Loi syndicale : les syndicats sur le qui-vive

Le refus des deux projets de loi relatifs aux modalités d’exercice syndical et au règlement des conflits du travail et au droit de grève fait l’unanimité chez les syndicats. Ces derniers appellent à l’arbitrage du président de la République. Une trentaine de syndicats autonomes de fonction publique se sont mobilisés, n’écartant pas le recours à des actions de protestation pour faire entendre leurs voix.
Une réunion de concertation élargie a regroupé, jeudi dernier, au siège de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF), une trentaine de syndicats représentants plusieurs secteurs d’activités. Ils ont exprimé leur refus catégorique des deux projets de loi régissant l’activité syndicale, considérés comme étant « une dérive et une atteinte aux libertés syndicales ».
Dans un communiqué rendu public hier, les syndicats autonomes ont réitéré leur position, faisant appel à une grande mobilisation à travers l’organisation des assemblées générales et des conseils nationaux, pour d’éventuelles actions de protestation. Le communiqué a précisé que les augmentations auxquelles a appelé le président de la République ne répondent pas totalement aux attentes des citoyens, à cause de l’absence de l’observatoire national du pouvoir d’achat auquel appellent ces syndicats, surtout suite à la hausse du taux de l’inflation et des prix des produits de consommation.
Contacté par le Jeune Indépendant, le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), a expliqué que la CSA a pris contact avec d’autres syndicats autonomes concernés qui se reconnaissent dans la même démarche, à savoir le refus catégorique des deux projets de loi, appelant à leur retrait et dénonçant le fait qu’aucune concertation ni dialogue n’aient été entamés entre les syndicats et le gouvernement.
« Tout le monde s’accorde à dire que lesdits projets de loi vont mettre en cause quelque chose d’essentiel, à savoir le droit syndical et le droit de grève », a-t-il indiqué, estimant que « si les travailleurs n’ont pas la possibilité de s’organiser dans la protestation au niveau de leurs entreprises, autant ne pas mettre sur place des sections syndicales compte tenu des contraintes ».
Le premier responsable de SNPSP a rappelé que tous les groupes parlementaires, notamment le FLN, RND, El Moustakbel et le MSP ont été sollicités par la CSA en tant qu’élus du peuple, censés garantir le respect de la Constitution et les lois de la République, dans le but de réagir sur la question de la liberté syndicale. Le CSA a responsabilisé les parlementaires sur le devenir de cette question.
Le Dr Merabet a fait savoir que les syndicats ont évoqué le pouvoir d’achat, interpellant les autorités à améliorer les conditions de vie des citoyens. Dans ce sens, il a rappelé la nécessité de mettre en place l’observatoire national pour la protection du pouvoir d’achat. Le président du SNPSP a expliqué que le communiqué est destiné aux syndicats qui n’ont pas encore adhéré à la démarche, y compris les fédérations et structures administratives et publiques de l’UGTA au niveau national, aux travailleurs, au gouvernement.
En guise de conclusion, le Dr Merabet a mis en garde contre l’adoption des deux projets de loi qui risquent d’engendrer de larges actions de protestation et de déstabiliser grandement la situation socio-économique.
De son côté, Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), a tenu à rappeler que la CSA a appelé à l’élargissement du front de concertation et de refus des projets de loi. « Nous attendons la réponse du président de la République », a-t-il dit, ajoutant que « notre réunion prévue dimanche prochain portera sur les actions de protestation menées pour dénoncer les deux projets de loi ».
Notons que l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a pris également position, dénonçant les deux projets dont les textes sont soumis actuellement en examen au niveau de l’APN. Selon un communiqué de la Centrale syndicale UGTA, signé par son secrétaire général Salim Labatcha, le secrétariat national « a regretté le fait de ne pas avoir été associé lors de la préparation de ces projets de loi pour pouvoir enrichir davantage leurs contenus, et ce conformément aux directives du président de la République, qui a fortement souligné la nécessité de l’association des organisations représentatives dans l’enrichissement de ces deux projets de loi ».
Pour l’UGTA, « les deux projets de loi ne consacrent pas la promotion des droits syndicaux et des libertés en Algérie », ajoutant que « les articles des deux projets de loi ne sont pas conformes aux conventions internationales que l’Algérie a ratifiées, dont certaines ne sont pas non plus conformes à la Constitution algérienne, en ce qui concerne les droits civiques et politiques. Les deux projets de loi ne consacrent pas la promotion des droits syndicaux et des libertés en Algérie ».
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