Libye: Messahel hausse le ton
Déterminée à accompagner le processus de paix en Libye malgré les interférences malveillantes de certains Etats, la diplomatie algérienne hausse le ton et met en garde contre le sabotage de la paix dans l’ex-Jamahiryia devenue un quai d’immigration massive, une pépinière terroriste et poudrière de tous les dangers pour ses voisins africains et européens.
Au Caire, Abdelkader Messahel, Ministre des Affaires Maghrébines de l’Union Africaine et de la Ligue des Etats Arabes, n’a pas mâché ses mots. Mise en garde.
C’est à partir du Caire que le Ministre des Affaires Maghrébines de l’Union Africaine et de la Ligue des Etats Arabes, Abdelkader Messahel, a rappelé la position de principe de l’Algérie concernant le dossier libyen.
« Le dialogue inter – libyen sous l’égide du représentant spécial des Nations Unies est arrivé actuellement à une phase cruciale et décisive. » Messahel, répondait à la question d’une journaliste égyptienne en marge des travaux de la 144éme session du conseil de la Ligue des Etats Arabes.
Au secours de Leon
Pour les observateurs avertis, la formule a le mérite de souligner la gravité de la situation tandis que des parties externes s’appliquent à compliquer la tache aux médiateurs.
Des parties dont des pays lointains membres de la Ligue arabe qui n’ont pas toujours su ou voulu appuyer les efforts en faveur de la paix pour lesquels l’Algérie « s’est investie pleinement par un soutien franc et loyal tendant au rapprochement des positions pour le règlement de la crise libyenne » comme l’a déclaré le ministre algérien visiblement décidé à asséner des vérités sans trop de langue de bois.
En effet, de source bien informée, une coalition malfaisante d’Etats arabe, soutenue par quelques capitales occidentales, s’affairerait à saper le processus de dialogue interlibyen en tentant de compromettre Alger.
C’est pourquoi, Abdelkader Messahe, en fin connaisseur des susceptibilités libyennes, a insisté sur la formation de ce gouvernement national « aux larges compétences pour gérer la transition, mettre en place des institutions légitimes et relever les défis d’ordre politique, sécuritaire et de lutte contre le terrorisme pour répondre aux aspirations du peuple libyen. »
Messahel gronde…
Or, si le ministre algérien s’autorise un résumé aussi tranché de la feuille de route de Bernadino Leon, chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (la MANUL) , c’est que l’Algérie en tant que pays pivot qui assume une solidarité sans faille politiquement, complexe sur le plan sécuritaire et lourde sur le plan financier à l’égard des pays en crise de son voisinage, ne peut plus supporter les coups bas de forces extérieures à la région.
Ainsi, plus qu’un message appelant au « soutien ferme du processus en cours », Messahel met en garde contre « toute initiative ou action susceptible d’entraver le dialogue en cours et retarder le parachèvement de ce processus ».
Il n’en fallait pas plus pour prendre à témoin la communauté internationale et l’opinion publique. Au sein de la Ligue arabe, il est à parier que des chefs d’Etat auront pris acte de la déclaration algérienne et qu’ils sauront éviter de se mettre à dos le Conseil de Sécurité de l’ONU qui accorde une attention particulière à l’évolution du dialogue en Libye.
Menaces in extenso
Pour cause, l’ex Jamahiryia, est devenue le sanctuaire du terrorisme, une plaque tournante de l’immigration massive vers la rive nord de la Méditerranée et une menace régionale majeure pouvant emporter dans l’immédiat la Tunisie voisine et destabiliser durablement l’Egypte.
Il ne s’agit donc pas seulement de l’avenir de la Libye ou de la sécurité aux frontières algériennes que le dialogue interlibyen entend traiter.
La crise actuelle risque de provoquer des troubles gravissimes non seulement dans la sous-région, comme c’est déjà le cas au Mali, mais aussi dans le bassin méditerranéen sans épargner les pays européens.
A la veille de la visite de Mme Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité attendue à Alger, les quatre vérités de Messahel, adressées aux pays arabes et l’opinion publique en général, ne manqueront pas d’interpeller les partenaires européens qui peuvent encore aider l’Algérie à sauver la Libye.