L’ONU appelle à une «pause militaire» au Yemen
Le Coordonnateur humanitaire des Nations unies pour le Yémen, Johannes Van der Klaauw, a réclamé jeudi une nouvelle fois « une pause humanitaire » à Aden pour permettre aux agences humanitaires de fournir une assistance aux civils.
« Les gens à Aden ont enduré des conditions extrêmement difficiles à cause des combats au cours des six dernières semaines et doivent être en mesure de se déplacer vers des zones plus sûres pour obtenir une assistance médicale.
La violence envers les civils et les travailleurs humanitaires et les attaques visant les hôpitaux et d’autres infrastructures civiles doivent cesser immédiatement », a-t-il dit. M. Van der Klaauw, s’est dit profondément préoccupé par les informations en provenance d’Aden faisant état de dizaines de personnes tuées et blessées, dont de nombreux civils, lors des affrontements, et a réclamé une pause humanitaire.
« Des civils auraient été visés alors qu’ils tentaient de fuir vers des zones plus sûres, après avoir été piégés à Aden sans accès, ou bien un accès limité, à de l’eau, de la nourriture et des soins de santé pendant des semaines », a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse.
Le Coordonnateur humanitaire a demandé à toutes les parties au conflit de permettre aux civils de quitter les zones de combat et de fournir un accès rapide, sûr et prévisible à toutes les personnes dans le besoin au Yémen.
L’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition contre les rebelles houthis au Yémen, a proposé quant à elle un cessez-le-feu de cinq jours pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire à la population durement affectée par le conflit.
« Le royaume pense qu’il peut y avoir un cessez-le-feu de cinq jours au Yémen pour coordonner avec les organisations internationales l’acheminement d’une aide humanitaire », a déclaré le chef de la diplomatie Adel al-Jubeir lors d’une conférence de presse à Ryadh avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
M. Jubeir a estimé toutefois que ce cessez-le-feu ne pouvait se réaliser que « si les Houthis et leurs alliés (des militaires fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh) y souscrivent, n’empêchent pas les efforts humanitaires et ne lancent pas d’actions agressives ».
M. Kerry a, de son côté, appelé les Houthis à accepter la proposition saoudienne. « Nous appelons toutes les parties à donner leur accord » à l’initiative de Ryadh, a-t-il dit. Sur le terrain, deux saoudiens ont été tués suite à la chute d’un obus dans la province frontalière d’AlHarth, a annoncé la Défense civile saoudienne. Cinq autres avaient également été tués suite à des tirs de roquettes sur la ville de Najran, a-t-on ajouté de même source.
L’armée saoudienne a reculé de 7 kilomètres de la frontière avec le Yémen. Des sources yéménites non confirmées ont également fait état de l’écrasement d’un hélicoptère saoudien de type Apache au nord du pays.
Entre-temps, l’Arabie a poursuivi ses frappes, menant trois raids contre la province de Saada (nord), et plusieurs bombardements contre la région de Hadida, à l’ouest du pays. Même les hôpitaux n’ont pas été épargnés. Un navire saoudien a visé par plusieurs missiles l’Hôpital Maydi à Hajja à l’ouest du pays.
Ces raids interviennent après la libération par l’armée et les forces d’Ansarullah (Houthis) de la région stratégique de Tawahi à Aden (Sud). Les milices de l’ex président yéménite réclament une « intervention terrestre » dans une lettre à l’ONU. Cet appel intervient après l’échec de la coalition et de leurs alliés de prendre le contrôle de la ville portuaire d’Aden.
Les partisans du président démissionnaire réfugié en Arabie, Abed Rabbo Mansour Hadi, ont appelé à une intervention rapide « par des forces terrestres », notamment dans les villes d’Aden et de Taëz.
L’ambassadeur du Yémen aux Nations unies, Khaled Alyemany (pro-Hadi), a appelé à cette intervention terrestre dans une lettre adressée mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies, rapporte Reuters.
Le 27 mars, une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite a entamé une série de frappes aériennes contre le Yémen faisant des milliers des martyrs et des blessés, dont notamment des femmes et des enfants. Au cours des six semaines qui ont suivi l’escalade du conflit au Yémen, plus de 1.400 personnes ont été tuées et près de 6.000 blessées, dont de nombreux civils, par des frappes aériennes et lors d’affrontements au sol.