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Nationale

Ligne maritime Alger-Béjaïa : Joindre l’utile à l’agréable

Ligne maritime Alger-Béjaïa : Joindre l’utile à l’agréable

Depuis l’antiquité, c’est par la côte que se sont effectués tous les échanges entre les habitants de l’Algérie et les populations de la Méditerranée. L’âge d’or de ces liaisons maritimes a été, sans conteste, les trois siècles avant la colonisation.

La marine algérienne manifestait alors sa supériorité dans le bassin méditerranéen. Avec le développement actuel que connaît actuellement l’Algérie, on ne peut occulter un tel avantage. C’est pourquoi les ambitions sont aujourd’hui tournées vers l’exploitation de cette richesse naturelle en matière de transport. Désormais, la ligne maritime Alger-Béjaïa existe.

Cette ligne est d’une grande capacité puisqu’elle peut prendre, pour chaque traversée, deux cent six passagers assis. C’est un bateau moderne doté de bonnes conditions techniques, de confort et de sécurité, géré par l’Entreprise nationale de transport maritime. A son bord, les passagers ont l’impression de faire une véritable croisière. Une équipe d’hôtesses les assiste durant le trajet, veillant à leur confort et à leur bien-être. La traversée, longeant le littoral, dure plus de quatre heures.

L’enchantement de la côte algérienne

On reconnaît ainsi, dès le départ d’Alger, l’imposant Maqam Echahid sur le haut de la colline de Riadh El-Feth, puis les Sablettes, Bordj El-Bahri, Surcouf, Aïn Taya à la sortie de la baie d’Alger, ensuite Zemmouri puis les magnifiques plages de Boumerdès. Ici, on se remémore une page d’histoire. Boumerdès, qui s’appelait à l’origine Rocher noir, était un simple hameau.

C’est dans ce lieu isolé que, juste après les accords d’Evian, le 19 mars 1962, a été installé le Gouvernement provisoire de l’Algérie, présidé par Abderrahmane Farès, un homme intègre, juste et bon, pour échapper à la folie meurtrière de l’OAS, devenue maître de la capitale. La célébrité mondiale de Rocher noir n’a duré que trois mois, le temps de l’organisation du référendum du 3 juillet 1962, dont les résultats massifs en faveur de l’indépendance ont consacré définitivement le retour de la souveraineté de notre pays.

Après avoir passé un peu plus d’une heure en mer, c’est la ville de Dellys qui apparaît au loin. Elle est entourée d’imposants massifs montagneux abondamment boisés. L’urbanisme de la ville s’est largement étendu et de nouvelles constructions jalonnent la côte.
Avec la progression du navire à soixante kilomètres à l’heure, Tigzirt est rapidement en vue.

Ceux qui ont une vue perçante peuvent apercevoir, de loin, les vestiges romains, témoins de l’histoire antique de la ville.
La ville dépassée, la nature reprend ses droits avec de majestueuses montagnes puis apparaît Azzefoun, la perle de la Kabylie, où on peut passer des vacances de rêve en été et goûter à un calme vivifiant tout au long de l’année. Voici, maintenant, Sigli. Ici, c’est la nature sauvage qui règne, s’affichant en tant que prolongement de l’immense forêt de chênes et de platanes de Yakouren.

L’été, ici, c’est un paradis de fraîcheur et de verdure où les sources sont abondantes. Après plus de trois heures de navigation, Béjaïa n’est plus très loin. Déjà, ses magnifiques plages et ses sites touristiques du côté ouest s’offrent à la vue des passagers. Boulimat, la célèbre plage qui accueille des milliers d’estivants chaque année, se distingue nettement à travers les hublots du navire. Il fait encore chaud en ce mois d’octobre, marqué par un été qui joue aux prolongations.

Nombre de passagers pour ce trajet inaugural auraient bien aimé y faire escale, ne serait-ce que pour quelques courts instants. Pour le moment, les passagers se contentent de fixer avec émerveillement le bleu pur et profond de la Méditerranée, au ciel enchanté et aux îles d’or ensoleillées, comme si une fée, avec sa baguette magique, lui avait donné éclat et beauté.


