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Nationale

L’inquiétante omerta des autorités

L’inquiétante omerta des autorités

L’ex- émir de l’armée islamique du salut (AIS) a organisé la semaine dernière et durant dix jours un regroupement de tous anciens membres de cette organisation dans une forêt à Mostaganem. Il l’a fait en totale violation des lois de la République, notamment la Charte sur la réconciliation nationale et ses textes d’application.

L’article 26 de l’ordonnance d’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale de 2005 est clair et sans équivoque sur le cas d’espèce : « L’exercice de l’activité politique est interdit, sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale. « 

Il est « interdit également à quiconque, ayant participé à des actions terroristes qui refuse, malgré les dégâts commis par le terrorisme et l’instrumentalisation de la religion à des fins criminelles, de reconnaître sa responsabilité dans la conception et la mise en œuvre d’une politique prônant la violence contre la Nation et les institutions de l’État ».

Le leader islamiste n’a jamais refusé d’endosser sa responsabilité dans les crimes qu’il a commis contre les membres des services de sécurité, les citoyens et les biens de l’Etat. Il s’est au contraire défendu en prétextant que les assassinats ont été perpétrés sous le sceau de la légitime défense.

« On a été obligés de tuer des gens parce qu’ils nous attaquaient » martelait-il dans les colonnes des journaux et sur les plateaux de télévision. Mezrag, ancien élu du Fis-dissous, a engagé une action politique en rassemblant les anciens membres de son organisation ainsi que de nouvelles recrues qui embrassent les idées de sa mouvance, en excipant un « accord secret avec des hommes du pouvoir » sans que les autorités réagissent.

Devant ce fait accompli, les responsables en charge des affaires du pays sont censés s’expliquer. Qui a autorisé Mezrag à réunir ses troupes dans un lieu non autorisé ? Sa demande avait essuyé une fin de non-recevoir de la part des autorités de la wilaya de Mostaganem.

Que s’est-il produit ensuite pour qu’on lui accorde la permission de tenir sa réunion sans le moindre obstacle ou opposition de la force publique ? Ceux qui ont autorisé ce regroupement d’anciens terroristes qui, un jour, ont pris les armes contre le peuple et bravé les lois de la république doivent être identifiés

Les patriotes, les gardes communales et les GLD montent au créneau et dénoncent

Si Madani Mezrag a été pardonné, voire amnistié et son organisation militaire dissoute, qu’est-ce qui l’autorise aujourd’hui à battre le rappel de ses troupes ? Pour beaucoup, pardonner, oui mais pas n’importe quel prix.

« On ne pardonne pas des crimes et des délits à chaque terroriste sans jugement et sans condamnation publique. On ne pardonne pas à ceux qui ne demandent pas pardon et qui n’expriment pas publiquement leur repentance. Le pardon n’efface pas les fautes et n’exclut pas que de nouvelles poursuites peuvent être engagées si nécessaire. Le pardon doit nécessairement s’accompagner pour les terroristes de perte de droits politiques et civiques « , ont estimé des patriotes interrogés par nos soins.

Il s’agirait d’une défaillance dans l’application de la loi ou d’une volonté affichée d’appliquer un deal secret. Car cette personne a de tout temps fait valoir « un arrangement secret » inconnu de l’opinion publique et qui n’a jamais été rendu public par les autorités.

L’accord en question prévoit, de manière assez ambiguë, le « retour » conditionné de l’ex-FIS sur la scène politique nationale. Mezrag s’est même permis de défier les autorités : « Je me suis entendu avec l’armée. Je n’ai donc pas besoin de demander une autorisation administrative », a-t-il dit, criant haut et fort que « personne ne peut m’empêcher » de tenir des activités publiques. Il apparaît que selon cet accord, l’AIS n’est en aucun cas concernée par la loi sur la réconciliation nationale, encore moins l’article 26.

Mezrag avait annoncé en 2007 son intention de créer un parti politique, assurant que les autorités étaient informées de ce projet. En 2014, il avait expliqué que le retour des anciens de l’AIS à la vie politique était une condition de l’accord, mais que c’est Yazid Zerhouni, à l’époque ministre de l’Intérieur, qui a fait obstacle, et qu’il s’était ensuite résigné à ne pas lancer son parti à « la demande de certaines personnalités du pouvoir ». Lesquelles ? Mystère et boule de gomme. Ces patriotes qui ont pris les armes pour combattre l’hydre terroriste sont offusqués par la tenue de la rencontre de Mostaganem.

Aussi, comptent-ils tenir un rassemblement devant une stèle dédiée aux victimes du terrorisme à Saharidj dans la wilaya de Bouira le 20 août jour anniversaire du congrès de la Soummam qui a produit d’une plateforme politique et militaire du FLN/ALN.

Les promoteurs de la manifestation dénoncent « la liberté dont jouissent les terroristes : « La place de Madani Mezrag est en prison », estime Aliouat Lahlou, le coordinateur national des Gardes communaux. Ces derniers, associés aux GLD, disent vouloir « défendre la République et l’honneur » de tout le pays.

L’intervention de Madani Mezrag n’a pas affecté que les anciens engagés dans la lutte contre le terrorisme. Des partis politiques de la mouvance démocratique ne comprennent toujours pas comment les autorités accordent l’impunité à un homme qui a avoué avoir tué un militaire tout en empêchant des partis politiques de tenir des réunions publiques. Aussi la scandaleuse provocation de Mezrag ne doit pas bénéficier de l’omerta.

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