L’incontournable voie de la raison algerienne
L’option algérienne dans la résolution de la crise libyenne est désormais devenue une piste incontournable. Plus qu’une médiation ou des jeux de diplomatie complexes, la proposition algérienne est restée réaliste, objective et profondément attachée à la souveraineté du peuple libyen et surtout à son indépendance de toutes les interférences.
C’est d’ailleurs, l’ingérence internationale et surtout cette intervention militaire en 2011 qui a tout faussé et contribué à créer une tension politique et semé la division au sein du peuple voisin.
Il est vrai que le contexte de l’intervention occidentale et de l’OTAN pour éliminer le régime de Kadhafi a suscité de multiples convoitises, non seulement des puissances européennes, mais également de pays arabes sous traitants et qui avaient beaucoup plus des intérêts politiques que mercantilistes. D’ailleurs, cette ingérence était flagrante dés le début.
On voyait bien qu’il existait un conflit asymétrique entre deux forces « musulmanes » et « arabes », d’une part la Turquie et le Qatar et de l’autre l’Egypte et les Emirats Unis. Une multitude de groupes furent créés dans cette foulée, des milices étaient surarmées et la guerre civile s’annonçait encore plus rude et plus sanglante.
Au bout d’une année de batailles, le scénario de la division est brandi. Presque personne dans le monde ne s’offusquait de l’éventuelle invention d’une nouvelle carte géographique et d’un partage de la Libye en trois zones autonomes : l’Etat de l’Est emmené par Haftar avec pour capitale Benghazi, l’Etat de l’Ouest dont la capitale restera Tripoli et enfin la zone du sud du pays. Un dépeçage qui s’opérait lentement, mais que le terrorisme ravivait encore plus.
Or, les efforts de bons offices menés par les Nations unies étaient vains car piégés par certains pays, qui cherchaient soit à noyauter la paix, soit à créer un abcès de fixation durable.
Le risque d’une tension durable était intolérable pour l’Algérie. L’agression de Tiguentourine en était la preuve et la leçon. Les Algériens avaient prévenu le monde entier des conséquences de la chute de l’Etat et de ses équilibres. On ne les a pas écoutés. Ses effets sont incalculables. En fait, la crise libyenne patauge depuis toujours.
L’une des raisons de cette situation conflictuelle est la persistance encore des interférences étrangères et la non reconnaissance de la souveraineté du peuple libyen sur son avenir et ses choix. Alger soutient une voie plus raisonnable et plus logique en termes de Droit international.
Son plan se résume en trois points : engager un dialogue général et sans exclusive entre toutes les composantes de la société libyenne, sauf pour les milices terroristes, établir une feuille de route interne pour ce dialogue et mettre en place les structures représentatives qu’il lui échoit le débat sur l’avenir constitutionnel et politique du pays, mettre en place rapidement les institutions républicaines, ou autres, notamment une armée nationale, et engager enfin une reconstruction économique du pays.
Tout cela devrait se faire avec le respect par toutes les entités étrangères de cette souveraineté du peuple libyen, notamment dans l’éventuelle application d’une réconciliation nationale ou concorde nationale, c’est selon. C’est cet engagement algérien qui a valu à notre pays des inimitiés et surtout des tentatives de sabordage de sa démarche diplomatique.
Aujourd’hui, on constate que cette voie est la seule issue pour que les Libyens retrouvent enfin la sérénité et la paix. Déjà, la dernière démonstration de force du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a fait une tournée à l’intérieur du pays libyen, rencontrant les notabilités et les élites libyennes de toutes les régions, avait provoqué un onde de choc aux fauteurs de troubles et aux semeurs de la zizanie et de la mort.
Cette tournée aura été un tournant dans l’avenir de cet Etat voisin disloqué par tant de malheurs et de convoitises.