddad a révélé hier lors de la cérémonie marquant le 60e anniversaire de la création de l’UGTA son souhait de voir le syndicat historique s’implanter dans les entreprises privées où il est, à l’heure actuelle, quasiment absent et même supplanté par les syndicats autonomes. « Soyez convaincus que le Forum des chefs d’entreprises est totalement acquis au principe d’un syndicat des travailleurs fort et engagé dans la défense des intérêts de cette importante catégorie de la population.
Nous sommes prêts à signer avec vous le protocole d’accord entre le FCE et l’UGTA », dira le leader du FCE à l’adresse d’Abdelmadjid Sidi Saïd. Si la majorité des employés du secteur privé est affiliée à des syndicats autonomes, les travailleurs relevant du secteur public sont tous, à l’exception de quelques secteurs (éducation, enseignement, santé et administration publique), affiliés au syndicat historique UGTA à travers ses quinze fédérations. En termes de travailleurs encartés, l’UGTA garde un nombre important par rapport aux syndicats autonomes ; ces deniers commencent à inquiéter sérieusement les responsables de la centrale qui voient d’un mauvais œil l’incursion de ces syndicats libres dans son giron. La Centrale syndicale, qui fête aujourd’hui ses 60 ans d’existence, n’est plus seule sur le terrain social. Des dizaines de syndicats autonomes sont apparus au début des années 1990 après l’ouverture du champ politique et syndical. Ils étaient une cinquantaine à avoir été agréés dans la foulée de « l’ouverture démocratique » au début des années 1990. Aujourd’hui, le terrain semble un peu plus dégagé pour l’UGTA qui entend investir le secteur privé après la main tendue du patron du FCE. Cette entente UGTA-FCE sur bien des points et positions qui sont souvent convergents commence à faire jaser aussi bien dans la classe politique que dans le milieu syndical.
L’idylle naissante et inattendue entre un syndicat et une organisation patronale, bien qu’elle soit unique en son genre, car leurs intérêts et leurs objectifs divergent souvent, trouve sa parfaite illustration dans le combat que mènent les deux partenaires dans la défense et la promotion de la production nationale, un thème cher aux deux organisations. Et même au-delà de ce principe car leurs adversaires les soupçonnent même d’avoir contracté un deal qui pourrait aller beaucoup plus loin dans la perspective d’une succession annoncée à l’orée de la présidentielle de 2019. Telle est la question posée aujourd’hui. Bien qu’au fil des mandats du président Bouteflika, l’UGTA se soit positionnée toujours pour l’actuel locataire du Palais d’El Mouradia et participe au débat politique. Mais les relations entre le syndicat historique et le politique ne peuvent se résumer dans cette seule phrase. C’est loin d’être la première fois que la Centrale se prononce en faveur d’un candidat lors d’une élection. Et même lorsque le syndicat ne le fait pas de manière claire, les valeurs qu’il défend et les critiques qu’il formule à l’égard de tel ou tel candidat ou de telle ou telle mesure permettent souvent de lire entre les lignes.
Le chef de l’État a placé son quatrième mandat sous le signe du développement économique pour faire en sorte que l’Algérie se mette définitivement sur les rails du développement. Et il compte vraiment sur le secteur privé. Celui-ci doit être imaginatif, créer des entreprises et attirer des investisseurs étrangers pour accompagner ce changement dans le pays, qui en a grandement besoin surtout en cette période de vaches maigres.