L’expert Khaled Boukhlifa au JI: « Les pays de l’OPEP+ ont décidé d’être proactifs »

Le groupe des pays de l’OPEP+, qui réunit 13 pays membres de l’OPEP et leurs 10 alliés, ont décidé de faire des coupes drastiques dans leur production de brut. L’objectif est de stabiliser le marché, qui a subi, les jours passés, les contrecoups de la crise bancaire. Ces pays ont ainsi décidé d’être proactifs et de ne pas attendre la réunion périodique de l’OPEP+ pour annoncer des coupes de production.
Pourquoi cette décision surprise au moment où les experts ont, à l’unanimité, tablé sur le maintien des niveaux de production décidés au mois d’octobre 2022 ?
Interrogé par le Jeune Independant, l’expert en énergie, estime qu’avec cette décision, les pays producteurs de pétrole qui ont fait le choix d’être proactifs et ne pas attendre la réunion périodique, semblent « avoir répondu à la décision des Américains qui n’avaient pas respecté leur engagement, celui de reconstituer leurs stocks quand le baril allait atteindre les 70 dollars ».
Avec cette décision précoce, ces pays ont aussi coupé court les manœuvres des spéculateurs, rappelant que ce sont les pays producteurs les plus importants qui ont décidé volontairement d’une réduction très importante jusqu’à la fin de l’année, avant la réunion du comité technique (JMMC).
Ces pays ont, en effet, fait le choix de ne pas attendre la réunion de l’OPEP+, où il est nécessaire d’atteindre un consensus. « C’est une première. Depuis 2016, ils ont toujours coordonné dans le cadre des réunions au niveau du comité de suivi du marché pour, ensuite, prendre la décision au niveau ministériel avec le consensus des 13 pays de l’OPEP et leurs alliés », a précisé l’expert en énergie. C’est une décision qui a surpris et contredit le pronostic unanime des experts, lesquels ont exprimé leur certitude de voir l’OPEP+ reconduire l’accord du mois d’octobre 2022, à savoir baisser leur production de 2 millions barils/jour.
« Cette décision a surpris, d’autant plus que ces pays ont eux-mêmes annoncé il y a un mois qu’aucune décision ne doit être prise en dehors de la réunion du mois de juin et qu’ils allaient maintenir les niveaux de réduction de 2 millions barils/jour jusqu’à la fin de l’année 2023 », a précisé l’expert, lequel a souligné les pressions américaines qui voulaient que l’OPEP place des quantités supplémentaires sur le marché.
« C’est une décision à contre-courant des vœux américains », a précisé M. Boukhlifa, signalant les difficultés auxquelles fait face l’économie américaine fragilisée par la guerre en Ukraine mais aussi par la crise bancaire qui a causé la faillite de certaines banques, notamment la Silicon Valley Bank. « Le pays veut plus de pétrole pour essayer de lutter contre l’inflation, d’autant plus qu’ils préparent les élections », a expliqué l’expert en énergie.
Pour ce qui est des prix de l’or noir, qui ont tout de suite réagi et sont repartis à la hausse, M. Boukhlifa a affirmé que cette tendance était prévue il y a quelque mois par les observateurs spécialisés, lesquels ont prédit un baril à 90 dollars. Ces derniers sont cependant revenus sur ce schéma compte tenu des problèmes qui sont survenus, principalement la crise bancaire. Chose qui les a poussés à revoir leur prévision à la baisse.
La tendance haussière va-t-elle durer dans le temps ? Oui, mais à condition qu’aucun élément nouveau ne survienne et perturbe le marché. « On n’est pas à l’abri d’un événement qui puisse tempérer cette tendance haussière des cours », selon l’expert en énergie, qui dit que les pays de l’OPEP sont à la recherche d’un baril à plus de 80 dollars, voire 90 dollars. « Ce prix satisferait largement les pays producteurs de pétrole », a-t-il indiqué, affirmant que les pays producteurs et consommateurs de pétrole ont toujours tenu compte de la stabilité des marchés et celle de l’économie mondiale.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.