L’OPEP maintient le cap

Ce sera un sommet sans grand surprise pour l’OPEP. Pratiquement, il ne reste plus que des détails techniques pour parapher un accord prêt depuis quelques semaines déjà.
Tous les membres du cartel, ainsi que la douzaine des partenaires qui ont signé l’accord de Vienne en novembre 2016, sont unanimes sur le point de proroger la durée de cet accord de réduction de la production du brut.
A vingt-quatre heures de l’ouverture des travaux de ce sommet, les observateurs estiment que l’OPEP n’a pas d’autre choix pour équilibrer le marché et surtout valoriser les cours.
Ainsi, alors qu’on s’attendait à des résultats probants après six mois de respect de l’accord, voilà que le schiste américain est venu gonfler les réserves mondiales et fait échouer la stratégie commerciale de l’OPEP.
D’ailleurs, il aura fallu que le cartel s’allie avec de gros producteurs en dehors de l’organisation, comme la Russie, pour pouvoir peser sur le marché et jouer le rôle d’arbitre. Il est vrai que cette réduction obtenue au prix de tractations et de négociations ardues a abouti à une hausse significative des cours après une plongée historique.
Mais, cela a réanimé l’industrie américaine des pétroles non conventionnels, qui a enregistré des rebonds et freiné quelque peu les ardeurs de l’OPEP.
En jouant sur l’option de l’offre mondiale, et en maniant les leviers adéquats, l’OPEP s’est retrouvée face à une situation inédite, celle d’une production parallèle de schiste, qui a complètement bousculé les calculs et paralysé les options de la demande mondiale. En un mot, l’OPEP ne peut éponger les stocks ou les surstocks du brut, en visant 1,8 million de barils par jour.
Il fallait donc renégocier encore cet accord en jouant sur la durée, d’où la prolongation de cette réduction avec quelques variations au niveau des quotas de chaque pays. Déjà, Moscou et Riyad se sont dits prêts à tout pour rééquilibrer le marché, suggérant le renouvellement de l’accord de Vienne pour neuf mois, soit jusqu’à la fin du premier trimestre 2018.
Une proposition qui est déjà soutenue par la majorité des pays producteurs, petits ou grands. Pour les experts, il n’y a pas de doute, les investisseurs s’attendent à zéro surprise à l’issue de ce sommet.
Certains pensent que des pays dispensés de la baisse de leur production en 2016, comme le Nigéria ou la Libye, pourraient accepter une limitation de leurs quotas en dépit de leurs problèmes politiques et sécuritaires.
Malgré cela, il existe encore un sentiment de scepticisme, en raison de l’échec de la stratégie de l’OPEP et surtout de l’étroitesse de ses marges de manœuvre face à la créativité technologique et au dynamisme industriel des compagnies qui exploitent le pétrole de schiste.
Ces dernières tournent à plein régime, alors que celles du cartel doivent encore repartir à la hausse. Mais, cela n’aura pas d’impact réel ni immédiat sur les cours.
Pour les experts, le défi d’un pétrole plus cher à court terme intéresse surtout l’Arabie saoudite, d’autant qu’elle prépare la mise en Bourse de sa compagnie nationale Aramco, d’où des raisons d’espérer un baril plus cher pour des actions plus valorisées. Une action chère pour Aramco va influer directement sur les titres des autres groupes pétroliers mondiaux. Un baril à 45 ou à 55 dollars fait toute la différence.
Mais, au-delà de ces fluctuations et des calculs boursiers, le sommet a peu de chances d’avoir le moindre impact de longue durée sur le marché pétrolier . Pour les observateurs, il faudra plus que le niveau actuel des quotas ou des niveaux de production pour faire remuer le baril vers le haut.
A quelques heures du sommet, le baril du Brent stagne encore à l’ouverture des séances de cotations. En Asie, on note même une baisse assez minime, sans gravité.
La tendance reste à la sérénité chez les investisseurs, qui ne paniquent plus sur l’avenir du marché du pétrole.
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