L’opposition à la recherche d’un candidat unique
« C’est la rencontre de la dernière chance. » Pour ce dirigeant d’un parti politique, le sommet prévu ce mercredi à Alger est déterminant pour l’opposition. Un sommet dont l’objectif premier est d’unifier toute l’opposition ou au moins une grande partie, sur une feuille de route commune par rapport à l’élection du 18 avril prochain. Cette rencontre aura lieu dans la demeure de Abdellah Djaballah, leader du mouvement Adala, et devrait regrouper une douzaine de chefs de parti politique, des personnalités indépendantes, ainsi que des figures de proue des organisations de la société civile.
Initiateur de ce sommet, Djaballah a entamé des consultations intenses depuis quelques jours avec toutes les tendances politiques de l’opposition. Son mot d’ordre est un débat autour deux scénarios : soit une participation à la présidentielle avec un candidat unique, soit le boycott actif, et rejoindre ainsi les positions du FFS et du RCD.
Selon nos informations, il existe une tendance lourde au sein des invités à cette rencontre, celle de la participation avec une candidature unique, qui serait consensuelle. En cas d’accord sur ce point, il y aurait rapidement la mise en place d’une direction collégiale qui débutera l’opération du recueil des signatures, la rédaction d’un programme électoral et l’examen d’une stratégie médiatique. A deux semaines de la date butoir du 3 mars du dépôt des dossiers de candidature auprès du Conseil constitutionnel, ce projet est condamné à jouer contre la montre. Mais, dans l’entourage du parti de Djaballah, on est optimiste sur la mobilisation des moyens humains et matériels dans cette perspective et en si peu de temps. En dépit des divisions et des querelles, il semble que l’état d’esprit de certains chefs de parti a largement évolué par rapport aux années précédentes, bien que des observateurs pensent le contraire, estimant que l’opposition a été victime d’une cassure durable avec le sabordage de la défunte plateforme de Zéralda et la mise à mort de la fameuse coordination nationale des libertés et de la transition démocratique.
Selon nos informations, le choix d’une candidature unique de l’opposition fait actuellement l’objet de vifs débats. Une certaine décantation semble s’opérer toutefois. Si Benbitour s’est dit non
concerné, Makri veut faire cavalier seul avec son propre parti, le MSP. Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs semble, cette fois, moins ambitieuse, tout comme Ali Benflis, qui n’a pas encore tranché sur sa participation, mais qui donne des signes de refus d’y aller. Il reste deux noms qui s’imposent dans ces débats : AbdelkaderB engrina, président d’El Bina, un ancien ministre et islamiste modéré, et le candidat indépendant Ali Ghediri, un officier supérieur à la retraite. Ces deux-là ont déjà entamé la collecte des signatures auprès des élus des APC, APW et APN, ainsi qu’auprès des citoyens. Selon des indiscrétions, ils auraient recueilli déjà des dizaines de milliers de signatures et ils sont tout proches des 60 000 requises.
Cependant, le sommet de ce mercredi risque également de déboucher sur une l’autre scénario, toujours probable, celui du boycott. Car, pour de nombreux observateurs, l’idée d’une candidature unique a peu de chances de réussir. Pire, elle serait improbable, en raison des divisions profondes et des divergences, non seulement politiques, mais idéologiques. Cela s’affiche depuis des semaines avec des déclarations complètement contradictoires des uns et des autres. Des positions inconciliables qui ne favorisent guère un rassemblement, ni autour d’une candidature unique comme l’espère Djaballah, ni autour du boycott, puisque chaque formation a sa propre analyse de la situation et de la conjoncture politique. Certains boycottent parce qu’ils revendiquent une constituante souveraine et libre, alors que d’autres émettent des doutes sur la transparence du scrutin et brandissent la fraude comme épouvantail.