L’obscurantisme au sein du parlement : Un danger pour la sécurité nationale ?

Les députés ont adopté jeudi dernier, à une large majorité, un texte qui renforce un peu plus la protection des femmes contre la violence dont elles sont victimes de la part des hommes.
Le texte pourtant a minima, n’a pas été voté par les députés islamistes, une cinquantaine environ, considérant qu’il « n’est pas conforme à la chariâ » et que par conséquent « il pourrait ouvrir la porte à la dislocation des familles ». Le texte est « contraire aux préceptes coraniques et vise la dislocation de la famille », a estimé le député Naamane Belaouar de l’Alliance pour l’Algérie Verte.
Les députés d’El Adala, ont réclamé des lois mettant fin « au non-port du voile et à la nudité des femmes dans les lieux publics, cause principale des harcèlements », selon eux. Avec cette loi, l’Algérie est le deuxième pays d’Afrique du Nord, après la Tunisie, à criminaliser les violences contre les femmes.
Cette avancée certes relative, ne doit pas pour autant faire oublier le danger que représente cette mouvance politique sur le devenir du pays si par hasard ou par manque de vigilance, elle en prend les destinées en main. Nous ne savons pas comment les islamistes se comporteront s’ils gagnent les prochaines élections législatives.
En tout cas nous sommes à peu près certains que la démocratie, telle que nous l’entendons, ne prévaudra pas et que le peuple algérien et surtout les femmes en seront les premières victimes. Toutes les lois criminalisant la violence faite aux femmes seront abrogées et d’autres textes encore plus rétrogrades seront consacrés.
Car cette mouvance politique, qui s’abreuve uniquement aux lois de la charia, gagne de plus en plus de terrain au sein de la société. Encouragés par le silence étrange des institutions officielles, les islamistes sont convaincus d’avoir le vent dans les voiles. Ils laissent tomber la taqqia (se cacher) qui les a si bien servis et s’en donnent à cœur joie. La surenchère est de mise entre les imams salafistes et les gros bonnets des partis à connotation islamique.
Morte pour avoir refusé de porter le hidjab
Ainsi, un imam de la République est allé plus loin vendredi dernier dans son prêche. L’imam de la mosquée de Oued Romane explique que « la femme doit accepter les coups qui lui sont assénés par son mari », car porter plainte contre lui « est porteur de risque pour le foyer ».
Ce prédicateur propose à cette dernière de « pardonner » d’autant, explique-t-il, que les actes de violence du mari sont « souvent l’expression d’une colère passagère » et non d’une rancœur profonde. Et de toute façon, ajoute-t-il, les coups que les femmes subissent de la part de leurs époux les rapprochent davantage du Paradis.
Le ministre des Affaires religieuses, qui ne s’est pas encore prononcé sur cette fetwa, est interpellé au plus haut point. Sa responsabilité est entièrement engagée du fait qu’il est le chef hiérarchique de cet imam. Abdelfattah Hamadache, de son vrai nom Ahmidache Ziraoui, a appelé il y a quelques mois à la condamnation à mort de l’écrivain et journaliste Kamel Daoud qu’il accuse d’être « un apostat et un mécréant ».
Cet extrémiste, qui dirige une association religieuse dénommée Assahwa al-islamiya li massadjid El-Djazaïr, n’en est pas à son premier appel au meurtre d’Algériens qui s’opposent ouvertement à l’obscurantisme qu’il propose à la société. Sans qu’il soit inquiété par la justice. Jeudi dernier, une jeune adolescente s’est donné la mort par strangulation.
Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime a choisi d’en finir ainsi pour échapper au harcèlement de son frère qui l’obligeait à porter le hidjab. Ce triste épisode rappelle le non moins triste sort de Katia Bengana, une jeune lycéenne d’El-Kseur assassinée à l’âge de 17 ans, le 28 février 1994, à Meftah, pour avoir refusé de porter le voile.
Les assassins étaient des membres du GIA responsable de plus de 150.000 morts durant la décennie noire qui a commencé son cycle infernal au début de 1992.
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