Béjaïa, une ville en pleine expansion

Le golfe de Béjaïa est en vue. Le bateau a avalé les nœuds. Un remorqueur venu du port vient saluer ce premier voyage de cette ligne maritime Alger-Béjaïa. Ce remorqueur est rejoint par deux unités navales des garde-côtes et c’est sous cette d’escorte que le bateau fait son entrée conquérante dans le port de Béjaïa.

L’accueil est extraordinaire. L’ensemble des autorités de la ville sont présents, le wali en tête, avec les élus, les chefs militaires, les dirigeants d’entreprises économiques et une grande foule de citoyens de Béjaïa, heureux de voir accoster dans leur port ce nouveau « moyen de communication » avec la capitale.

Les passagers descendent du bateau aux rythmes du tbabla et de la musique traditionnelle d’une troupe locale. Ils sont invités à boire, en signe de bienvenue, un verre de lait accompagné de dattes, comme le veut la tradition locale.

Sous un immense chapiteau dressé pour l’occasion, le wali de Béjaïa salue la création de cette ligne et remercie les hautes autorités du pays ayant initié ce projet, un cadeau du jour de l’an de l’hégire. « Pour rejoindre la capitale, ce mode de transport maritime évitera les embouteillages et les risques d’accident », déclare-t-il en rappelant que ce nouveau moyen s’ajoute aux projets colossaux qu’entreprend la wilaya pour rendre plus fluides les conditions de transport.

Il précise en ces termes : « Nous avons doublé les lignes de transport ferroviaire pour Béjaïa, nous avons élargi les capacités d’accueil de notre aéroport et nous avons fixé un délai très court pour la réalisation de bretelles reliant la capitale des Hammadides avec l’autoroute Est-Ouest.

A une question concernant les capacités d’hébergement de la wilaya de Béjaïa, vu le lancement de cette nouvelle liaison maritime, le wali a répondu que Béjaïa est en tête des réalisations touristiques du pays, soulignant qu’il vient d’inaugurer ces derniers jours deux très importantes infrastructures hôtelières privées.

Le port de Béjaïa, centre de l’activité économique et commerciale

Le port de Béjaïa, quant à lui, connaît une dynamique exceptionnelle. Il a passé un nouveau jalon en voyant l’année 2014 s’achever, avec une progression de l’ordre 4,3% de son trafic global, comme le précise Djeloul Achour, son président directeur général. L’année 2015 a débuté également avec des résultats encourageants.

Il convient de souligner à propos des hydrocarbures que le port de Béjaïa a été le premier terminal du pipeline, dès le temps de la colonisation, à acheminer le pétrole de Hassi Messaoud vers la côte méditerranéenne.

Ce gisement pétrolier se trouve ainsi en droite ligne avec le port de Béjaïa, tout en étant le parcours le plus court vers la mer. Le port de Béjaïa continue d’être le leader dans les opérations d’exportation des hydrocarbures. Le dernier rapport annuel concernant le secteur des hydrocarbures explique que son exploitation représente 47% du trafic global du port de Béjaïa.

Près de 80% de ces exportations de pétrole brut ont pour destination les pays de l’Union européenne. Les principaux pays européens de destination sont la France, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni. Le reste est exporté vers les pays asiatiques, notamment la Chine.

Une partie des exportations d’hydrocarbures du port de Béjaïa a pour destination les pays d’Amérique du Nord, principalement le Canada. Concernant les importations, le trafic des céréales représente plus du tiers du volume des marchandises importées. Les céréales sont suivies du lait, du sucre, mais aussi du bois, du ciment et des métaux ferreux. Ces deux derniers sont en hausse, compte tenu de nombreux projets de construction. Le trafic des conteneurs connaît, lui aussi, une grande activité avec un volume de près de deux millions de tonnes de marchandises diverses.

A propos du trafic des passagers, celui-ci a enregistré une augmentation considérable au cours de l’année 2014. Le nombre de ces passagers a atteint 17 546 personnes, soit une croissance de l’ordre de 78% par rapport à l’année précédente. Actuellement, le port de Béjaïa a largement étendu ses activités avec la réalisation, sur 20 hectares extensibles à 50 hectares, d’un port sec à Bordj Bou Arréridj, représentant le traitement annuel de deux cent mille conteneurs, soit l’équivalant de cinq cent mille tonnes de marchandises. Ce nouveau site accueillera plusieurs centaines d’emplois directs et indirects.

