L’hommage à quatre maîtres
La soirée de ce mardi 29 septembre à Constantine sera consacrée à un hommage, à titre posthume, à quatre maîtres du genre zdjel, dans le cadre de l’exposition Des voix à la nouba qui est accessible jusqu’au 11 novembre prochain au Palais de la Culture Malek-Haddad.
Tout au long de la conférence-débat, initiée par le département du patrimoine matériel et des arts vivants du Commissariat de la manifestation internationale Constantine capitale de la culture arabe 2015, les intervenants ont mis en valeur le rôle mené par les chouyoukh Omar Bouhouala (1889-1978), Maâmar Benrachi (1904-1989), Abdelkader Toumi Siaf (1906-2005) et Khodja Bendjeloul (1908-1986), ces maîtres qui ont contribué à la sauvegarde du patrimoine artistique constantinois, soit le genre zdjel, la musique andalouse-malouf et le madih.
Ces personnalités ont notamment assuré l’encadrement de plusieurs musiciens et interprètes dont certains font aujourd’hui la fierté de la chanson constantinoise, rapporte l’Agence presse service d’Algérie.
Durant leur parcours, ils ont contribué à promouvoir le zdjel constantinois, considéré comme l’un des principaux cachets de l’école de la musique constantinoise. Longuement évoqués au cours d’une table ronde par des spécialistes et des membres de leurs familles respectives, ils ont joué un rôle déterminant dans la préservation et la continuité du patrimoine musical constantinois et des valeurs artistiques locales et algériennes.
Pour le musicien Mustapha Msimri, le cheikh Maâmar Benrachi est un « personnage fort de caractère et modeste à la fois qui a pu créer une harmonie entre le poinçon qu’il utilisait dans son travail d’artisan-dinandier et le patrimoine immatériel que représente la musique à laquelle il a fait honneur dans ses chansons de zdjel, de malouf, de madih et de haouzi.
Cet artiste est le premier à avoir fabriqué la derbouka en cuivre, il a mis en musique les poèmes de l’auteur Lakhdar Benkhlouf, poète de l’ouest d’Algérie, selon le même intervenant. Toujours d’après Mustapha Msimri, le cheikh Omar Bouhouala est un des plus grands interprètes de zdjel dans ses différentes formes, il a occupé une place de choix dans le genre car considéré, à l’époque, comme le maître absolu.
De son côté, Kamel Bouhouala, l’un de ses parents, a affirmé que cet enseignant de zdjel sera de son vivant qualifié de « dictionnaire de cet art », il a appris par cœur plus de 150 zdjels tout en étant un artisan doué dans la cordonnerie.
Quant au cheikh Toumi Siaf Abdelkader, il est l’un des membres de la délégation algérienne qui a participé en 1932 au congrès de la musique arabe au Caire en Egypte, ont rappelé les participants à cette table ronde qui ont mis l’accent sur « le volume important de connaissance qu’il possédait dans ce domaine ». Le cheikh Khodja Bendjeloul se situe, lui, « derrière les prouesses du grand artiste Mohamed-Tahar Fergani ».
Il est alors précisé que cet artiste est, aux côtés de Kaddour Dersouni et Zouaoui Fergani, membre de la troupe musicale constantinoise créée dans les années 1940. Les organisateurs de l’exposition Min el aswat ila nouba (Des voix à la nouba) ont affirmé que cette manifestation permet de mettre en lumière la musique arabe dans toute sa dimension, ses différents cachets et son universalité, s’agissant d’un patrimoine du monde arabe mais aussi de toute l’humanité.