L’intégration locale au cœur de la stratégie industrielle
Le secteur de la mécanique occupe une grande part dans la stratégie industrielle du pays, selon le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb.
Ce dernier précise que la filière mécanique ne se réduit pas au secteur de l’automobile « même si la voiture » reste un secteur structurant dans cette politique de la mécanique. « La base mécanique que nous avons mise en place est très riche et variée », a-t-il affirmé hier dans une interview à la radio Chaîne III. Outre la voiture, il a cité la moissonneuse-batteuse, le tracteur, le camion, le bus et les engins tout-terrain. « De manière globale et hors automobile, nous sommes à plus de 40 %. Nous avons pour objectif d’atteindre dans certains segments les 65 à 70 %», a-t-il dit. Toujours dans la filière mécanique, Bouchouareb a annoncé que ce secteur est en phase de lancement de la production de moteurs en commençant par 25000 moteurs.
Il a également annoncé que son secteur prévoit un autre investissement de 2 milliards de dinars avec Sampo qui produit la moissonneuse-batteuse pour augmenter et varier les productions. Quant à l’automobile, le ministre a déclaré qu’il s’agit d’une filière naissante en Algérie tout en soulignant que la voiture est un élément structurant dans le développement de la mécanique de manière générale. Il a cité l’expérience Renault, en assurant que la voie de l’intégration doit être aujourd’hui au cœur de ce partenariat, pas au niveau des accessoires seulement mais aussi dans la mécanique. « Ceci ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs industriels tels que nous les avons tracés », a-t-il souligné.
Concernant le projet Renault basé quasiment sur le montage, le ministre a justifié cela par le fait que c’était le premier du genre en Algérie et qu’il était nécessaire pour le pays, tout en soulignant d’aller très vite dans la mise en place de cette industrie mécanique. Mais ça sera différent avec les prochains constructeurs. « Le projet Peugeot et d’autres qui vont venir sont pensés d’une autre manière, conçus au départ avec un processus d’intégration pour mettre véritablement une industrie automobile dans notre pays », a-t-il assuré. Abordant le sujet de la tripartite, Bouchouareb a affirmé que c’est une étape importante par rapport à sa localisation à Biskra dans le Sud, ce qui est un signal fort dès lors que le gouvernement a réorienté ses politiques vers le Sud depuis quelques années. « L’autre élément qui a motivé le choix de Biskra, a-t-il poursuivi, c’est parce qu’elle est devenue un pôle industriel. J’y étais il y a quelques semaines, où nous avons mis la première pierre pour deux grandes cimenteries, des briqueteries, dans l’industrie agroalimentaire, les mines ». Il a affirmé que se sera l’occasion pour évaluer la matrice d’action décidée en septembre dernier et mettre tout le monde en mouvement pour aller créer cette croissance autour de l’entreprise.
30 milliards de dollars d’importations substituables
Au sujet des filières stratégiques pour se substituer à l’importation, le ministre a annoncé que cela représente 30 milliards de dollars d’importations. Il a expliqué que la stratégie consiste à réorienter les investissements vers ces filières qui sont au nombre de 14. « Le code des investissements qui est en discussion au niveau du gouvernement va également dans ce sens. Cela va nous permettre à moyen terme de diminuer la facture des importations parce que ces produits seront fabriqués et réalisés en Algérie », a-t-il affirmé. Il a ajouté que l’Algérie pourrait même créer des excédents et se préparer avec des plateformes logistiques pour aller vers l’exportation. Pour équilibrer le budget de l’Etat face à la baisse des exportations, le ministre a affirmé que le gouvernement a réorganisé le commerce extérieur sans pour autant le « verrouiller ». « Il y avait beaucoup d’espaces qui n’étaient pas appréhendés, ce qui se traduisait par des dérives qu’on a identifiées et qu’on corrige, et cela nous a permis de diminuer les importations de près de 10 % », a-t-il affirmé en ajoutant que la diminution a concerné les produits qu’on pouvait fabriquer localement.
L’étau se resserre autour des concessionnaires
Interrogé sur la nouvelle législation relative à l’importation des véhicules, le ministre a affirmé que celle-ci redonne des droits aux citoyens dont ses droits financiers, ses droits liés à la santé et à la sécurité…des droits qu’ils n’avaient pas.
Il a rappelé que dans l’ancien décret et les anciens arrêtés, quelqu’un qui se retrouvait avec un simple agrément pouvait importer des véhicules pour les vendre sans aucune garantie pour le citoyen, ni en termes de sécurité, ni en termes de santé, de finances ou de service après-vente. « Nous avons mis de l’ordre dans ce système. Nous n’avons pas fait autre chose que de nous adapter à ce qui se fait de par le monde », a-t-il dit. Pour éviter le problème de surfacturation, le ministre a affirmé que la nouvelle législation exige des concessionnaires d’avoir des contrats avec les constructeurs eux-mêmes. « Plus jamais de société-écran intermédiaire, plus de banque en offshore ». Et le résultat est probant pour le ministre puisque la tendance des importations de véhicules est à la baisse en quantité mais surtout en valeur qui se traduit par une baisse de 820 millions de dollars US.