Interruption de la ligne pour mauvais temps

Le retour sur Alger s’est effectué le lendemain, dans la matinée. Les responsables du port de Béjaïa sont venus personnellement s’enquérir, tôt le matin, des bonnes conditions d’appareillage du navire, et ce bien que le jour du départ vers Alger soit un jour férié. Sorti lentement des eaux portuaires, et après avoir fixé définitivement son cap, le bateau a pris tout de suite, en ligne toujours droite, sans aucune déviation, sa vitesse de croisière, qu’il a gardé scrupuleusement jusqu’à son entrée dans l’aire du port d’Alger. 
 

Dans cet environnement de la mer Méditerranée, il n’y a aucun concurrent pour ce bateau. Il a pour lui seul ces vastes espaces illimités où règne le royaume de la liberté, bien que le capitaine du navire suive des couloirs maritimes bien précis, et ce pour des mesures de sécurité.
Même s’il enclenche sa vitesse maximum, rien ne l’empêche de ralentir ou de stopper, comme pour les véhicules terrestres qui ralentissent pour des changements de direction ou pour respecter les panneaux de limitation de vitesse.

Dans ce bateau, le passager n’est pas astreint à attacher sa ceinture de sécurité, comme cela se fait obligatoirement dans les véhicules ou dans les avions. Il reste libre de ses mouvements et peut se lever à sa guise.

La seule contrainte vient de l’état de la mer et des conditions climatiques.

Quand la mer est calme avec un temps idéal et que le bateau vogue légèrement et en douceur au-dessus de l’eau, le passager a une sensation paradisiaque. C’est le meilleur mode de transport universellement reconnu. On ne rencontre pas les désagréments causés par une route mal goudronnée ou les turbulences du transport aérien. Ici, l’eau calme produit ses propres amortisseurs naturels, berçant et agrémentant le voyage. Cependant, quand la mer est agitée et que les vagues commencent à se dresser, tout le monde n’a pas le pied marin. Cette situation s’est vérifiée déjà avec ce trajet inaugural. A sa sortie du port de Béjaïa, le bateau a dû affronter pendant un long moment une perturbation climatique qui a secoué fortement le navire.

Nombreux ont été les passagers qui ont eu le vertige et le haut le cœur. Dans cette situation, l’équipage de bord a été des plus attentionnés. En plus de conseils et d’accompagnements affectueux, cet équipage a administré des médicaments contre le mal de mer.

La plupart d’entre eux ont cependant supporté allègrement le voyage.
Mieux encore, ils ont trouvé de la joie et de l’ambiance dans ces mouvements brusques du navire. Ce qui les rassure, c’est que la sécurité du bateau est absolue et que celui-ci est conçu pour supporter les pires tempêtes.

Toutefois, les responsables de la navigation de ce mode de transport maritime sont catégoriques : pour le bien-être des passagers, les sorties de ce bateau seront annulées en cas de forte houle. « Nous ne voulons pas que des passagers, en souvenir d’un mauvais trajet en mer, ne reviennent plus sur nos lignes », a tenu à souligner un officier de l’équipe de navigation de ce navire.

D’autres dessertes maritimes sont programmées

Quoi qu’il en soit, ce trajet inaugural a été un succès. Il annonce le programme régulier de dessertes, par voie maritime, d’Alger vers Béjaïa. Le départ du port d’Alger se situe à la Pêcherie. Il a lieu tous les jours, à 15 heures. De Béjaïa vers Alger, le départ est à 5h30. Le prix de base est de 1 400 DA par personne pour un aller simple, mais des réductions sont octroyées pour les personnes du troisième âge, les handicapés, les moudjahidine, les familles nombreuses et les étudiants. 

Le deuxième bateau de même capacité est réservé pour la ligne Oran-Mostaganem, dont le premier trajet est prévu dans une dizaine de jours. Des projets ambitieux sont d’ailleurs envisagés pour l’extension de ce mode de transport maritime. De futurs points d’accostage de navires de transport de voyageurs sont à l’étude.

A courte distance de la capitale d’abord, les stations des Sablettes et de Aïn Taya, puis avec des distances plus longues visant Jijel, Annaba, Skikda, à l’est d’Alger, ainsi que d’autres escales, dont Tipasa et Cherchell à l’ouest.
 

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