L’ONU veut des renforts

Au moment où les médias répercutent l’annonce d’une nouvelle résolution onusienne pour renforcer la lutte contre l’organisation terroriste Daech en Libye, on apprend sur le site de l’Organisation des Nations unies qu’une réunion de responsables militaires s’est tenue avant-hier à New York.
De hauts gradés issus de plus de 100 pays auraient participé à une séance de travail au siège de l’ONU pour « discuter des questions centrales relatives au maintien de la paix des Nations unies et de l’appui dont a besoin l’Organisation ». Information loin d’être anodine dans un contexte de tensions mondiales particulièrement compliquées par la donne terroriste.
La dernière résolution onusienne concernant la Libye, adoptée à l’unanimité vendredi, vise donc à renforcer les moyens de lutte contre l’Etat islamique(Daech), cette nébuleuse terroriste très active dans l’ex-Jamahiriya.
Pour l’instant, personne ne semble en mesure d’expliquer en quoi cette résolution apporte un soutien pratique à la bataille contre le terrorisme. L’embargo sur les armes étant maintenu, faute d’interlocuteur crédible ou à cause de la faiblesse du gouvernement de Tobrouk, officiellement reconnu par la communauté internationale mais fortement concurrencé par celui de Tripoli.
Une autre résolution a cependant confirmé que l’option du dialogue inclusif interlibyen demeure retenue par l’organisation de Ban Ki moon, puisqu’il s’agit de prolonger le mandat de la MANUL, la Mission d’appui des Nations unies en Libye, jusqu’au 15 septembre 2015. Pour rappel, cette mission dirigée par Bernado Leon tente d’encadrer, depuis quelques semaines, une médiation entre les différentes parties libyennes engagées dans ce qui est devenue une véritable guerre civile.
L’ONU sans moyen
Mais, tandis que le cas libyen bénéficiait d’une attention particulière sans réelle avancée pratique par ces deux résolutions adoptées, l’ONU accueillait ce même vendredi une concertation d’une extrême importance. Celle de hauts officiers militaires venus de plus de 100 pays, comme le signifie la synthèse publiée sur le site.
A l’ordre du jour, les besoins de l’instance internationale pour assurer le maintien de la paix en différents foyers d’extrême tension dans le monde. Dans un discours grave, le secrétaire général, Ban Ki moon, a présenté le tableau inquiétant de la combinaison entre les conflits d’ordre sociopolitique et le truchement du terrorisme transnational.
« A travers le monde, la violence détruit des civils innocents, menace de déstabiliser des régions et affecte la sécurité nationale de chaque Etat membre représenté ici aujourd’hui (…)le paysage sécuritaire mondial est dangereusement complexe, marqué par le terrorisme, le crime organisé, les guerres civiles et même les crises sanitaires.
Au cours des deux dernières décennies, le Conseil de sécurité a donné aux Casques bleus des mandats de plus en plus difficiles(…)les besoins augmentent, mais les ressources sont limitées ». Message clair à une assemblée de chefs militaires forcément au même niveau d’information que le SG onusien : l’ONU n’a pas la capacité de réaction qu’impose la situation dans le monde.
Ban, militariste naïf ?
Fait marquant, Ban Ki moon a cité, pour illustrer son propos, la situation dans le nord du Mali où la MINUSMA assume un mandat bien délicat. On ne sait pas si des responsables militaires algériens ont assisté à cette réunion, mais la position clairement réaffirmée de l’Algérie, à Charm El Cheikh en Egypte, par le MAE Ramtane Lamamra, réitérant l’impossible engagement de l’ANP hors du territoire national, aurait pu inspirer l’appareil onusien.
En effet, le maintien de la paix par des coalitions étrangères bute contre la multiplication des conflits et des zones de tensions. En ce sens, la promotion de la stabilité interne par les forces politiques et sécuritaires souveraines, axe de travail suggéré par le chef de la diplomatie algérienne, paraît la plus efficiente pour pallier ce déficit flagrant de moyens d’intervention de l’ONU.
Les Casques bleus ne pouvant prétendre à un déploiement in extenso ni dans le temps ni dans l’espace. Aussi peut-on douter de la pertinence de certains passages du discours de Ban Ki moon : « C’est notre plus grand déploiement dans notre histoire. Il doit s’accompagner d’un partenariat international plus fort pour le maintien de la paix (…)
Cela inclut aussi davantage de troupes sur le terrain venant de pays développés ayant des armées technologiquement avancées ». Les armées des pays développés n’interviennent en général que lorsque ces pays sont directement concernés par la menace ou qu’ils peuvent tirer quelques dividendes économiques ou politiques. Avec les dérapages néocolonialistes que l’on sait. Ban Ki moon ne l’ignore pas non plus.
C’est pourquoi l’ONU ferait bien de défendre le droit international avec plus d’équité pour prévenir les crises majeures qu’aucune armée, ni pour la guerre ni pour la paix, ne peut résoudre.
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