Liban: le Premier ministre jette l’éponge
Après moins d’un mois de sa désignation, le Premier ministre du Liban Moustapha Adib, a fini par jeter l’éponge sur fond de divergences concernant l’attribution de portefeuilles ministériels entre formations politiques. Il avait pour mission de former un gouvernement de « mission » composé de ministres « indépendants ».
« Je m’excuse de ne pas pouvoir poursuivre la tâche de former le gouvernement», a déclaré Moustapha Adib lors d’un point de presse au palais présidentiel, présentant ses excuses aux Libanais pour son «incapacité» à réaliser leurs «aspirations à un gouvernement réformiste».
Ce diplomate peu connu, a été propulsé sur le devant de la scène lorsqu’il a été désigné le 31 août chef de gouvernement pour remplacer Hassan Diab, dont le cabinet avait démissionné après l’explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth.
Sa nomination avait été parrainée par un groupe d’anciens Premiers ministres, et était intervenue à quelques heures de la deuxième visite du président français Emmanuel Macron au Liban, au cours de laquelle il a pressé les principaux responsables politiques à former un gouvernement de « mission au plus vite ».
M. Adib s’était engagé à constituer une équipe ministérielle d’experts et de personnes compétentes capable d’enclencher des réformes longtemps attendues.
Il avait alors évoqué la «nécessité de former un gouvernement en un temps record et de commencer à mettre en œuvre des réformes, avec comme point de départ un accord avec le Fonds monétaire international (FMI)», dans un pays en plein naufrage économique et dont les négociations il y a quelques mois avec l’institution internationale avaient tourné court.
Mais sa tâche s’est avérée ardue, malgré la pression française, face aux engrenages politiques et confessionnels multiples du système libanais, mais aussi face au défi titanesque d’incarner le changement alors qu’il a été choisi par une classe dirigeante conspuée depuis des mois par la rue.
De son côté, le président Michel Aoun a « accepté » le renoncement de M. Adib, affirmant qu’il prendrait les mesures appropriées conformément aux exigences de la Constitution pour désigner un nouveau Premier ministre.
« L’initiative lancée par le président français Emmanuel Macron est toujours en cours et bénéficie de tout mon soutien », a assuré M. Aoun en référence à la feuille de route mise en place par Paris pour la sortie de crise.