L’implacable vérité – Le Jeune Indépendant
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Op-Ed

L’implacable vérité

L’idée que le peuple algérien pouvait se soulever contre l’occupant français relevait chez beaucoup de la folie sinon du suicide. La France coloniale s’est ancrée en Algérie à coup de massacres et d’avilissement au point de faire perdre espoir aux plus téméraires des indépendantistes.

Les massacres du 8 mai 1945 ont révélé le visage raciste et criminel de l’administration coloniale et sa brutalité inégalée. Si l’humanité célébrait la chute du nazisme en Europe, il poursuivit son œuvre en Algérie. Une conviction est née alors, rien ne fera plier ce colonialisme que la lutte armée.

L’Organisation spéciale (OS) fondée en 1947, a balisé le terrain à cette option, devenue inéluctable face à des colons fanatiques convaincus de leur supériorité et déterminés à maintenir par tous les moyens, le fait accompli, l’apartheid auquel ils ont soumis les indigènes.

Les 22 dissidents du PPA-MTLD et membres de l’OS ont décidé, le 1er novembre 1954, de porter la revendication pour l’indépendance sur le terrain de la confrontation militaire. Il s’agissait d’un acte qui allait consacrer la renaissance de l’Etat algérien, un Etat renié par un narratif colonial négationniste, hérité à ce jour par une frange de la classe politique française.

La bravoure des acteurs de « la nuit de la Toussaint » était hors du commun car faisant face alors à la deuxième puissance militaire au sein de l’OTAN. Humiliée à Dien bien Phu, la France essuyait dans les montagnes des Aures, dans les villes et dans toutes les contrées du pays sa plus sévère déconvenue dans l’histoire post seconde guerre mondiale.

Surpris par l’audace de la rébellion et sa ténacité, la riposte de l’armée coloniale, dotée des pouvoirs spéciaux décrétés en conseil des ministres en mars 1956, s’est acharnée aveuglement contre la population civile algérienne, complice par vocation.

La répression était la seule méthode qu’elle affectionnait depuis le 5 juillet 1830. La barbarie enclenchée au plus haut sommet de l’Etat français, était inouïe. Les massacres, les exécutions sommaires, les corvées de bois, les disparitions, les internements ou autre tortures constituaient le modus operandi des généraux de l’expédition coloniale et ceux de la pacification de 1954 à 1962.

Ce sont autant de crimes que la France refuse d’assumer aujourd’hui car ils font voler en éclat sa propagande de pays des droits de l’homme, de la justice et d’égalité. Pis encore, la France, dans une fuite en avant arrogante a canonisé son «œuvre coloniale » en Algérie dans une loi scélérate en 2005. Ce qui rend caduc le discours de ceux, en Algérie ou ailleurs, qui réclament des excuses, une repentance ou des compensations à la France.

Les crimes français en Algérie sont impardonnables et inexpugnables. Les excuses ne suffiront jamais à les expier encore moins satisfaire la victime et lui rendre justice, car les horreurs commises pendant 132 ans en Algérie ont été planifiées et décidées au plus haut niveau de l’Etat. Tout au long de l’occupation, l’Etat français agissait en tant que détenteur du droit d’opprimer, de tuer, d’avilir et d’asservir des populations entières.

Les massacres de civils en parallèle des spoliations ont été exécutés par des militaires zélés, avec l’aval de responsables politiques ayant le sentiment d’agir en tant que race supérieure contre des « barbares » et des « sous-hommes ».

Nul n’ignore que le colonialisme est un crime contre l’humanité. Le crime contre l’humanité, tout comme le génocide et le crime de guerre, est aussi un crime d’Etat. C’est le cas aujourd’hui en Palestine. Le crime contre l’Humanité est un crime qui porte atteinte aux droits humains. Le criminel ne traite pas ses victimes comme des êtres humains et souvent bien pire qu’un animal. Les Algériens n’avaient de ce fait aucun droit de contester leur condition ni de la remettre en cause, y compris par les moyens pacifiques.

Aujourd’hui, il est indéniable pour tout un chacun que le colonialisme est le crime des crimes : impardonnable, imprescriptible et inexpiable. Le débat entre algériens et français sur la question mémorielle ne peut occulter cette dimension. On ne peut mettre le colonisateur et le colonisé sur le même pied d’égalité quand il s’agit de situer les victimes d’une guerre de libération.

La France continue à agir selon le postulat suivant lequel le combat libérateur était en fait une guerre civile. Dans l’entreprise coloniale, il n’y avait qu’une seule victime : le peuple algérien. C’est l’implacable vérité pour laquelle la France coloniale est jugée devant le tribunal de l’histoire. Toute autre rhétorique relève de l’imposture.

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