Libye : échec du forum de Djerba
Comme attendu. Le forum de Djerba sur la Libye s’est soldé par un échec.
La représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, a annoncé dimanche soir la clôture des travaux du dialogue politique inter-libyen après une semaine de réunions à Gammarth à Tunis, sans être parvenu à désigner une nouvelle autorité exécutive.
Des divergences sont apparues lorsque les représentants des parties libyennes ont abordé les noms des personnalités censées occuper les postes de direction au sein du nouveau Conseil présidentiel restructuré.
Amputé par l’absence de plusieurs personnalités représentants toutes les composantes politiques et tribales notamment les Tobous, les Touaregs et les partisans de l’ancien régime de Mouammar Gueddafi, le forum allait déboucher sur un blocage.
Stephanie Williams a pesé de tout son poids pour amener les 75 personnalités, triées au volet, ayant pris part au rendez-vous de Djerba à sortir avec un accord sur la mise en place d’une nouvelle direction qui se substituera au gouvernement d’union nationale (GNA) de Faiz Al-Sarraj .
La représentante de l’ONU tentera de renverser la vapeur lors d’une rencontre le 23 novembre prochain via vidéo-conférence pour tenter de parvenir à la mise en place des critères de nomination des responsables de la nouvelle autorité, chargée de préparer les élections générales (législatives et présidentielle).
La seule chose à laquelle sont parvenus les participants en Tunisie est l’adoption d’une feuille de route comprenant la date des élections générales fixées pour le 24 décembre 2021 après s’être mis d’accord sur les compétences de la nouvelle autorité exécutive.
La mission s’annonce difficile faute de gouvernement représentatif. A la veille de ce forum, la fuite de la liste des représentants a provoqué un tollé en Libye.
De nombreuses critiques ont été formulées au sujet de l’ancrage de chacun des participants.
Sur les 75 participants conviés à cette réunion politique organisée sous haute protection sécuritaire à Gammarth, en banlieue de Tunis, 42 d’entre eux sont membres des Frères musulmans ou affiliés à l’organisation.
La Coalition des forces nationales, vainqueur des deux élections organisées depuis 2011, a été éjectée également de ce forum. Les mouvances affiliées au courant des frères musulmans s’est incrusté dans ce forum sous divers visages donnant l’impression qu’il s’agit e personnalités indépendantes.
Or, cette sélection a valu à la mission d’appui des Nations unies en Libye un déluge de de critiques de la part de mouvances politiques ainsi que des intellectuels et des organisations de la société civile. En réaction à ces suspicions, Stephanie Williams, affirmait que ce sont les résultats de la rencontre qui compte.
« Ce qui importe pour le peuple libyen, c’est le “quoi” et non pas le “qui”, autrement dit, « ce qui résulte du dialogue qui compte et non pas qui y participe », a-t-elle dit à la veille du rendez-vous tunisien.
Cette posture a justement conduit à un flop du forum dans l’ile de Djerba compte tenu du fait que la clef pour la tenue des élections est la désignation des personnes chargées au sein du gouvernement de faire aboutir le processus électoral en bénéficiant de l’adhésion des libyens. Cette ambition risque de se heurter à la réalité du terrain. Faute de consensus, la solution politique à la crise libyenne, vieille de neuf ans, est reportée sine-die.