L’exode forcé des jeunes Mozabites
Bien que le calme soit après les sanglants affrontements qui ont fait 25 morts et plus de 200 blessés, la situation reste tendue dans les quartiers de la vallée du M’Zab. Plus de 200 jeunes Mozabites ont quitté le domicile parental pour se réfugier chez des proches, amis ou voisins installés dans d’autres villes du pays, selon des sources locales.
En effet, on assiste depuis près d’un an à un phénomène qui semble être un véritable exode pour les jeunes Mozabites. Ces derniers fuient la mort après que leurs voisins ou amis eurent été victimes d’attaques par armes blanches perpétrées par des inconnus.
L’exode des jeunes Mozabites est même devenu une urgence pour les familles qui sont très inquiètes pour la sécurité de leurs enfants. Des familles mozabites ont été contraintes d’évacuer leurs enfants vers d’autres wilayas, afin de leur éviter une mort certaine comme cela a été le cas pour une trentaine de jeunes Mozabites tués depuis l’éclatement du conflit intercommunautaire en décembre 2013. C’est le cas de Khaled. C. âgé de 22 ans.
Ce jeune garçon a été contraint de quitter Ghardaïa suite à une décision de sa famille pour s’installer dans une wilaya de l’ouest du pays, où il demeure avec ses proches depuis sa sortie de prison au début de l’année en cours. En effet, le jeune Khaled avait été interpellé voilà plus d’un an par la police.
Il a été accusé d’être derrière les troubles qui ont secoué la ville de Ghardaïa au début de l’année 2014. Relâché en janvier de cette année ce jeune commerçant mozabite, l’aîné de quatre frères et sœurs, a été transféré par sa famille vers l’ouest du pays pour éviter les représailles des groupes armés, comme cela a été le cas pour 44 personnes tuées depuis le début de la vague des règlements de compte entre les deux communautés.
Nous avons rencontré le jeune Khaled en 2014 avant son arrestation par les policiers. Il a vu, à cette époque, plusieurs de ses amis tués par armes blanches. De même pour un autre jeune voisin de Khaled, Mustapha qui, lui aussi, a quitté Ghardaïa pour épargner sa vie devant l’ampleur de l’insécurité qui régnait dans les quartiers de la ville, et ce malgré une présence musclée et confiante des forces de sécurité.
Mustapha, a peine âgé de 23 ans, s’est installé chez un proche à Alger. Aujourd’hui, ils sont plus de 200 jeunes Mozabites à avoir emboîté le pas à Khaled et Mustapha.
Ils ont choisi la paix tout en épargnant leur vie devant la cascade des actes de vengeance ayant causé la mort de plusieurs dizaines de personnes durant ces trois dernières années. Par la même de nombreux citoyens des autres wilayas du pays qui étaient installés dans la vallée du M’zab ont été contraint de quitter la ville dont certains qui avaient des commerces ont dû fermer boutique.
Des propriétaires de restaurants qui avaient pour clientèle les touristes ont transféré, avec beaucoup d’amertume, leur business vers Alger ou d’autres villes. « J’avais une clientèle abondante à Ghardaia. Mais depuis le déclenchement de la violence, j’ai dû quitter ainsi que ma fille et mon gendre qui travaillaient dans une banque’’, témoigne la gérante du restaurant « le palmier « qui a rouvert sur la route Ouled Fayet-Baba Hassen mais sans connaitre la foule d’antan.